Cartouche composé par A. Mitelli.
CXL
Catalogue de l'œuvre lithographie et gravé de H. Daumier,
par Champfleury, avec une eau-forte inédite. — i vol. in-4u
de 52 pages, tiré à 100 exemplaires. — Librairie parisienne.
H. Heymann et J. Perois, 38, avenue de l'Opéra. 1878.
Ce catalogue a déjà été publié dans l'Art M. Champfleury,
en le mettant en volume, y a fait des additions importantes,
sans avoir cependant la ■ prétention de le donner complet.
L'œuvre de Daumier est immense. M. Champfleury évalue le
nombre des pièces produites par lui à un total de 4,5 50 environ
pour les lithographies et les bois seulement. Pour être complet,
il faut ajouter les peintures, aquarelles et dessins, dont le cata-
logue, publié en mars 1878, comprenait 237 numéros. lia pro-
duit sans relâche pendant quarante-quatre ans, de 1829 à 1872.
La plus grande partie, de beaucoup, se compose des litho-
graphies publiées dans le Charivari et dans la Caricature,
autre journal satirique d'une violence qui stupéfierait la censure
contemporaine. Daumier a aussi dessiné des titres, des entêtes
d'articles, des lettres ornées et de nombreuses vignettes qui
furent gravées sur bois, et qui parurent dans le Charivari, dans
le Journal des enfants, et particulièrement dans les Physiologies,
dans le Temps illustré de Gavarni, dans le Journal pour tous,
dans le Monde illustré, dans la Némésis médicale, les Mystères
de Paris, la Comédie humaine de Balzac, le Musée parisien, les
Français peints par eux-mêmes, Paris chantant, la GrandeVille,
Paris-Guide , Versailles ancien et moderne et la Muette. Dans
les Albums autographiques de 1867, ses dessins furent repro-
duits par la photogravure. Ces dessins sur bois ou photogravés
s'élèvent au nombre de 900.
N'oublions pas d'y ajouter une eau-forte, la seule proba-
blement qu'ait faite Daumier. La planche n'a pas de titre. Un
soir que plusieurs artistes étaient réunis chez Charles de Bériot,
l'un d'eux, qui avait apporté une planche de cuivre, se mit à
griffonner sur un coin un croquis; plusieurs autres en firent
autant; c'étaient MM. Alfred Taiée, Harpignies, Rops et Dau-
mier. Celui-ci a jeté sur le cuivre une tète d'homme, dans un
mouvement dramatique, qui paraît regarder au loin avec inquié-
tude un objet qu'il distingue mal. Cette planche, qui n'a jamais
été imprimée, est placée en tète du catalogue de M. Champ-
fleury. C'est une curiosité des plus intéressantes.
Si toutes les pièces de Daumier ne se retrouvent pas ici,
c haque série du moins s'y présente à son ordre, avec sa date et
avec le chiffre des dessins qui s'y rapportent, nettement carac-
t érisée par la mention des œuvres capitales et par quelques
lignes très-précises et condensées de l'annotateur. Il ne s'est pas
cependant interdit çà et là des appréciations plus détaillées,
lorsqu'il l'a cru nécessaire. Des points d'interrogation indiquent
consciencieusement les lacunes inévitables.
Ce catalogue, tiré à 100 exemplaires, a été publié quelques
mois avant la mort de Daumier. Le grand et malheureux artiste
a pu voir que ses amis n'abandonneraient pas sa mémoire. Il
est loin d'être encore dans l'opinion publique à la place qui lui
appartient. C'est chez nous le malheur commun des hommes
qui ont été trop mêlés à l'actualité et aux luttes quotidiennes.
A force de les voir et de les coudoyer, on ne peut plus s'ima-
giner qu'ils ne fassent pas partie de la foule. Plus ils démontrent
l'inépuisable fécondité de leur génie, l'intarissable variété de
leur imagination, moins on les considère comme des artistes.
L'art, pour le public français, a besoin de prestige et de mys-
tère, et surtout il faut qu'il se manifeste suivant des formules
dont Daumier ne s'est guère inquiété.
Espérons que ce tort pour le présent lui sera un mérite pour
l'avenir.
Eugène Véron.
1. Voir l'Art, 4' année, tome II, pages 2:7, 2js et 394. Voir aussi même tome, pa<je »y, l'article de M. Eugène Montrosier sur Honore Daumier.
(.'ul-de-lampe composé pour l'Art par Mary Labbé.
ToMK XVI. H
CXL
Catalogue de l'œuvre lithographie et gravé de H. Daumier,
par Champfleury, avec une eau-forte inédite. — i vol. in-4u
de 52 pages, tiré à 100 exemplaires. — Librairie parisienne.
H. Heymann et J. Perois, 38, avenue de l'Opéra. 1878.
Ce catalogue a déjà été publié dans l'Art M. Champfleury,
en le mettant en volume, y a fait des additions importantes,
sans avoir cependant la ■ prétention de le donner complet.
L'œuvre de Daumier est immense. M. Champfleury évalue le
nombre des pièces produites par lui à un total de 4,5 50 environ
pour les lithographies et les bois seulement. Pour être complet,
il faut ajouter les peintures, aquarelles et dessins, dont le cata-
logue, publié en mars 1878, comprenait 237 numéros. lia pro-
duit sans relâche pendant quarante-quatre ans, de 1829 à 1872.
La plus grande partie, de beaucoup, se compose des litho-
graphies publiées dans le Charivari et dans la Caricature,
autre journal satirique d'une violence qui stupéfierait la censure
contemporaine. Daumier a aussi dessiné des titres, des entêtes
d'articles, des lettres ornées et de nombreuses vignettes qui
furent gravées sur bois, et qui parurent dans le Charivari, dans
le Journal des enfants, et particulièrement dans les Physiologies,
dans le Temps illustré de Gavarni, dans le Journal pour tous,
dans le Monde illustré, dans la Némésis médicale, les Mystères
de Paris, la Comédie humaine de Balzac, le Musée parisien, les
Français peints par eux-mêmes, Paris chantant, la GrandeVille,
Paris-Guide , Versailles ancien et moderne et la Muette. Dans
les Albums autographiques de 1867, ses dessins furent repro-
duits par la photogravure. Ces dessins sur bois ou photogravés
s'élèvent au nombre de 900.
N'oublions pas d'y ajouter une eau-forte, la seule proba-
blement qu'ait faite Daumier. La planche n'a pas de titre. Un
soir que plusieurs artistes étaient réunis chez Charles de Bériot,
l'un d'eux, qui avait apporté une planche de cuivre, se mit à
griffonner sur un coin un croquis; plusieurs autres en firent
autant; c'étaient MM. Alfred Taiée, Harpignies, Rops et Dau-
mier. Celui-ci a jeté sur le cuivre une tète d'homme, dans un
mouvement dramatique, qui paraît regarder au loin avec inquié-
tude un objet qu'il distingue mal. Cette planche, qui n'a jamais
été imprimée, est placée en tète du catalogue de M. Champ-
fleury. C'est une curiosité des plus intéressantes.
Si toutes les pièces de Daumier ne se retrouvent pas ici,
c haque série du moins s'y présente à son ordre, avec sa date et
avec le chiffre des dessins qui s'y rapportent, nettement carac-
t érisée par la mention des œuvres capitales et par quelques
lignes très-précises et condensées de l'annotateur. Il ne s'est pas
cependant interdit çà et là des appréciations plus détaillées,
lorsqu'il l'a cru nécessaire. Des points d'interrogation indiquent
consciencieusement les lacunes inévitables.
Ce catalogue, tiré à 100 exemplaires, a été publié quelques
mois avant la mort de Daumier. Le grand et malheureux artiste
a pu voir que ses amis n'abandonneraient pas sa mémoire. Il
est loin d'être encore dans l'opinion publique à la place qui lui
appartient. C'est chez nous le malheur commun des hommes
qui ont été trop mêlés à l'actualité et aux luttes quotidiennes.
A force de les voir et de les coudoyer, on ne peut plus s'ima-
giner qu'ils ne fassent pas partie de la foule. Plus ils démontrent
l'inépuisable fécondité de leur génie, l'intarissable variété de
leur imagination, moins on les considère comme des artistes.
L'art, pour le public français, a besoin de prestige et de mys-
tère, et surtout il faut qu'il se manifeste suivant des formules
dont Daumier ne s'est guère inquiété.
Espérons que ce tort pour le présent lui sera un mérite pour
l'avenir.
Eugène Véron.
1. Voir l'Art, 4' année, tome II, pages 2:7, 2js et 394. Voir aussi même tome, pa<je »y, l'article de M. Eugène Montrosier sur Honore Daumier.
(.'ul-de-lampe composé pour l'Art par Mary Labbé.
ToMK XVI. H