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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Exposition universelle de 1878: M. Elihu Vedder et "L'Art"
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0325

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Un des articles de notre collaborateur, M. Charles Tardieu,
sur la Peinture à l'Exposition universelle de 1878, est spéciale-
ment consacré aux États-Unis1. Un passage de cet article a
suscité une protestation qui a fait un certain bruit dans la presse
anglaise et américaine, et qui appelle de notre part quelques
observations.

D'abord établissons les faits, et mettons sous les yeux de
nos lecteurs les pièces du procès.

Notre collaborateur cite cette opinion émise en 1867 par
W. Biirger : « Les Américains n'ont point d'art! Sans doute,
et tant mieux ! Ils ne seront pas gênés pour faire du neuf, et il se
pourrait que les boys du pays de la liberté se missent, un de

ces jours, à créer des œuvres surprenantes.....Comptez que les

Américains, une fois en train de beaux-arts, iront vite et en
regardant devant eux. Go ahead! Forward! »

Puis M. Tardieu s'exprime en ces termes2 :

ce II faut bien reconnaître que le jour prédit par le célèbre
critique n'est pas encore venu. Si les Américains sont en train
de beaux-arts, et si leur allure offre plus d'intérêt que par le
passé, il s'en faut de beaucoup qu'ils marchent déjà bien vite, et
jusqu'à présent il ne semble pas qu'ils soient en quête de nou-
veautés. Faire du neuf est le cadet de leurs soucis. Par exemple,
il leur arrive parfois de créer des peintures surprenantes, et
cela surtout, chose remarquable, lorsqu'ils se traînent dans les
sentiers battus.

« Tel est le cas de M. Elihu Vedder, qui s'est avisé d'in-
terpréter à l'américaine deux thèmes mythologiques, la Sibylle
de Cumes et le Jeune Marsyas. De ces tableaux, lequel est le
plus bizarre, on serait fort embarrassé de le dire. Nous les
reproduisons tous les deux 3 afin de montrer à quel degré d'éga-
rement un classicisme mal dirigé expose l'artiste dont l'éducation
n'est pas assez complète pour s'approprier la tradition, dont
l'originalité native n'est pas assez forte pour la renouveler. A ce
propos, nous aurions presque envie de chercher querelle au
dessinateur habile qui s'est chargé de transcrire ces deux com-
positions dans l'Art. Il y a transcription en effet plutôt que
reproduction littérale. On dirait que M. Kreutzberger s'est
amusé à préciser les rêves pittoresques de M. Elihu Vedder. Si
le plomb n'est pas changé en or, si ces deux méchantes toiles
ne sont pas devenues de purs chefs-d'œuvre, du moins dans les
copies les formes ont-elles plus de netteté, les valeurs plus d'ac-

cent que dans les originaux. La plume du dessinateur est plus
coloriste en sa monochromie que le pinceau du peintre. Ceux
qui auront vu à l'Exposition universelle ces étranges grisailles
ne les reconnaîtront guère.

« Les lecteurs de l'Art, après tout, ne se plaindront pas de
la transformation, et peut-être sera-t-elle profitable à M. Vedder,
dont l'attention sera ainsi attirée sur certaines lacunes de son
talent. Cet artiste habite Rome. Si nous avions un conseil à lui
donner, ce serait de quitter au plus tôt la Ville Éternelle, et de
rompre avec les souvenirs antiques dont la poésie ne paraît pas
faite pour son imagination. Qui sait s'il ne retrouvera pas des
forces inattendues en reprenant pied sur le sol natal? »

A la suite de la publication de cet article, M. Elihu Vedder
a adressé à plusieurs journaux * la protestation que voici :

« I have juslseen the december 1 number of l'Art, contai-
ning reproductions of two of my works at the Exposition Uni-
verselle, together with the exceptionnally elaborate flagellation
accorded them by the critic of that valuable review. Permission
to makc use of my works was obtained from me through a polite
note from that journal requesting me to furnish them a drawing
of one of my paintings, which they would be happy to fac-simi-
late and publish in one of their forteoming numbers. In case
I could not sent the drawing, they would désire permission to
photograph one of my works. I may be excused for accepting
this as a compliment, and granting the permission. Judge of my
astonishment on finding both my works had been reproduced
merely to show (in the words of the journal itself, or what
amounts to the same thing) their utter lack of ail artistic merit;
and, as if this were not enough, the public were warned that,
even in looking at the reproductions, ail their merit must be
attributed to the engraver. I take no exception to the low esti-
mate of my artistic ability on the part of the critic (it would be
impossible for me to agrée with the critic) ; but I do protest
against this species of trap into which I have inadvcrtently been
drawn, and wish to bring it to the notice of my brothers in art
for their future benefit. Whether editor and critic were alone
actuated by a sincère regard for the interests of art is not the
question. I protest against the method they have employed. »

Ce qui veut dire : — Vous me demandez l'autorisation de
reproduire un de mes tableaux. Je prends cela pour un compli-
ment, et j'accorde l'autorisation. Aussi suis-je fort étonné que

1. Voir l'Art, 4» année, tome IV, page 197.

2. Voir l'Art, 4- année, tome IV, page 202.

?. Voir l'Art. 4' année, tome IV, pages ioS et 199.

4. Voir notamment the Graphie, numéro du 2: décembre 1878, page 623, fin de la troisième colonne.

Tome XVI. • ,8
 
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