Vases décoratifs. Composition et gravure de Stefano della Bell a.
LA « SOCIETY OF DECORATIVE ART » DE NEW-YORK
'Art a déjà fait connaître à ses lecteurs l'origine,
le but, le programme et les méthodes de la
Société' des arts décoratifs de New-York1. Bien
qu'elle n'ait pas deux années d'existence , la
prospérité de cette Société a pris un dévelop-
pement qui passe les espérances de ses fondateurs
et de ses amis. La société mère exerce dans le pays une influence
qui se manifeste surtout dans les grandes villes où d'importantes
succursales ont été établies. Il y a maintenant neuf sociétés
auxiliaires installées à Boston, Hartford, Baltimore, Charleston,
Saint-Louis, Chicago, Détroit, Saratoga et Ithaca. Chacune de
ces sociétés a des cours d'art industriel qui donnent dès à
présent les résultats les plus féconds. Nombre d'élèves qui dès
leur admission avaient montré des dispositions naturelles ont
fait des progrès d'autant plus rapides dans leurs études res-
pectives.
A Hartford, Saint-Louis et Chicago le dessin et la composi-
tion sont enseignés avec beaucoup de soin. Des élèves diplômées
de l'école de New-York ont été envoyées dans ces.trois villes, —
et dans d'autres où les sociétés auxiliaires ne fonctionnent pas
encore — pour y enseigner les travaux d'aiguille. Les rapports
des différentes écoles, précisément sur les travaux d'aiguille,
offrent un intérêt tout particulier. Il n'est pas de meilleure preuve
des bons résultats de l'instruction donnée que les progrès qui se
révèlent sous le rapport de la couleur, des applications du dessin,
de l'invention, et en résumé de tout ce qui est art au point de
vue soit de la conception soit de l'exécution. Les sociétés auxi-
liaires bâtissent les unes après les autres des écoles d'ouvrages à
l'aiguille, et les élèves naturellement bien douées y trouvent les
moyens de cultiver et de développer leur goût instinctif. Notez
que ces élèves ignorent pour la plupart les traditions de style et
de pratique des industries de l'Europe et de l'Orient, et que leurs
ouvrages laissent poindre des indices d'une originalité intéres-
sante qui, avec le temps, deviendra peut-être une valeur sur les
marchés des deux mondes.
Conséquence naturelle, l'enseignement des ouvrages à
l'aiguille est à peine introduit qu'aussitôt se produisent des
demandes pour qu'on enseigne le dessin, dont les élèves n'ont
pas tardé à reconnaître l'importance. Hartford, Chicago et Saint-
Louis ont été les premiers à combler cette lacune, et il est pro-
bable que petit à petit les autres succursales suivront cet exemple.
Il arrive que certaines succursales élargissent le programme
primitif. Tel est le cas de Boston et de Philadelphie où des cours
ont été établis en connexité avec le Musée et l'Ecole d'art indus-
triel. A Ithaque on enseigne le dessin, l'aquarelle, la peinture
sur verre, sur porcelaine et sur faïence, la peinture à l'huile et
les travaux d'aiguille. La société d'Hartford a institué avec
succès une classe d'esquisses d'après nature en été. Grâce à
l'obligeance du général Mac Clellan, gouverneur de New-Jersey,
la société de New-York a été mise en rapport avec la faïencerie
de Trenton, et sa classe aura toutes les facilités nécessaires pour
s'essayer à la décoration dès qu'elle sera en état d'entreprendre
pareil essai. Les directeurs de la faïencerie offrent immédiate-
ment des emplois aux élèves capables de voler de leurs propres
ailes.
Ce qui fait l'intérêt des opérations de la Société, c'est cette
rapide extension de son influence et de ses exemples sur ses
succursales, qui placées dans de grands centres commerciaux, et
agissant de concert avec la société mère, occupent un vaste
champ d'activité. Introduction d'industries nouvelles, utilisation
des aptitudes d'un grand nombre de personnes qui apprennent
un métier dont elles sont à même de tirer parti, tels sont les
avantages que j'avais fait ressortir dans mon premier article, et
ces avantages qui n'étaient que des espérances sont dès à présent
des faits acquis. En outre l'influence de la Société sur le goût
public est incontestable.
Une exposition d'œuvres et objets d'art prêtés parles amateurs
et collectionneurs (Loan Exhibition) a été organisée il y a quel-
que temps sous les auspices et au profit de la Société des arts
décoratifs. Elle offrait un intérêt artistique exceptionnel, aussi
a-t-elle obtenu un grand succès. Aucun des objets qui s'y trou-
vaient réunis n'avait paru à l'exposition précédente. C'est une
chose remarquable que ce pays qui date d'hier, pour ainsi dire,
renferme tant d'objets précieux et rares, tant de richesses artisti-
ques et de curiosités historiques.
Voici les noms des principaux peintres étrangers qui étaient
représentés à l'exposition : MM. Gérôme, Alma-Tadema, Firmin
Girard, Bouguereau, Edouard Détaille, L. Émile Adan, E. Richter
Hector Leroux, Ad. Schreyer, Vibert, André Achenbach, Charles
Jacque, Jules Breton, Ziem, Van Marcke, Berne-Bellecour.
N'oublions ni Jean-François Millet, ni Fortuny représenté par
deux tableaux dont un portrait de dame espagnole, le seul por-
rait qu'il ait peint, au dire du catalogue.
Parmi les 94 tableaux prêtés par des amis de la Société, il
1. Voir l'Art, 40 année, tome.I", page 83.
LA « SOCIETY OF DECORATIVE ART » DE NEW-YORK
'Art a déjà fait connaître à ses lecteurs l'origine,
le but, le programme et les méthodes de la
Société' des arts décoratifs de New-York1. Bien
qu'elle n'ait pas deux années d'existence , la
prospérité de cette Société a pris un dévelop-
pement qui passe les espérances de ses fondateurs
et de ses amis. La société mère exerce dans le pays une influence
qui se manifeste surtout dans les grandes villes où d'importantes
succursales ont été établies. Il y a maintenant neuf sociétés
auxiliaires installées à Boston, Hartford, Baltimore, Charleston,
Saint-Louis, Chicago, Détroit, Saratoga et Ithaca. Chacune de
ces sociétés a des cours d'art industriel qui donnent dès à
présent les résultats les plus féconds. Nombre d'élèves qui dès
leur admission avaient montré des dispositions naturelles ont
fait des progrès d'autant plus rapides dans leurs études res-
pectives.
A Hartford, Saint-Louis et Chicago le dessin et la composi-
tion sont enseignés avec beaucoup de soin. Des élèves diplômées
de l'école de New-York ont été envoyées dans ces.trois villes, —
et dans d'autres où les sociétés auxiliaires ne fonctionnent pas
encore — pour y enseigner les travaux d'aiguille. Les rapports
des différentes écoles, précisément sur les travaux d'aiguille,
offrent un intérêt tout particulier. Il n'est pas de meilleure preuve
des bons résultats de l'instruction donnée que les progrès qui se
révèlent sous le rapport de la couleur, des applications du dessin,
de l'invention, et en résumé de tout ce qui est art au point de
vue soit de la conception soit de l'exécution. Les sociétés auxi-
liaires bâtissent les unes après les autres des écoles d'ouvrages à
l'aiguille, et les élèves naturellement bien douées y trouvent les
moyens de cultiver et de développer leur goût instinctif. Notez
que ces élèves ignorent pour la plupart les traditions de style et
de pratique des industries de l'Europe et de l'Orient, et que leurs
ouvrages laissent poindre des indices d'une originalité intéres-
sante qui, avec le temps, deviendra peut-être une valeur sur les
marchés des deux mondes.
Conséquence naturelle, l'enseignement des ouvrages à
l'aiguille est à peine introduit qu'aussitôt se produisent des
demandes pour qu'on enseigne le dessin, dont les élèves n'ont
pas tardé à reconnaître l'importance. Hartford, Chicago et Saint-
Louis ont été les premiers à combler cette lacune, et il est pro-
bable que petit à petit les autres succursales suivront cet exemple.
Il arrive que certaines succursales élargissent le programme
primitif. Tel est le cas de Boston et de Philadelphie où des cours
ont été établis en connexité avec le Musée et l'Ecole d'art indus-
triel. A Ithaque on enseigne le dessin, l'aquarelle, la peinture
sur verre, sur porcelaine et sur faïence, la peinture à l'huile et
les travaux d'aiguille. La société d'Hartford a institué avec
succès une classe d'esquisses d'après nature en été. Grâce à
l'obligeance du général Mac Clellan, gouverneur de New-Jersey,
la société de New-York a été mise en rapport avec la faïencerie
de Trenton, et sa classe aura toutes les facilités nécessaires pour
s'essayer à la décoration dès qu'elle sera en état d'entreprendre
pareil essai. Les directeurs de la faïencerie offrent immédiate-
ment des emplois aux élèves capables de voler de leurs propres
ailes.
Ce qui fait l'intérêt des opérations de la Société, c'est cette
rapide extension de son influence et de ses exemples sur ses
succursales, qui placées dans de grands centres commerciaux, et
agissant de concert avec la société mère, occupent un vaste
champ d'activité. Introduction d'industries nouvelles, utilisation
des aptitudes d'un grand nombre de personnes qui apprennent
un métier dont elles sont à même de tirer parti, tels sont les
avantages que j'avais fait ressortir dans mon premier article, et
ces avantages qui n'étaient que des espérances sont dès à présent
des faits acquis. En outre l'influence de la Société sur le goût
public est incontestable.
Une exposition d'œuvres et objets d'art prêtés parles amateurs
et collectionneurs (Loan Exhibition) a été organisée il y a quel-
que temps sous les auspices et au profit de la Société des arts
décoratifs. Elle offrait un intérêt artistique exceptionnel, aussi
a-t-elle obtenu un grand succès. Aucun des objets qui s'y trou-
vaient réunis n'avait paru à l'exposition précédente. C'est une
chose remarquable que ce pays qui date d'hier, pour ainsi dire,
renferme tant d'objets précieux et rares, tant de richesses artisti-
ques et de curiosités historiques.
Voici les noms des principaux peintres étrangers qui étaient
représentés à l'exposition : MM. Gérôme, Alma-Tadema, Firmin
Girard, Bouguereau, Edouard Détaille, L. Émile Adan, E. Richter
Hector Leroux, Ad. Schreyer, Vibert, André Achenbach, Charles
Jacque, Jules Breton, Ziem, Van Marcke, Berne-Bellecour.
N'oublions ni Jean-François Millet, ni Fortuny représenté par
deux tableaux dont un portrait de dame espagnole, le seul por-
rait qu'il ait peint, au dire du catalogue.
Parmi les 94 tableaux prêtés par des amis de la Société, il
1. Voir l'Art, 40 année, tome.I", page 83.