Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

DOI Heft:
Chronique française
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0177

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CHRONIQUE

FRANÇAISE.

s'engageait en outre à fournir le marbre et à payer les frais de
praticien au lauréat du projet couronné.

L'exposition des maquettes envoyées a eu lieu les 4 et 5 dé-
cembre à l'Ecole des beaux-arts. Il y en avait 92. Nous n'avons
pas à faire la critique rétrospective de toutes ces ébauches,
parmi lesquelles dominait, au milieu de tentatives grotesques
d'allures et de goût, la physionomie traditionnelle « de maître
Alcofribas Nazier, abstracteur de quintessence », avec ses
pommettes proéminentes, ses lèvres charnues et largement
ouvertes, sa houppette frontale, ainsi que son costume de docteur
de la faculté de Montpellier, la robe et le bonnet carré. Les
projets choisis par le jury sont ceux qui montrent un Rabelais
plus grave que celui de la légende, avec la tète nue et la phy-
sionomie finement railleuse. Voici les noms des lauréats :
1" prix (n° 75), M. H. Du Maige; 2e (n° 3 3), M. Aubé; 3°(n° 39),
M. Albert-Lefeuvre. Néanmoins la commission n'a pas aban-
donné à la volonté du lauréat ou à sa fantaisie les traits de
l'illustre Tourangeau; elle veut autant que possible un Rabe-
lais authentique, et a adressé en conséquence aux amateurs, aux
savants, aux collectionneurs d'estampes, un chaleureux appel
pour obtenir des renseignements certains sur les portraits de
Rabelais. Tous les documents peuvent être adressés à M. Viollet-
le-Duc, rue Condorcet, 68, à Paris. Le marbre devant être inau-
guré à Tours le i,r août 1879, on voit qu'il n'y a pas de temps
à perdre.

Nous dirons quelques mots des diverses statues de M. Thiers
que l'on s'apprête à élever. M. Eug. Guillaume, directeur
général des beaux-arts, doit en exécuter une pour le musée de
Versailles. En outre, on se rappelle que par l'initiative de
M. Ménier une souscription publique avait été ouverte pour en
élever une à Paris, avec le concours d'un comité composé de
MM. Mignet, Barthélémy Saint-Hilaire, Paul Beurdeley, Cal-
mon, Hérold, Magnin, Martel, Gambetta, E. de Girardin,
Sénart, Ménier, Ed. About, Jules Bapst, Hébrard, Emile Durier
et Gaston Ménier. Ce comité s'est réuni récemment et a reçu des
mains de M. Ménier la somme de 44,153 fr. 79 cent, provenant
de la souscription ouverte parle journal le Bien public; elle a
été versée provisoirement à la Banque de France, en attendant
sans doute qu'on organise un concours ou que l'on fasse un
nouvel appel de fonds.

D'un autre côté, la ville de Saint-Germain, où est mort
M. Thiers, a pris également l'initiative d'une souscription qui
est montée rapidement à une quarantaine de mille francs. C'est
M. Mercié, croyons-nous, qui s'est chargé de l'exécution de la
statue du libérateur du territoire.

Le même artiste vient d'achever pour la ville de Perpignan
la statue de François Arago, un de ses plus glorieux enfants. Le
grand astronome est représenté debout, une main levée vers les
astres, l'autre tenant un manuscrit à demi déroulé; à ses pieds,
une sphère céleste, dans ses parallèles métalliques, est posée
pour quelque démonstration. C'est le vulgarisateur de la science,
le professeur populaire que l'auteur a surtout voulu rappeler.
Trois bas-reliefs orneront le socle, la face postérieure de celui-ci
étant réservée à une inscription commémorative. Celui de face
montrera Arago enfant s'instruisant déjà, et protestant contre la
légende souvent réfutée par lui-môme, et d'après laquelle à qua-
torze ans il ignorait encore ses lettres d'alphabet. Sur celui de
droite, on le verra prisonnier dans une de ses excursions scienti-
fiques à l'étranger, où il avait été pris pour un espion. Enfin,
sur celui de gauche, Arago sera représenté descendant dans la
rue, en juin 1848, et bravant la fusillade pour apporter aux com-
battants des paroles de concorde et de paix.

Si la province honore ses grands hommes, c'est surtout à
Paris qu'on semble vouloir multiplier les statues, et faire servir
le marbre à l'éducation du peuple et à l'embellissement des pro-
menades. C'est ainsi que dans une des dernières séances du
conseil général de la Seine un vœu a été émis tendant à élever
des statues à F. V. Raspail, Thiers, Denis Papin, Jeanne d'Arc, etc.

Le conseil n'a pris aucune décision à cet égard, mais en attendant,
la commission des beaux-arts de la ville de Paris a commandé
diverses statues, comme celle de Bernard de Palissy, pour la com-
mune de Boulogne où le célèbre céramiste a composé plusieurs
de ses chefs-d'œuvre. Elle veut également compléter la somme
nécessaire pour achever, au cimetière Montparnasse, le monu-
ment élevé à la mémoire des deux aéronautes Sivel et Croce
Spinclli, et dont l'exécution est confiée à M. Dumilàtre. Nous
souhaiterions que l'administration municipale encourageât de
son mieux et avec plus de zèle les manifestations de la recon-
naissance publique qui se traduisent tous les jours avec tant
de générosité. Nous rappelions dernièrement l'incroyable négli-
gence de la ville de Bourges qui laisse enfermée dans une
caisse l'œuvre la plus pure peut-être de Préault, son Jacques
Cœur. Qu'attend-on à Paris pour utiliser les fonds recueillis par
le journal la France afin d'élever une statue à Lamartine ? C'est
pour en finir, sans doute, avec ces lenteurs bureaucratiques qui
glacent en France les meilleurs, les plus nobles sentiments popu-
laires; c'est pour régulariser le système de décoration à adopter
dans la capitale, que M. Castagnary a soumis au conseil muni-
cipal l'excellente proposition suivante dont nous croyons devoir
reproduire intégralement les termes :

« Messieurs, la question des beaux-arts, qui n'est autre que
la question des embellissements de Paris, a toujours eu une
place à part dans votre sollicitude. C'est que vous y voyez, non
l'intérêt pécuniaire, qui est peu de chose, mais l'intérêt moral,
qui est considérable. Mandataires de la grande cité, vous estimez
que la décoration de ses édifices, de ses boulevards, de ses places,
doit être en harmonie avec l'esprit qui l'anime. L'art, dans une
ville comme Paris, manquerait à sa mission la plus certaine s'il ,
se dépensait en futilités indifférentes ou en apologies surannées.
Sa tâche est d'être humain et de parler aux foules, par conséquent,
de prendre le premier rang dans l'ensemble des choses qui consti-
tuent l'enseignement de la place publique. Il faut qu'en donnant
satisfaction à l'idéal des pères, il aide à former l'intelligence des
enfants. C'est ainsi que Paris le comprend d'ailleurs, et Paris a
bien le droit, quand il s'agit de lui-même, d'exiger une orne-
mentation conforme à son génie et à ses destinées, qui sont le
génie et les destinées de la France.

« Pour arriver à un tel résultat, des vues d'ensemble et de la
suite dans le travail sont indispensables.

« Les soussignés ont pensé que le but serait atteint au moyen
d'une commission spéciale qui, étudiant les projets émanés de
l'administration, ceux dus à votre propre initiative, et ceux
fournis par les communications directes des artistes, serait
exclusivement et uniquement chargée de toutes les questions se
rattachant aux beaux-arts (musique comprise).

« Ils ont, en conséquence, l'honneur de vous proposer la
nomination de cette commission, et ils vous prient de fixer le
nombre de ses membres à cinq. »

Le conseil municipal s'est rallié à cette proposition, et il y a
lieu de l'en féliciter. L'histoire par le bronze et le marbre est
l'histoire essentiellement populaire et vivante. Elle convient à
une nation démocratique qui faisant appel à tous les dévouements
doit savoir honorer et donner en exemple ses plus nobles
serviteurs.

— Nous sommes heureux d'apprendre que notre collabora-
teur, M. Maxime Lalanne, auteur de tant de belles eaux-fortes,
d'admirables fusains et d'excellents écrits sur son art, et dont
l'enseignement est si apprécié â Paris et à Bordeaux — il se
partage entre les deux villes —vient d'être nommé officier d'Aca-
démie. De son côté un autre de nos collaborateurs, M. Jules
Jacquemart a été l'objet d'une distinction des plus flatteuses;
sur la présentation de M. le comte de Crenneville, l'émincnt
Surintendant des Beaux-Arts de l'Empire d'Autriche, il a été à
l'unanimité élu membre honoraire de l'Académie I. et R. des
Beaux-Arts de Vienne.

Cette nomination est un éclatant hommage rendu non-
 
Annotationen