CHRONIQUE
THÉÂTRALE.
arts; il est chargé spécialement de l'inspection des écoles d'art,
musées, monuments, etc., de l'Algérie.
Musée des arts décoratifs. — M. Edouard André, M. le
duc de Sabran, M. le marquis de Chennevières et M. Antonin
Proust viennent d'être nommés membres du comité directeur du
Musée des arts décoratifs. Ces nominations complètent le comité
qui a eu le regret de perdre trois de ses membres, MM. Sensier,
Jules de Saux et Duc. La quatrième place vacante était celle de
M. le marquis du Lau, démissionnaire.
Voici en quels termes M. Antonin Proust a accepté de faire
partie du comité :
« Paris, le 6 mars 1879.
« Monsieur,
« Je vous remercie, vous et vos amis, de la pensée que vous
avez eue de m'associer à la direction du Musée des arts décora-
tifs. L'œuvre que vous patronnez est excellente et je serai très-
heureux de pouvoir contribuer à son succès.
« Mais je crains qu'en faisant appel à la seule initiative privée
dans un pays aussi épris de la protection de l'État que le nôtre,
vous n'apportiez point au mal que vous signalez le remède que
ce mal réclame.
« Il ne suffit pas, en effet, que les départements, les villes,
les chambres de commerce, les syndicats d'arts et métiers ou les
sociétés particulières s'imposent des sacrifices pour relever nos
industries d'art ; il faut encore que l'État leur vienne en aide et
qu'il donne une impulsion énergique à l'enseignement des prin-
cipes généraux du dessin, qui est en cette matière la base de
tout progrès sérieux.
« De louables efforts ont été faits dans ce sens par le gou-
vernement actuel et les gouvernements qui l'ont précédé, mais
ces efforts sont insuffisants pour seconder utilement les disposi-
tions particulièrement favorables que la France doit à son génie
propre et à l'ensemble de ses traditions laborieuses.
« J'ai l'intention de déposer prochainement sur le bureau de
la Chambre un projet de loi qui nous permettra, je l'espère, de
donner à nos institutions d'enseignement artistique, et notam-
ment à celles qui intéressent nos ouvriers d'art, cette unité de
direction à laquelle les nations étrangères doivent les rapides
progrès dont nous avons pu constater les résultats à l'Exposition
de 1878.
« En attendant, je me mets, monsieur, entièrement a votre
disposition et vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments
distingués.
« Antonin Proust. »
Cette lettre est adressée à M. Georges Berger. Inutile d'ajou-
ter que nous faisons les vœux les plus sincères pour que les idées
si bien exposées par l'honorable rapporteur du budget des
beaux-arts soient réalisées aussi promptement et aussi largement
que possible.
— Le Progrès de l'Est annonce que M. Burnouf a quitté la
France pour prendre le chemin de la Troade, où il va pratiquer
des fouilles, de concert avec le docteur Schliemann.
LE SALON DE PARIS, 1879
NOUVEAU RÈGLEMENT 1
Parmi les innovations introduites dans le règlement de
l'exposition annuelle des beaux-arts, nous avons omis de signaler
l'article 33 qui est ainsi conçu :
« Art. 3?. — L'exposition sera ouverte tous les jours de la
semaine, de huit heures du matin à six heures du soir, sauf le
lundi, jour où les portes n'ouvriront qu'à midi.
« L'entrée sera gratuite le jeudi à partir de midi, et le
dimanche à partir de dix heures.
« Les autres jours, le droit d'entrée sera de 2 fr. jusqu'à midi,
et 1 fr. dans la journée. »
• Jusqu'ici l'exposition était ouverte, les jours ordinaires, de
dix à six heures ; et les porteurs de cartes personnelles d'entrée
gratuite étaient seuls admis au Salon de huit à dix heures.
La nouvelle disposition est assez généralement critiquée.
Ajoutons que M. Turquet se propose de réduire notablement les
cartes d'entrée gratuite. Il estime qu'il y a là des abus, et il espère
en diminuant le nombre des entrées gratuites augmenter d'autant
les entrées payantes, et trouver dans cet accroissement problé-
matique de recettes un supplément de ressources à affecter aux
acquisitions d'oeuvres d'art. Nous craignons tort que l'honorable
sous-secrétaire d'État ne se fasse de singulières illusions à cet
égard.
Il en est des expositions d'œuvres d'art comme des repré-
sentations théâtrales. L'abus des entrées n'est pas à craindre.
C'est un moyen de propagande et de publicité qui rapporte plus
qu'il ne coûte. Parions que les quarante sous de l'article 33, com-
binés avec la restriction des entrées, ne donneront pas de quoi
acheter un bon tableau de plus.
CHRONIQUE THEATRALE
La seconde circulaire de M. Turquet. — Elle est adressée
aux directeurs de théâtres. Nous l'avons annoncée dernièrement
(voir page 252) en nous réservant d'y revenir, mais pour la pu-
blier, non pas, car nous serions bientôt débordés si nous nous
avisions de reproduire tous les documents administratifs à l'aide
desquels on se flatte en haut lieu de régénérer les beaux-arts.
Bornons-nous donc à un résumé.
L'honorable sous-secrétaire d'État commence par l'aire
savoir aux directeurs des scènes parisiennes que l'inspection des
théâtres a été réorganisée comme suit par arrêté ministériel du
15 février :
Sont nommés inspecteurs MM. de Forges, Régnier, Paul
Bourdon et Liévin.
Puis il leur rappelle « les principales dispositions réglemen-
taires auxquelles les théâtres de Paris sont soumis dans leurs
rapports avec l'administration par les lois, décrets et arrêtés qui
régissent la matière ». Donc, rien de nouveau dans cette circu-
laire. C'est du vieux-neuf, pour rappel. La plupart des disposi-
tions réglementaires invoquées par M. Turquet n'en sont pas
moins puériles, et peut-être eût-il mieux valu les laisser dans la
désuétude où elles sont tombées par la force des choses. La
plus étrange de toutes est celle-ci :
« Pour obtenir l'autorisation défaire représenter un ouvrage
dramatique ancien et nouveau, vous devrez déposer au bureau
des théâtres, 3, rue de Valois (Palais-Royal), quinze jours
au moins avant la représentation projetée, deux exemplaires
1. Voir l'Art, y année, tome page 251.
THÉÂTRALE.
arts; il est chargé spécialement de l'inspection des écoles d'art,
musées, monuments, etc., de l'Algérie.
Musée des arts décoratifs. — M. Edouard André, M. le
duc de Sabran, M. le marquis de Chennevières et M. Antonin
Proust viennent d'être nommés membres du comité directeur du
Musée des arts décoratifs. Ces nominations complètent le comité
qui a eu le regret de perdre trois de ses membres, MM. Sensier,
Jules de Saux et Duc. La quatrième place vacante était celle de
M. le marquis du Lau, démissionnaire.
Voici en quels termes M. Antonin Proust a accepté de faire
partie du comité :
« Paris, le 6 mars 1879.
« Monsieur,
« Je vous remercie, vous et vos amis, de la pensée que vous
avez eue de m'associer à la direction du Musée des arts décora-
tifs. L'œuvre que vous patronnez est excellente et je serai très-
heureux de pouvoir contribuer à son succès.
« Mais je crains qu'en faisant appel à la seule initiative privée
dans un pays aussi épris de la protection de l'État que le nôtre,
vous n'apportiez point au mal que vous signalez le remède que
ce mal réclame.
« Il ne suffit pas, en effet, que les départements, les villes,
les chambres de commerce, les syndicats d'arts et métiers ou les
sociétés particulières s'imposent des sacrifices pour relever nos
industries d'art ; il faut encore que l'État leur vienne en aide et
qu'il donne une impulsion énergique à l'enseignement des prin-
cipes généraux du dessin, qui est en cette matière la base de
tout progrès sérieux.
« De louables efforts ont été faits dans ce sens par le gou-
vernement actuel et les gouvernements qui l'ont précédé, mais
ces efforts sont insuffisants pour seconder utilement les disposi-
tions particulièrement favorables que la France doit à son génie
propre et à l'ensemble de ses traditions laborieuses.
« J'ai l'intention de déposer prochainement sur le bureau de
la Chambre un projet de loi qui nous permettra, je l'espère, de
donner à nos institutions d'enseignement artistique, et notam-
ment à celles qui intéressent nos ouvriers d'art, cette unité de
direction à laquelle les nations étrangères doivent les rapides
progrès dont nous avons pu constater les résultats à l'Exposition
de 1878.
« En attendant, je me mets, monsieur, entièrement a votre
disposition et vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments
distingués.
« Antonin Proust. »
Cette lettre est adressée à M. Georges Berger. Inutile d'ajou-
ter que nous faisons les vœux les plus sincères pour que les idées
si bien exposées par l'honorable rapporteur du budget des
beaux-arts soient réalisées aussi promptement et aussi largement
que possible.
— Le Progrès de l'Est annonce que M. Burnouf a quitté la
France pour prendre le chemin de la Troade, où il va pratiquer
des fouilles, de concert avec le docteur Schliemann.
LE SALON DE PARIS, 1879
NOUVEAU RÈGLEMENT 1
Parmi les innovations introduites dans le règlement de
l'exposition annuelle des beaux-arts, nous avons omis de signaler
l'article 33 qui est ainsi conçu :
« Art. 3?. — L'exposition sera ouverte tous les jours de la
semaine, de huit heures du matin à six heures du soir, sauf le
lundi, jour où les portes n'ouvriront qu'à midi.
« L'entrée sera gratuite le jeudi à partir de midi, et le
dimanche à partir de dix heures.
« Les autres jours, le droit d'entrée sera de 2 fr. jusqu'à midi,
et 1 fr. dans la journée. »
• Jusqu'ici l'exposition était ouverte, les jours ordinaires, de
dix à six heures ; et les porteurs de cartes personnelles d'entrée
gratuite étaient seuls admis au Salon de huit à dix heures.
La nouvelle disposition est assez généralement critiquée.
Ajoutons que M. Turquet se propose de réduire notablement les
cartes d'entrée gratuite. Il estime qu'il y a là des abus, et il espère
en diminuant le nombre des entrées gratuites augmenter d'autant
les entrées payantes, et trouver dans cet accroissement problé-
matique de recettes un supplément de ressources à affecter aux
acquisitions d'oeuvres d'art. Nous craignons tort que l'honorable
sous-secrétaire d'État ne se fasse de singulières illusions à cet
égard.
Il en est des expositions d'œuvres d'art comme des repré-
sentations théâtrales. L'abus des entrées n'est pas à craindre.
C'est un moyen de propagande et de publicité qui rapporte plus
qu'il ne coûte. Parions que les quarante sous de l'article 33, com-
binés avec la restriction des entrées, ne donneront pas de quoi
acheter un bon tableau de plus.
CHRONIQUE THEATRALE
La seconde circulaire de M. Turquet. — Elle est adressée
aux directeurs de théâtres. Nous l'avons annoncée dernièrement
(voir page 252) en nous réservant d'y revenir, mais pour la pu-
blier, non pas, car nous serions bientôt débordés si nous nous
avisions de reproduire tous les documents administratifs à l'aide
desquels on se flatte en haut lieu de régénérer les beaux-arts.
Bornons-nous donc à un résumé.
L'honorable sous-secrétaire d'État commence par l'aire
savoir aux directeurs des scènes parisiennes que l'inspection des
théâtres a été réorganisée comme suit par arrêté ministériel du
15 février :
Sont nommés inspecteurs MM. de Forges, Régnier, Paul
Bourdon et Liévin.
Puis il leur rappelle « les principales dispositions réglemen-
taires auxquelles les théâtres de Paris sont soumis dans leurs
rapports avec l'administration par les lois, décrets et arrêtés qui
régissent la matière ». Donc, rien de nouveau dans cette circu-
laire. C'est du vieux-neuf, pour rappel. La plupart des disposi-
tions réglementaires invoquées par M. Turquet n'en sont pas
moins puériles, et peut-être eût-il mieux valu les laisser dans la
désuétude où elles sont tombées par la force des choses. La
plus étrange de toutes est celle-ci :
« Pour obtenir l'autorisation défaire représenter un ouvrage
dramatique ancien et nouveau, vous devrez déposer au bureau
des théâtres, 3, rue de Valois (Palais-Royal), quinze jours
au moins avant la représentation projetée, deux exemplaires
1. Voir l'Art, y année, tome page 251.