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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Guide raisonné de l'amateur et du curieux
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0280

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GUIDE RAISONNÉ DE L'AMATEUR ET DU CURIEUX.

2 h*

« Les Liaisons dangereuses, 2 volumes in-8°. Londres,
1796, figures avant la lettre et eaux-fortes, 1,610 fr.

« Bien d'autres pièces, notamment la suite des vignettes de
Moreau, pour les œuvres de Voltaire, se sont vendues, 5, 6, 7,
8, ou 900 francs. Il serait trop long pour nous d'en donner ici
le de'tail.

« La vente Sieurin, qui laissera certainement un long sou-
venir dans la mémoire des amateurs, a été faite par M. Maurice
Delestre, assisté de MM. Clément et Labitte. »

Cette vente a produit la somme totale de 190,424 francs.

A huitaine les ventes Laperlier et Landon de Longeville,
qui ont obtenu un complet succès.

VII

Le 18 février a eu lieu, à Bruxelles, la vente de la collection
de M. Barthélémy Dumortier qui, de son vivant, n'avait jamais
pardonné à M. Étienne Le Roy de s'être refusé net à admettre
cette galerie de chefs-d'œuvre dans une merveilleuse exposition
rétrospective organisée par les soins du digne et savant Com-
missaire-expert du Musée royal de Belgique.

LIndépendance belge a donné de cette vente un compte
rendu pour lequel'notre émincnt collaborateur, M. Edouard
Fétis, avait taillé sa plume la plus spirituelle :

0 La célèbre collection de tableaux de feu M. Dumortier a
été dispersée mardi, à Bruxelles, nous ne dirons pas au feu,
mais aux glaces des enchères publiques. Ce qui avait rendu cette
collection célèbre dans le monde des amateurs belges, c'était
l'illusion bien connue que se faisait son possesseur sur l'authen-
ticité des œuvres dont elle se composait. Cet excellent
M. Dumortier, à qui sa fortune aurait permis d'acquérir des
tableaux réels, avait la prétention et la manie des trouvailles. Il
n'achetait que des tableaux de rencontre, qu'il baptisait immé-
diatement des noms les plus illustres, et qu'il plaçait dès lors
dans sa galerie avec un respect religieux, et l'on sait ce qu'était
pour lui ce respect-là. Il n'admettait pas la discussion sur ses
attributions arbitraires. Le moindre doute exprimé par un de
ses meilleurs amis, devenait contre celui-ci une cause d'inimitié.
La précaution prise par M. Dumortier de soustraire ses tableaux
à toute critique a fait qu'il n'a pas été troublé dans ses jouis-
sances de collectionneur. Il avait fini par croire sincèrement
qu'il était entouré de chefs-d'œuvre. Peu de personnes avaient
vu sa galerie qui se trouvait à Tournai, en sorte que lorsqu'il en
parlait avec admiration et avec orgueil, il avait beaucoup de
chances pour être cru sur parole. Toutefois, comme il n'est pas
de secret si bien gardé qui ne soit connu à la longue, la réputa-
tion de la collection de M. Dumortier était faite parmi les
artistes et les amateurs.

« L'exposition publique des chefs-d'œuvre de feu M. Du-

mortier a tenu plus qu'elle ne promettait, en prenant les choses
à rebours. Quelque averti qu'on eût été de l'innocente manie de
ce collectionneur, on ne pouvait pas supposer que ses illusions
eussent été poussées aussi loin. Tous les visages étaient souriants
à la vue des étranges tableaux auxquels M. Dumortier avait
attaché des étiquettes illustres. Le pauvre homme aurait beau-
coup souffert, s'il avait pu voir, de l'autre monde, l'impression
que produisait sa galerie mise au grand jour.

« Quelques indications des prix de vente feront mieux
connaître que toutes les paroles du monde la distance qu'il y a
eu entre les attributions arbitraires de M. Dumortier et les
jugements des connaisseurs. On a vendu : un Corrége, 370 fr. ;
un autre, 3 10 fr.; une Sainte Famille de Van Dyck, ]6o fr.; deux
figures par Frans Hais, 270 fr., et un portrait par le même,
85 fr.; un Memling, 65 fr.; un Muriilo (presque aussi grand que
celui de 600,000 fr. du Louvre), 280 fr.; un Raphaël, 525 fr.; un
Rembrandt, 220 fr.; un autre, 60 fr.;un autre, 26 fr. ; un Titien,
200 fr.; un autre, 135 fr.; un autre, 60 fr.; un grand Rubens,
160 fr.; un autre, 270 fr.; un Teniers, 260 fr.; un autre, 90 fr.;
un autre, 50 fr.; un grand portrait de Velasquez, 400 fr.: un
Terburg, 45 fr.; un Cuyp, 180 fr.; un Hobbema, 400 fr.; un
autre, i2ofr.;un autre, 130 fr.; un autre, 150 fr. M. Dumortier
avait découvert tous ces Hobbema dans une ferme de la Campine,
ce qui lui avait donné lieu d'affirmer, en bon patriote, que ce
maître n'était pas Hollandais, mais Belge, étant né en Campine.

« L'adjudication capitale de la vente a été celle de deux
portraits de grandeur naturelle, à mi-jambes. M. Dumortier
s'était imaginé, on ne sait pourquoi, que ces portraits étaient
ceux des archiducs Albert et Isabelle, auxquels ils ne ressemblent
nullement, qu'ils étaient de Rubens qui n'a jamais songé à les
peindre, et qu'ils provenaient de l'ancienne cour de Bruxelles,
où ils n'ont jamais été. Deux des personnes intéressées à la
vente ont fait monter ces portraits à la somme de 4,000 francs.
La même circonstance a été cause de l'élévation relative de
certains prix. On a beaucoup ri en voyant la même personne
mettre sur un lot plusieurs enchères successives, sans aucune
riposte de la part des assistants. Citons encore, parmi les adju-
dications mémorables: un Nicolas Maes, à 90 fr. ; un Quentin
Metsys, à 26 fr., et un autre, à 20 fr.; un portrait d'Holbein, à
46 fr.; un Fra Bartolomeo capital, à400 fr.; un Pieter de Hooge,
à 220 fr.; un Vander Neer, à 60 fr.; un VVatteau, à 230 fr.; un
autre, à 100 fr.; un autre, à 30 fr.; un Weenix, à 35 fr.; un
Wynants, à 34 fr.

« Telle a été la rente de la collection de M. Dumortier.
Tous ceux qui y ont assisté en garderont un joyeux souvenir. »

C'est ce même M. Dumortier que M. Adolphe Siret avait
pris pour une autorité artistique dans sa mémorable campagne
en faveur de son phénomène avorté, le petit Frédéric Van de
Kerkhove.

Cul-de-lampe compose par Eisen, gravé par De Ghendt.
 
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