Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

DOI Artikel:
Vimenal, Charles: Art musical: Étienne Marcel, opéra en quatre actes
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0226

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
204 L'ART.

le compositeur l'a tissée de motifs caractéristiques qui s'attachent aux flancs des personnages, les
suivent partout, reparaissent avec eux ou avec le souvenir de leurs actes, et se modifient avec
les circonstances, mais en conservant toujours leur allure propre. Tel le motif sinistre et « quinteux »
qui est inséparable du héros de la pièce et qui apparaît dès la première page de la partition.
C'est le procédé que Richard Wagner a érigé en système, qu'il a poussé parfois jusqu'à l'abus
non sans en avoir tiré de prodigieux effets, et qui entre les mains d'imitateurs maladroits menace
de dégénérer en insipide formule. M. Saint-Saëns, wagnérien comme Hérold était rossinien, a eu
soin d'éviter cet écueil. Il se garde bien d'imposer à ses motifs, pour la plupart heureusement
choisis, une tâche au-dessus de leurs forces, comprenant bien qu'à trop les fatiguer il ne réussirait
qu'à fatiguer son public. D'ailleurs il n'y a pas dans Etienne Marcel que des motifs à répétition,
et si serrée que soit la contexture musicale de l'œuvre, nombre de pages s'en détachent sans
difficulté.

Au premier acte, après un chœur de buveurs d'une franche tournure populaire, la chanson
d'Eustache, la piquante ballade du « sénéchal de Poitiers », et dans le finale, vaste scène de
conjuration savamment charpentée et d'un grand effet scénique, la marche imposante des échevins
et du chapitre. Au deuxième acte, la cavatine du dauphin, ravissante élégie qui n'a qu'un tort,
elle n'a qu'un couplet; au second tableau de ce même acte, un trio dramatique entre Marcel, sa
femme et sa fille; la romance de Béatrix et son duo avec Robert, morceaux purement mélodiques,
et d'un charme exquis. Au troisième acte, le chœur de la Saint-Jean ; le ballet, délicieuse suite
d'orchestre, dont les rhythmes alertes et les sonorités coquettes accompagnaient au théâtre de
Lyon un divertissement réglé avec beaucoup de goût ; puis la scène de l'espion, avec son ensemble
vocal dont la progression sonore est une sensation grandiose et irrésistible; enfin, l'arioso
découragé de Marcel, et son duo avec Eustache; au dernier acte, une ronde nocturne qui est un
petit chef-d'œuvre, une patrouille qui fait le guet dans l'orchestre, tandis que la trahison se
prépare sur la scène; une agréable romance de Robert; le quatuor qui précède la mort de
Marcel, avec son accompagnement syncopé déjà exposé dans le prélude de l'acte ; et pour finir,
la rentrée du dauphin dans Paris, au bruit des trompettes dont la fanfare, toujours la môme,
retombe toujours nouvelle sur le bruit des acclamations populaires; telles sont les pages les plus
saillantes de cet ouvrage dont nous sommes obligé de nous borner à indiquer le caractère
général et à constater l'éclatant succès.

La pièce est plus que convenablement jouée au théâtre de Lyon, par M. Delrat (Marcel),
premier baryton; M. Stéphane (Robert), ténor; M. Plançon (Eustache), deuxième baryton;
M"e Reine Mezeray (Béatrix), soprano , et M"e Luigini (le dauphin), contralto. Les chœurs ont de
la solidité, et l'orchestre fait honneur à son chef, M. Luigini fils. Le public lyonnais a bien droit
aussi à sa part d'éloges pour l'attention qu'il a prêtée à l'œuvre, et le sympathique accueil qu'il
a fait à un compositeur jusqu'ici traité en suspect par les théâtres parisiens. Lyon a donné là un
exemple qui, il faut l'espérer, ne sera pas perdu.

CHARL1 : S V1 M E N AI..

I.a dernière page de la partition d'orchestre d'Etienne Marcel.
 
Annotationen