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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CXXXVII

Le Musée de la Comédie-Française, par René Delorme. —
Paris, Paul Ollendorff, 1878, un volume petit in-40.

Faire un livre utile sur un sujet vierge et encore inexploré,
voilà une bonne fortune qui n'est pas donnée h tout le monde.
Il y a là dedans, parfois, autant de hasard qu'il y a de volonté
de la part de l'auteur, et il en résulte, dans tous les cas, un
avantage inappréciable pour celui-ci. Aussi, le livre très-aimable,
très-intéressant, que M. René Delorme vient de publier sous ce
titre : Le Musée de la Comédie-Française, sera-t-il bien accueilli
de toutes parts, aussi bien des artistes et des lettrés que des
amateurs de théâtre et du grand public. L'auteur explique lui-
même, dans une courte préface, le but de son travail et comment
il a été amené à l'entreprendre :

« Dans le foyer des artistes de la Comédie-Française, dans le
foyer des travestissements, dans la salle du comité, dans le
cabinet de l'administrateur, dans les archives, dans toute la partie
du théâtre où le public n'est pas admis, il y a un entassement
prodigieux de portraits en pied, de médaillons, de tableaux de
genre, de gravures, de dessins, de marbres, de terres cuites, de
bronzes, de figurines en pâte tendre, qui forment, avec les
statues et les bustes exposés dans le foyer public et dans les
vestibules, une collection unique et dont toutes les pièces se
rattachent par quelque point à l'histoire de la maison de Molière.

t Les objets qui composent ce Musée ne sont pas seulement
précieux pour notre histoire dramatique. Ce sont des œuvres
d'art d'une grande valeur. Parmi les toiles, il en est qui sont
signées : Mignard, Largillière, de Troy, Van Loo, Nattier,
David, Gros, Gérard, Ingres, Delacroix, Girodet, Robert-Fleury,
Geffroy, Isabey, Edouard Dubufe et Pollet. Parmi les marbres,
les terres cuites et les bronzes, il en est qui ont pour auteurs :
Lemoyne, Houdon, Caffieri, d'Huez, Pajou, Foucou, Dantan,
David d'Angers.

« Et ces richesses sont pour ainsi dire inconnues. Qui les
visite ? Nous avons vu quelquefois des Anglais, souvent des
Russes, solliciter l'autorisation de parcourir cet intéressant
Musée; des Français, jamais. Le hasard, la force des choses, les
belles premières, ont pu y amener exceptionnellement un
public ; mais ce public préoccupé n'a jeté que des regards distraits
sur la collection de la Comédie. Le nombre des personnes qui
l'ont regardée est donc des plus restreints. Encore parmi ces
privilégiés, combien, faute d'un catalogue, n'ont pu savoir de
quel artiste était l'œuvre devant laquelle ils s'arrêtaient, ni quel
personnage elle représentait? — Nous avons donc pensé qu'il ne
serait pas inutile de signaler au public nombreux, qui s'intéresse
aux choses de théâtre et à l'art sous toutes ses formes, la curieuse
collection du Théâtre-Français, et nous avons entrepris de faire
ce livre, qui n'est que le catalogue raisonné du Musée de la
Comédie. »

Catalogue charmant, en effet, dans lequel, au courant d'une
plume alerte et souple, l'auteur, en énumérant les richesses du
Musée, en les classant, en les appréciant, en faisant connaître
leurs auteurs, leur sujet, leur provenance, sème les anecdotes,
s'attarde par-ci par-là aux buissons d'une histoire familière,
crayonne lui-même quelques portraits lestes -et pimpants, et
rappelle les souvenirs des grands poètes, des grands écrivains,
des grands artistes qui ont illustré la Comédie, qui ont été sa
gloire et son honneur, et qui ont laissé un renom mérité. C'est
comme une histoire en raccourci, une histoire pittoresque et
intime de cette noble institution qui a nom la Comédie-Fran-
çaise et dont la célébrité est universelle.

Sous prétexte de rendre compte du livre, referai-je moi-
même ce catalogue après M. Delorme, en rappelant les œuvres
qui s'y trouvent comprises ? Cela me semble inutile, et je me
bornerai à rappeler sommairement quelques-unes des plus
intéressantes : le portrait de Molière dans la Mort de Pompée,
par Mignard; ceux de Fleury par Gérard, de Talma par Picot,
de Préville et de Marivaux par Van Loo, de M"c Leverd par
Gros, de Regnard et de M11" Duclos par Largillière, de Raymond
Poisson par Netscher, de Mlle Joly par David, de Mllc Gaussin
par Nattier, de Rachel par M. Gérôme; les Derniers moments
de Talma par Robert-Fleury, les deux célèbres tableaux de
M. Geffroy représentant le personnel de la Comédie-Française
en 1840 et en 1864; puis le Voltaire de Houdon, la statue de
George Sand de M. Clesinger, les bustes des deux Corneille, de
Rotrou, de Piron et de La Chaussée par Caffieri; ceux de Molière
et de Voltaire par Houdon, de Dufresny par Pajou, de Sedaine
par Gatteaux, de Picard, de M110 Mars et de Rachel par Dantan
aîné, de Provost par Feuchère, de Diderot par Lescorné,
d'Alexandre Dumas père par M. Chapu, etc., etc. Il n'est que
temps de m'arrêter, sans quoi j'en arriverais précisément à ce
que je voulais éviter.

Il est fâcheux que le Musée de la Comédie-Française, publié
avec un goût et un soin rares par M. Ollendorf, imprimé dans
un format superbe, en caractères elzéviriens, sur magnifique
papier de Hollande, laisse encore à désirer sous le rapport ma-
tériel. Quelle meilleure occasion en effet, dans un temps où les
livres à figures et à gravures sont accueillis avec une si grande
faveur, quelle meilleure occasion pouvait-on trouver pour join-
dre à un texte intéressant par lui-même les planches et les
vignettes qui eussent, si l'on peut dire, éclairé le sujet, et l'eus-
sent mis en pleine valeur? Lorsqu'on n'avait qu'à puiser parmi
tant d'oeuvres d'art si peu connues et d'une si réelle impor-
tance, comment a-t-on pu se priver d'un tel appoint pour faire
une publication vraiment complète et qui eût acquis ainsi une
originalité bien rare? Cela est bien dommage. Mais, après tout,
le livre n'en conserve pas moins sa valeur et son importance,
et il est de ceux qui ont forcément accès dans toute bibliothèque
qui se respecte.

Arthur Pougin.

CuNde-lampe compose par Léon Gaucherel.
 
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