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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Vandalisme
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0172

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I

PAYS-BAS

La Hollande a pu croire, il y a à peine quatre ans, que
son gouvernement qui, jusque-là, avait professé la plus profonde
indifférence pour toutes les questions d'art et pour les monu-
ments historiques du pays, rompait enfin à jamais avec un passé
déshonorant. La réorganisation des Musées fut alors décidée ;
on créa au ministère de l'intérieur une section uniquement
affectée aux beaux-arts, on institua une commission pour les mo-
numents historiques et artistiques, et des sommes d'une cer-
taine importance furent affectées à l'achat d'objets d'art et à la
restauration des monuments.

L'avenir s'annonçait cette fois plein d'heureuses promesses,
avenir trompeur, puisqu'on en est déjà à se repentir des quel-
ques pas timidement faits dans la bonne voie. L'État, qui le
croirait ! en est à regretter les modestes progrès réalisés qui
permettaient d'en espérer bientôt de plus importants ; il a hâte

de se replacer au ban des nations civilisées, — l'expression
n'est pas trop forte, puisque marchant violemment à reculons,
il vient de signifier sa suppression prochaine à la Commission
des monuments, sans égard aucun ni pour le zèle intelligent
qu'elle a déployé pendant s.- trop courte carrière, et les sérieux
services qu'elle a rendus en si peu de temps, ni pour les vœux
du pays, ni pour les protestations de ses mandataires.

Le Gouvernement néerlandais a soif de revenir à cette épo-
que fort peu lointaine où, pour son éternel déshonneur, il lais-
sait trafiquer impunément des monuments du pays, et brocanter
à vil prix son plus glorieux patrimoine. Pour ne citer que deux
exemples que l'on ne saurait trop hautement stigmatiser, c'est
grâce à l'indigne incurie de ce gouvernement, triste gardien du
splendide héritage de ses plus illustres ancêtres, qu'a pu avoir
lieu en pleine place publique de Delft, la vente de tableaux qui

ornaient l'hôtel-de-ville et dont une municipalité inepte avait
décidé de se débarrasser, parce que les peintres étaient étrangers
à leur cité ! C'est ce jour-là que M. Six van Hillegom acquit
pour un morceau de pain le plus beau triptyque connu de
Martin van Heemskerk, œuvre capitale généreusement cédée
par lui au Musée de Harlem. C'est grâce à sa même monstrueuse
insouciance barbare, que ce Gouvernement a laissé en 1871, —
il y a sept ans!—les fabriciens de l'église de Saint-Jean, à
Bois-le-Duc, commettre un vrai crime de lèse-nation. Ces Van-
dales ont démoli tout à leur aise le jubé, œuvre considérable, —
tout en marbre, —de Coenrad Van Noremborgh,de Namur, datée
de 1625, et l'ont vendue, — nous devrions dire donnée, — pour
neuf cents livres sterling, pour vingt-deux mille cinq cents francs
au South Kensington Muséum, dont cet imposant monument
architectural et sculptural est devenu l'un des principaux orne-
ments ! ! !

1. Voir l'Art, 4' année, tome IV, page 289.

Ce ne sont point d'ignares fabriciens qui sont les grands
coupables, c'est le ministre de l'intérieur sous qui a pu
s'exécuter un acte aussi inqualifiable; son nom mérite pour ce
seul fait d'être voué à l'exécration de tout Hollandais patriote.

Tenant à ne point paraître prononcer pareil arrêt à la
légère, nous publions toutes les pièces de ce procès, jugé sans
appel possible pour tous ceux qui ont le moindre respect de l'art.
Nous avons déjà donné à la fin du XVe volume de l'Art ', — le
quatrième de l'an dernier,— la partie centrale du jubé de Bois-le-
Duc, dont nous reproduisons aujourd'hui d'abord une des par-
ties latérales, puis une vue d'ensemble. Nous ne tarderons pas à
publier l'autre section latérale, afin que nos lecteurs se ren-
dent parfaitement compte d'abord de la plus qu'excellente
affaire conclue par le grand Musée anglais qui ne laisse échapper
aucune occasion de s'enrichir, puis de l'acte inouï de van-
dalisme accompli aux dépens du noble peuple batave.

(.1 suivre.)
 
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