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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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L'ART.

partie du volume le texte même du vieux conteur. Or , sauf
quelques mots, ce texte se lit sans trop de peine.

Le volume est très-réussi au point de vue de la facture, avec
des filets rouges, un beau papier et une disposition de carac-
tères qui rappelle vaguement l'aspect des vieux livres. Il est en
outre illustre de neuf eaux-fortes par Bida, qui retracent les
principales scènes du poème. C'est une traduction graphique qui
s'ajoute à l'autre, et la résume pour les yeux en quelques traits
pre'cis et significatifs. La première nous donne l'allégorie de
l'amour fidèle et toujours ardent. Il n'a plus d'ailes, mais il
souffle dans un carquois transformé en fourneau, d'où s'échap-
pent des flammes. Quand on a lu le poème, on a plaisir à le
retrouver entier dans ce raccourci spirituel et charmant. — Dans
la seconde, nous voyons Aucassin entre sa mère et son père qui
lui reprochent son amour. Il écoute ou plutôt il entend leurs
remontrances d'un air froid et indifférent. On sent que toute
cette éloquence est perdue. Ce n'est pas cela qui entamera son

cœur; car, en dépit des traverses et des souffrances qui si long-
temps affligent et séparent les deux amants, on sent dans le ton
du poème une sorte de sourire perpétuel qui ne laisse guère de
place pour une inquiétude sérieuse. On ne chante pas de cet
air des amours tragiques. Ce ton, le traducteur a su le conser-
ver dans ses illustrations comme dans sa traduction. Il faut l'en
remercier deux fois, car c'est grâce à cela que ce livre est un
livre complet, où tout se tient en parfait accord, et où rien ne
détonne, chose rare !

La Nouvelle Géographie universelle d'Elisée Reclus n'est
pas un livre d'art; nous croyons néanmoins pouvoir donner
place ici à une appréciation sommaire de cet ouvrage, dont
la maison Hachette vient d'achever le ivc volume, et nous le
ferons également pour l'Histoire de France de M. Guizot,
à cause des belles illustrations dont les éditeurs les ont
enrichies. Nous ne saurions trop louer cette méthode qui
fait intervenir l'art dans les matières qui jusqu'à ces derniers

cœur. — Plus loin cepen- temps lui étaient restées

pirates qui vont tout à "~ -■ ' - % dans son intelligence une

■h. « j . Intérieur de l'église de Gloucester. . .„ i„ l_________ 4:__;__

l heure les surprendre et sorte de brume que dissipe

, », Gravure tirée de Reclus: Nouvelle Géographie universelle; Paris. Hachette. 1», ;i .___-__

les emmener « en Alger », 0 t ' ' un coup d œil sur un point

où ils seront séparés. — de vue bien choisi, sur une

L'avant-dernière gravure nous montre Aucassin rentré à

Beaucaire; son père et sa mère sont morts; il est maître de

son héritage et il regrette Nicolette, quand tout à coup paraît

un beau harpeur qui vient précisément lui chanter sa propre

histoire, et lui apprendre que son amante est fille du roi de

Carthage. — Pour terminer, Aucassin, informé que le jeune

chanteur n'est autre que Nicolette,

.... Entre dans l'appartement
Où se trouvait sa bien-aimée.
Sitôt qu'elle voit son ami,
Elle saute en pieds, court à lui,
Et tremblante, demi-pamee,
Elle vient tomber sur son cœur.
Si vous doutez qu'avec bonheur
Il l'y reçut, voyez l'image.

Ces eaux-fortes, légères et blondes, sont bien dans le senti-
ment du poème. Elles ont quelque chose de caressant à l'œil
qui s'accorde merveilleusement avec l'impression générale de
« ce doux chant d'amour », qui est comme une caresse pour le

scène bien rendue. Le texte en reçoit un éclaircissement qui
est pour l'esprit un repos en même temps qu'une joie, quand
l'illustration a un caractère vraiment artistique.

Nous ne ferons pas ici l'éloge du travail de M. Elisée Reclus.
Tout le monde sait quel a été le succès des trois premiers volu-
mes qui comprennent l'Europe méridionale, la France et l'Eu-
rope centrale. Le quatrième, qui traite de l'Europe du nord-ouest
(Belgique, Hollande, Iles Britanniques), ne sera pas moins bien
reçu de tous les hommes qui s'intéressent à cette science pour
nous si nouvelle et si importante de la géographie.

Le livre de M. E. Reclus porte en sous-titre : La terre et
les hommes. C'est là précisément ce qui constitue son originalité,
ce qui marque l'idée mère, le point de vue général qui domine
l'œuvre entière. Il ne s'agit plus ici d'une simple description
plus ou moins exacte des divers pays et d'une aride nomencla-
ture des villes, des fleuves et des montagnes, comme on faisait
quand on s'imaginait que l'homme est indépendant de ce qui
l'entoure. C'est l'idée contraire qui domine. Sans nier l'action
de l'homme sur la terre, M. Elisée Reclus, par une longue suite
 
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