Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

DOI Artikel:
Rioux-Maillou, Pedro: La Vénus de Milo
DOI Artikel:
Gindriez, Charles: Les Fouilles du Mont Beuvray, [1]: l'art de l'émaillerie chez les Gaulois
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0085

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES FOUILLES DU MONT BEUVRAY.

69

« Mais la plus haute acception symbolique d'Aphrodite,
comme le dit M. Louis Me'nard, est celle qui répond à ce que
les modernes appellent l'attraction universelle. La grande loi
qui soumet tous les êtres, la victorieuse, qui triomphe par la
puissance irrésistible de la beauté, se présente avec le caractère
d'une héroïne, et quelquefois avec des attributs guerriers ; fière,
à demi nue et laissant tomber ses derniers voiles, le pied posé
sur un rocher ou sur une sphère en signe de sa domination uni-
verselle; souvent elle tient à la main la pomme d'Eris, emblème
du monde, selon le philosophe Salluste. » Ne reconnaissons-
nous pas dans cette description le caractère de la Vénus de Milo.
complètement analysé ?

On voit que nous avions raison de dire en commençant que
les différents critiques qui s'étaient occupés de la question rela-
tive à une restauration scientifique de la Vénus de Milo avaient
donné, chacun de leur côté, les arguments les plus spécieux. Les

preuves positives abondent, malheureusement elles sont contra-
dictoires, et la seule qui paraisse devoir contenir en elle une
solution définitive, l'inscription tracée sur la plinthe de la sta-
tue, n'existe plus, ou, ce qui revient au même pour le moment,
est introuvable.

Des statues très-nombreuses, des médailles, des pierres gra-
vées nous offrent le type de la Vénus de Milo, tantôt groupée,
tantôt isolée et avec des attributs différents. Tous les systèmes
de restauration peuvent donc s'appuyer sur des autorités égale-
ment respectables.

Notre conclusion est, qu'en l'absence de nouveaux docu-
ments positifs, il serait bien téméraire de se prononcer, et que
c'est ici le cas

D'imiter de Conrart le silence prudent.

Pedro Rioux-Maili.ou.

LES FOUILLES DU

l'art de l'émaillerie

Le mont Beuvray se détache de la chaîne du Morvan, sur
la lisière du bassin de la Seine, à égale distance de la Loire et de
la Saône, à 25 kilomètres d'Autun. On le reconnaît facilement
à la cassure caractéristique de sa cime (Bifïractum, Beuvray,
Bibracte). à une espèce d'isolement hautain, à un certain air de
royauté sur les montagnes voisines qui domine les yeux, pour-
suit l'esprit, et qui s'impose. Les élégants amphibies de Saint-
Honoré-les-Bains font volontiers de cette promenade une de
leurs excursions favorites; ces caravanes aquatiques, quelques
curieux et quelques chèvres, troublent seuls le recueillement des
hêtres séculaires, des pierres enchantées, des sources magiques,
le silence profond et solennel de la vieille forêt druidique. On
ne tient à la terre que du bout du pied sur ce sommet solitaire.
Les rêveurs peuvent y monter et tirer l'échelle. Le présent dis-
paraît et le monde s'abîme dans cette réalité grandissante du
passé, devant l'éternelle jeunesse d'une nature vierge où flotte
l'air des temps évanouis.

C'est dans cette solitude, à 800 mètres d'élévation, que l'ho-
norable président de la Société éduenne, M. Bullot, a ressuscité
une ville enfouie depuis dix-neuf cents ans. De grosses batailles
archéologiques se sont livrées autour de ces fouilles, au sujet de
remplacement de Bibracte, l'oppidum gaulois des Commentaires.
La tradition le plaçait à Autun, M. Bullot le revendiquait pour
le Beuvray. Attaqué à coups de textes, il se défendit à coups de
pioche, déterra la ville, les maisons, la triple enceinte et gagna
la bataille. Les guides récents attestent cette victoire; les histo-
riens la confirment; Napoléon III lui-même, dans la Vie de
César; fut un des premiers à la consacrer ; mais que de peines et
que de luttes ! La rectification douze fois ordonnée fut, dit-on,
douze fois effacée avant d'être définitivement adoptée. Est-ce
donc vrai ce qu'on dit que les abords de la science sont gardés
par des cerbères aboyants qu'il faut apaiser autrement que par
des caresses? L'honorable archéologue a été un peu obligé de
défoncer une barrière qui devait s'ouvrir d'elle-même ; puis, lui
aussi, est allé rejoindre les savants d'au delà. On croirait diffici-
lement que ce monde de la science d'une surface en apparence
si tranquille recèle en son sein de pareilles tempêtes et des pro-
fondeurs si irritables ; j'ai toujours soupçonné les savants d'être
des guerriers en demi-solde : aussitôt qu'on irrite la sagesse, elle
reprend sa lance et son casque et redevient Minerve.

MONT BEUVRAY

chez les gaulois 1

Ces combats, s'ils ont leurs tristesses, ont aussi leur moralité.
Cet acharnement même est la sécurité de l'histoire, et nous
voici revenus avec M. Bullot pour guide, à la ville gauloise de
Bibracte, sur la cime du mont Beuvray. Il est certain que la
ville fut abandonnée à la suite d'un incendie dont la date coïn-
cide d'une façon expressive avec les origines de la ville d'Auguste,
Augustodunum, Autun. Dans ces forteresses de montagnes si
difficiles à surveiller et si dures à réduire, parmi les souvenirs et
sous les cendres d'une liberté toujours vivace, couvaient d'éter-
nels foyers de révolte. C'est autant par politique que par stra-
tégie que les Romains bâtirent partout des villes dans les plaines
voisines de ces forteresses escarpées. Ces cités nouvelles en
étant mieux dans leurs mains avaient encore l'avantage de déra-
ciner le passé. Mais leur proximité, leur luxe, tous ces avantages
de civilisation et toutes ces tentations de servitude devaient plu-
tôt éloigner des barbares si fiers et toujours frémissants. Com-
ment les vainqueurs les y amenèrent-ils? D'autre part, nous
savons que quelques années après la conquête, deux légions suf-
fisaient à contenir les Gaules; comment y réussissaient-elles? Ces
faits s'expliquent d'eux-mêmes quand on lit cette histoire aux
lueurs sanglantes de l'incendie du mont Beuvray.

Mon but n'est pas de parler des renseignements précieux
que ces fouilles ont apportés sur la politique des Romains et
sur l'ensemble de la vie, des habitudes et des mœurs des Gau-
lois ; je ne les prendrai que dans un de leurs résultats les plus
imprévus, je veux dire la clarté soudaine qu'elles ont jetée sur
l'art celtique et sur les textes anciens, si obscurs jusqu'ici, qui y
faisaient allusion. Pline parle du placage d'or et d'argent qu'em-
ployaient les populations celtiques pour le harnachement de
leurs chevaux (equorum maxime ornamentis). Philostrate, rhéteur
grec arrivé à Rome au commencement du m0 siècle de l'ère
chrétienne, raconte « qu'il se faisait traîner sur un char attelé
de deux chevaux aux freins d'argent et garnis d'ornements celti-
ques et phrygiens2 ». Ainsi nous savons qu'il y avait un art
celtique; nous avons même quelque idée de sa valeur, puisque
dans l'intervalle de deux siècles, de Pline à Philostrate, il sut
résister aux caprices de la mode et s'imposer à l'élégance romaine.
Mais quel était cet art? Surtout quelles étaient ces couleurs,
qu'au dire de Philostrate les barbares de l'Océan répandaient
sur l'airain ardent? « Elles y adhèrent, dit-il, se pétrifient et

1. L'Art de l'Émaillerie che^ les Eduens avant l'ère chrétienne, par J. G. Bullot et Henri de Fontenay. — Paris, Honoré Champion, 1S75.

2. Vie des sophistes, i-xxv.
 
Annotationen