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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Véron, Eugène: De l'évolution du sens des couleurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0069

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Frise composée et gravée par Le Prieur.

DE L'ÉVOLUTION DU SENS DES COULEURS

Histoire de l'évolution du sens des couleurs, par M. Hugo Magnus, professeur d'ophthalmologie à l'Université de Breslau,

avec une introduction par Jules Soury1.

e petit livre est certainement un des
plus curieux et des plus inattendus
qui aient été publiés depuis longtemps.
En voici la conclusion telle que l'au-
teur la formule lui-même dans les
trois lois suivantes :

« I. — Dans l'histoire de l'évolution
de l'homme, il y a une période durant
laquelle le sens de la lumière existe
seul, le sens des couleurs faisant encore complètement défaut.

« II. — Le sens des couleurs est sorti, h l'origine, par voie
de développement, du sens de la lumière : l'excitation incessante
des éléments sensibles de la rétine, sous l'influence de la lumière,
a peu à peu augmenté et perfectionné l'aptitude fonctionnelle de
cette membrane, si bien qu'elle en est arrivée à distinguer et à
sentir, dans les rayons lumineux, non plus seulement leur inten-
sité, mais aussi leur couleur.

« III. — Le temps, dont les différentes couleurs ont eu besoin
pour affecter la rétine, en tant qu'impressions spécifiques, est en
raison inverse de la quantité de force vive qu'elles possèdent. En
d'autres termes, plus la quantité de force vive d'une couleur est
grande, plus tôt cette couleur est arrivée à être sentie par la
rétine ; plus elle est petite, plus la rétine a mis du temps à la
distinguer et à la sentir. Il a donc fallu moins de temps aux
couleurs d'une forte intensité lumineuse, et plus de temps à
celles d'une intensité moindre, pour afïecter la rétine et faire
naître en elle une sensation d'une nature spéciale. >

Le volume est consacré h la démonstration directe de ces
trois lois. On sait que les diverses couleurs sont produites par les
différences dans le nombre et dans la durée des vibrations des
ondes lumineuses, comme les sons par celles du nombre et de
la durée des vibrations des ondes sonores.

Voici le tableau des longueurs d'ondes des couleurs exprimées
en cent millièmes de millimètres, avec les principaux nombres

correspondants de vibrations comptées par billions en une
seconde.

Rouge extrême. ..........7,617 »

Rouge..............6,878 450

Limite du rouge et de l'orangé. . . 6,564 472

Jaune d'or............5,888 526

Vert...............5)26o 589

Bleu cyanique..........4-s-P ('V>

Limite de l'indigo et du violet. . . 4,291 722
Limite du violet.........',929 790

!3,824
j ,741 »
3,108 »
L'intensité lumineuse dépend de la longueur des ondes et
l'intensité chromatique du nombre des vibrations. On conçoit
que l'œil, comme l'oreille, ait besoin d'un développement plus
considérable pour saisir et distinguer les "ondes courtes et à
vibrations nombreuses que celles qui sont longues et dont les
vibrations sont moins rapides. C'est ce qui a lieu en effet. Il est
prouvé, par les textes anciens, que les hommes ont commencé
par percevoir le rouge et le jaune. Le vert n'est venu qu'après,
le bleu plus tard encore ; le violet est presque moderne, et l'ultra-
violet nous échappe encore.

Nous n'avons pas à entrer dans l'examen des preuves allé-
guées par l'auteur. Nous ne pouvons que renvoyer à son livre,
qui nous paraît ne laisser place à aucun doute. Le lecteur y
trouvera une accumulation de citations qui sont irréfutables,
quelque étonnement qu'elles puissent causer. Il est certain que
les Védas distinguent à peine le blanc du rouge, que dans les
chants homériques, le ciel est, non pas bleu, mais noir, et que
la verdure des arbres et des plantes leur est inconnue, ils ne
voient dans l'arc-en-ciel que du rouge. Xénophon n'y découvre
plus tard que trois couleurs, pourpre, rouge et jaune-vert.
Pour Aristote, l'arc-en-ciel est encore tricolore.

1. Un volume in-12 de lv-130 pages. Paris, C. Reinwald, éditeur, 15, rue des Saints-Pères, 187S.
Tome XVI.

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