Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

DOI issue:
L'exposition rétrospective de Florence
DOI issue:
Chronique théatrale
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0276

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE FLORENCE

Novembre 1879.

Florence verra cette année se renouveler l'affluence con-
sidérable d'étrangers qui y étaient accourus pour les fêtes du
centenaire de Michel-Ange; cette fois, c'est pendant de longs
mois que tous les collectionneurs, tous les amateurs, tous les
artistes, tous les érudits, tous les gens de goût se donneront
rendez-vous dans l'admirable capitale de la Toscane. Il s'agit
d'y ouvrir du 1" novembre prochain à la fin d'avril 1880 une
Exposition rétrospective sans rivale qui sera installée dans les
appartements royaux de l'immense Palais Pitti, gracieusement
mis par le Souverain à la disposition du Comité. La composition
de ce Comité garantit d'avance l'éclatant succès de cette vaste et

. — Avril 1880.

si intelligente entreprise artistique. Il a en effet pour vice-prési
dents : MM. le prince Demidoff de San Donato et le marquis
Philippe Torrigiani; pour membres ou conseillers : MM. le
marquis Ginori, Fabbroni, le prince Strozzi, Stibbert, George
Disney Maquay, Wagnière, le Commandeur de Marcuard, le
baron de Talleyrand, Landau, le marquis Délia Stufa, le cheva-
lier Bianchi, Barbetti, le Commandeur Foresti, Krauss fils, et
pour secrétaire : M. G. Carocci.

La présidence seule n'est pas encore définitive; on l'a
offerte à M. le prince Corsini, dont on attend la réponse, qui
ne saurait être douteuse.

CHRONIQ.UE THEATRALE

La circulaire de M. Turquet. — Cette circulaire, datée du
16 février 1879, et adressée aux inspecteurs des théâtres, fait
beaucoup de bruit dans Landerneau. En voici le texte :

« La République a beaucoup à faire pour le théâtre; et en
vous confiant les délicates fonctions d'inspecteurs, je crois devoir
vous indiquer quel concours j'attends de vous, dans l'œuvre de
régénération si nécessaire que nous entreprenons.

c Si l'art dramatique est en décadence, c'est que, depuis
trop d'années, la France, tenue en tutelle, avait vu ses libertés
politiques supprimées.

e Au théâtre, les œuvres nobles et viriles étaient suspectes;
ce qui parlait à l'homme de sa dignité, de sa liberté, de ses hauts
devoirs, était proscrit. Un art corrupteur s'était emparé de la
scène ; on voyait s'y étaler effrontément la licence. L'art sem-
blait n'avoir plus qu'un but : amuser, et pour amuser, il des-
cendait jusqu'à la grivoiserie, et plus bas encore : jusqu'à la
corruption.

e Nous voudrions que l'art dramatique fût ramené à un
idéal plus mâle et plus fier, que le théâtre fût une école.

t L'art que nous voulons, c'est celui qui élève, non celui
qui dégrade. L'œuvre que nous aimons, c'est celle qui assainit,
non celle qui corrompt. Il faut que la puissante influence du
théâtre nous vienne en aide et seconde les efforts que nous
faisons pour instruire le peuple, pour le fortifier, pour le faire
de plus en plus digne d'exercer le pouvoir que met entre ses
mains la République, afin de donner à la France la grandeur
morale qui convient à une démocratie.

f Pour cela, donnons en politique toute la liberté compatible
avec le maintien de la paix publique, et gardons toute notre
sévérité pour les couplets licencieux et les pièces immorales,
nous souvenant, messieurs, que les deux principes de la Répu-
blique sont : la dignité et la liberté. »

Il faut bien avouer que le maiden-speech de l'honorable
sous-secrétaire d'Etat n'est pas très-heureux. Sa circulaire obtient
peu de succès, et la presse, sans distinction de nuances poli-
tiques, n'en a fait qu'une bouchée. Sans entrer dans la discussion
des nombreuses questions que soulève ce document, nous nous
bornerons à dire que nous ne sommes pas aussi convaincus que
M. Turquet de la décadence du théâtre en France, et que nous
ne voyons pas bien comment s'y prendront les inspecteurs des
théâtres pour viriliser l'art dramatique et obtenir des auteurs
qu'ils secondent le gouvernement dans ses efforts, d'ailleurs émi-
nemment louables, pour instruire et fortifier le peuple. La cir-
culaire n'aura d'autre effet que d'exciter le zèle de la censure.
Maigre résultat après d'aussi nobles paroles. Nous aurons quel-
ques grivoiseries de moins, mais pas un chef-d'œuvre de plus.

P. S. Nous sommes encore sous le coup de cette première
circulaire, et déjà il nous en arrive une autre, celle-ci adressée
par l'honorable sous-secrétaire d'État aux directeurs de théâtres,
et non moins remarquable que son aînée. Pris à l'improviste au
moment de mettre sous presse, nous n'avons que le temps de la
mentionner. Nous nous en occuperons dans notre prochaine
chronique théâtrale.

AcadémIe nationale de musique. — Plusieurs journaux
citent, pour la direction de l'Opéra, plusieurs candidatures dont
la plus sérieuse nous parait être celle de M. Vaucorbeil, com-
missaire du gouvernement près les théâtres subventionnés.
D'autres assurent que M. Halanzier aurait repris du terrain.
Quant aux vastes projets de réforme qui ont fait couler des
flots d'encre et mis en branle quantité de commissions et de
sous-commissions, il paraît qu'il n'en est plus question. A la
fin de l'année dernière, le système de la régie tenait la corde,
mais cela n'a pas duré. On a parlé un instant de la régie pure et
simple, puis d'une régie mixte, puis d'une régie provisoire. Main-
tenant la régie, avec ou sans épithète, semble décidément aban-
donnée. C'est peut-être le plus sage. En matière de théâtre, tous
les systèmes sont bons ou mauvais, selon qu'ils sont appliqués
par un homme compétent ou incompétent, Reste à savoir si le
directeur actuel de l'Opéra, excellent administrateur, tout le
le monde le reconnaît, est vraiment l'homme de la situation au
point de vue artistique. A parler franchement, cela ne nous
paraît pas démontré.

Opéra-Comique. — Ce théâtre a donné le 26 février deux
premières représentations, la Zingarella, un acte de MM. Jules
Adenis et* Jules Montini, musique de M. Joseph O'Kelly, et
Pain bis, un acte de MM. Brunswick et A. de Beauplan, musique
de M. Théodore Dubois. Nous ne dirons rien de la Zingarella,
partition insignifiante, interprétée par M. et Mmc Caisso avec un
juste sentiment de la valeur de l'ouvrage. Le petit opéra-comique
de M. Dubois est d'une tout autre portée sans avoir de très-
hautes prétentions La pièce met en scène cet axiome de la
philosophie du mariage : la paresse du mari est l'écueil de la
fidélité conjugale. Si vous voulez savoir comment le titre de
l'ouvrage se concilie avec cet aphorisme, et quelles situations en
dérivent, allez entendre Pain bis, vous serez édifiés et récom-
pensés, car la pièce est gaie, bien faite, gentiment jouée par
MM. Fugère et Barnolt, M""" Ducasse et Chevalier, et la
musique est charmante. Le talent délicat et fin de M. Théodore
Dubois nous paraît s'adapter infiniment mieux aux tableaux de
genre de l'opéra-comique qu'aux peintures à fresque de son
Paradis perdu, couronné au concours de la ville de Paris avec
le Tasse de M. Benjamin Godard.
 
Annotationen