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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Véron, Eugène: Histoire de la Société des Amis des Art de Bordeaux
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L' Exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0308

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HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE BORDEAUX. 275

au musée, et dès 1856, le maire de Bordeaux constatait l'effica-
cité de son action dans un rapport au conseil municipal : « Le
goût des arts existait, dit-il, à Bordeaux avant la Société des
Amis des Arts, mais il existait, si on peut le dire, à l'état latent.
Cette Société l'a mis en lumière et l'a révélé à ceux mêmes qui
en étaient possédés et qui paraissaient l'ignorer. C'est là un bien-
fait pour lequel elle a droit à la reconnaissance de tous... Les
expositions si remarquables qu'a su fonder la Société des Amis
des Arts ont rendu libre la manifestation de ce goût inné chez
la plupart de nos concitoyens ; elles ont doublé la valeur morale
de notre musée...» Elles ont surtout contribué au développement
du goût artistique en donnant au luxe une forme nouvelle. En
introduisant par la loterie annuelle des tableaux chez des per-
sonnes qui n'auraient jamais eu l'idée d'en aller chercher chez
les marchands, elle leur a imposé l'obligation d'en acheter

Sociétés des Arts ont contribué pour une part à lui donner nais-
sance, et par là ont créé pour la France une source de richesse
qu'on ne soupçonnait guère auparavant.

Ce côté de la question des expositions départementales n'est
certainement pas sans importance, et l'on peut affirmer que, sans
l'usage introduit par elles de consacrer la plus grande partie de
leurs ressources à l'achat de lots, la production artistique n'aurait
jamais pris le développement prodigieux que nous voyons croître
d'année en année.

Je sais bien qu'on pourra me dire que ce développement est
plutôt un mal qu'un bien. Je me bornerai, n'ayant pas ici
l'espace nécessaire pour discuter, de répondre que je n'en crois
rien.

En tous cas, si c'était un mal, la Société des Amis des Arts
de Bordeaux aurait de graves reproches à s'adresser, car, dans ses

d'autres, pour compléter la vingt-cinq ans d'existence elle

décoration de leur salon, elle i^l^^fc. n a 8u<->rc ^alt acheter moins

les a habitués à s'occuper des >^rJ^3HjL de deux mille tableaux,

choses d'art, et beaucoup qui ^yÊW^L ^e aom^re des collections

n'y avaient jamais songé ne fÊÈk particulières est très-considé-

pourraient plus aujourd'hui ^'w'^ÊÊ rable à Bordeaux ; et il est

s'en passer. En un mot elle a • 40fdfâÊÊ bien probable que la plupart

créé des habitudes nouvelles, ^Ê^^Smbk. Se rattac^ent plus ou moins

qui ne périront plus, parce â&ï*$ËÈÈBrF^ directement aux expositions de

qu'aux uns le goût de l'art // l\ la Société des Amis des Arts,

procure des jouissances aux- ^^^^^^ i '"'^ ' ~^^Wmk Celle de M. John Saulnier est

quelles on ne renonce pas ^^t^^vfS^^Sl^^^^^ ' '"'fe«c"-^/^t% célèbre, et elle contient en

volontiers, une fois qu'on les ^^^^^^WsÊBr' f' 'f'*^(&?Êk effet des pièces admirables, des

a goûtées, et que les autres /NP$ ^WwSuSmf U^ÎF^®Spfl Rousseau, des Delacroix, des

n'ont pas tardé à s'apercevoir fk^^Ét^ÊÊSl W^'^'^ÊÊs^im Diaz, des Corot, des Daubigny,

que, à défaut de jouissance 'a^l^F y^^p.""^l^L des Tassaert, des Vollon, etc.,

artistique, l'achat de bons ta- .. pEgPw W ^fA*îl!*7|^^% **e premier choix. M. le doc-

bleaux est une dépense qui f f TO j j fi _„_.. ^Ajs^ÈJr teur Azam possède environ

Les amateurs qui, il y a trente ' k''^^^*^^^^^i^*'^^i^^^^sVf^^^p^^^^^^f^^^^ '" landais pour la plupart, dont

ans, achetaient pour trois ou " •• • ^'^.'^■f^^^^- "' plusieurs sont très - belles,

quatre cents francs des tableaux Souvenir d'avril. M. Leroi a aussi chez lui

de Delacroix, de Rousseau, de Dessin de E. Vallet d'après son tableau. (Salon de Bordeaux.) quelques bons tableaux de

Troyon, de Millet, de Corot, Daubigny, de Jacque, de Yon.

ont, aujourd'hui, outre la joie de posséder de belles oeuvres,
la consolation de se pouvoir dire qu'ils les revendront quand
ils voudront avec cent pour cent de bénéfice. Il n'y a pas
beaucoup de placements supérieurs à celui-là. Pourquoi telle
œuvre contemporaine, que l'on peut avoir en payant une sous-
cription de 25 francs, n'acquerrait-elle pas dans l'avenir une plus-
value équivalente ? Une dépense qui risque fort d'être un gain,
une forme de luxe où la jouissance immédiate se complique de
plusieurs chances de bénéfice prochain, n'est-ce pas de quoi expli-
quer, en dehors même d'un véritable amour pour l'art, l'explo-
sion de dilettantisme auquel nous assistons depuis moins de
vingt années? Il y a là un phénomène économique dont nous
n'avons pas à nous occuper ; mais il est certain que les

d'Appian, de Cock, de Brillouin, de Luminais, de James
Bertrand, de Goupil, de Pasini, de Pelouse, etc. Ces trois
collections sont les seules que j'ai pu visiter, mais, outre leur
mérite spécial, elles ont ce caractère qu'elles représentem
trois époques bien distinctes, les Hollandais chez M. Azam.
la génération française de 1830 chez M. John Saulnier, et la
peinture contemporaine chez M. Leroi. Pour donner une idée
de ce qu'il y a de richesses artistiques accumulées à Bordeaux il
faudrait ajouter aux noms que j'ai cités un nombre infini d'autres.
Nous y viendrons plus tard, si les amateurs de Bordeaux veulent
bien nous permettre dans quelques mois, après l'Exposition
universelle, de passer en revue leurs trésors.

Eugène Véron.

L'EXPOSITION DE BORDEAUX

Nos expositions annuelles se succèdent et se ressemblent.
Composées d'éléments puisés aux mêmes sources, elles con-
servent à peu près la même importance et le même caractère.
Le nombre des toiles exposées cette année n'est pas sensiblement
inférieur à celui de l'année dernière ; mais comme elles sont de
plus petite dimension, il en résulte qu'on ne voit point de
tableaux placés à terre, et que la disposition générale est plus
satisfaisante. Nous remarquons aussi que les ouvrages absolu-
ment faibles sont rares, ce qui maintient le Salon actuel à un
niveau tres-honorable.

L'administration des beaux-arts nous a envoyé deux toiles
pour lesquelles nous n'éprouvons qu'une admiration modérée :
la Vierge à l'hostie, d'Ingres, et le tableau d'Ary Scheffer, Sainte
Monique et Saint Augustin. La Chasse aux lions de Delacroix
les écrase.

Je ne veux pas m'arrèter à des discussions qui sortiraient du
cadre de ce compte rendu qui doit être uniquement consacré aux
œuvres des artistes bordelais. Un mot seulement pour signaler
les toiles les plus remarquables des artistes étrangers et je viens
à mon sujet.
 
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