LA PEINTURE
A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
L'ÉCOLE ALLEMANDE
WAR WEISS ICH VIEL, DOCH MŒCHî' ICH
Allés wissen 2. Ainsi parle Wagner, non
pas Richard, mais Christophe, le famulus
du docteur Faust. Ainsi parlaient, dans
toutes les langues du monde, les visiteurs
de la section allemande du Champ-de-Mars.
L'exposition des artistes d'outre-Rhin leur
avait en effet beaucoup appris, mais elle
était loin de leur avoir tout dit sur la
situation actuelle des beaux-arts en
Allemagne, et elle leur avait donné envie
de tout savoir.
Rappelons une dernière fois que
l'aménagement de cette exposition a été
à lui seul un incontestable succès. Les
Allemands se sont piqués d'amour-propre.
On leur reproche parfois, et non sans
raison, de manquer de goût. S'ils n'en
Lettre composée pour l'Art par François Ehrmann, gravée par L. Marais. Conviennent paS tOUJOUrS, ils font mieUX,
ils s'efforcent de corriger par l'étude les
défectuosités de leur instinct. Le développement qu'ont pris chez eux depuis quelques années
les musées d'art décoratif et les écoles d'art appliqué à l'industrie montre qu'ils sont bien
décidés à rattraper le temps perdu, et à ne pas se laisser éternellement distancer par les
autres nations. En attendant que l'influence de ces institutions se fasse sentir en Allemagne dans
les industries artistiques, en attendant qu'elle transforme à la fois les habitudes de la production
et la routine de la consommation, ils ont tenu à prouver qu'ils ne sont pas foncièrement incapables
de s'approprier ce goût qu'on leur dénie, et que, si c'est là toujours une qualité essentiellement
française, ce n'est plus du moins un monopole au partage duquel il leur soit interdit d'aspirer.
La démonstration, encore qu'elle ne soit pas décisive, prête à de sérieuses réflexions. C'est un
fait qu'au Champ-de-Mars dans la galerie des beaux-arts les sections dont la disposition a paru
le plus attrayante sont celles de l'Angleterre et de l'Allemagne. Sans doute il ne faudrait pas
exagérer la portée de ce fait, mais ce n'en est pas moins un symptôme dont on aurait grand
tort de ne tenir aucun compte.
1. Voir l'Art, 4* année, tome II, pages 281 et 519; tome III, pages 109, 199, 217, 24t. 297; tome IV, pages 55, 177, 197, 228, 26;, 505;
et 5« année, tome I", pages j, 41, 95 et 125.
2. Je sais beaucoup, il est vrai, mais je voudrais tout savoir. Gœthe. Faust, V* partie.
A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
L'ÉCOLE ALLEMANDE
WAR WEISS ICH VIEL, DOCH MŒCHî' ICH
Allés wissen 2. Ainsi parle Wagner, non
pas Richard, mais Christophe, le famulus
du docteur Faust. Ainsi parlaient, dans
toutes les langues du monde, les visiteurs
de la section allemande du Champ-de-Mars.
L'exposition des artistes d'outre-Rhin leur
avait en effet beaucoup appris, mais elle
était loin de leur avoir tout dit sur la
situation actuelle des beaux-arts en
Allemagne, et elle leur avait donné envie
de tout savoir.
Rappelons une dernière fois que
l'aménagement de cette exposition a été
à lui seul un incontestable succès. Les
Allemands se sont piqués d'amour-propre.
On leur reproche parfois, et non sans
raison, de manquer de goût. S'ils n'en
Lettre composée pour l'Art par François Ehrmann, gravée par L. Marais. Conviennent paS tOUJOUrS, ils font mieUX,
ils s'efforcent de corriger par l'étude les
défectuosités de leur instinct. Le développement qu'ont pris chez eux depuis quelques années
les musées d'art décoratif et les écoles d'art appliqué à l'industrie montre qu'ils sont bien
décidés à rattraper le temps perdu, et à ne pas se laisser éternellement distancer par les
autres nations. En attendant que l'influence de ces institutions se fasse sentir en Allemagne dans
les industries artistiques, en attendant qu'elle transforme à la fois les habitudes de la production
et la routine de la consommation, ils ont tenu à prouver qu'ils ne sont pas foncièrement incapables
de s'approprier ce goût qu'on leur dénie, et que, si c'est là toujours une qualité essentiellement
française, ce n'est plus du moins un monopole au partage duquel il leur soit interdit d'aspirer.
La démonstration, encore qu'elle ne soit pas décisive, prête à de sérieuses réflexions. C'est un
fait qu'au Champ-de-Mars dans la galerie des beaux-arts les sections dont la disposition a paru
le plus attrayante sont celles de l'Angleterre et de l'Allemagne. Sans doute il ne faudrait pas
exagérer la portée de ce fait, mais ce n'en est pas moins un symptôme dont on aurait grand
tort de ne tenir aucun compte.
1. Voir l'Art, 4* année, tome II, pages 281 et 519; tome III, pages 109, 199, 217, 24t. 297; tome IV, pages 55, 177, 197, 228, 26;, 505;
et 5« année, tome I", pages j, 41, 95 et 125.
2. Je sais beaucoup, il est vrai, mais je voudrais tout savoir. Gœthe. Faust, V* partie.