CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE.
ture de la mine, et, ayant desséché les galeries, ils y travaillent
à leur aise. Cette machine est si ingénieusement construite que
par son moyen on ferait écouler d'énormes masses d'eau et
on tirerait aisément un fleuve entier des profondeurs de la terre
à sa surface. Les ouvriers qui travaillent dans les mines rap-
portent donc à leurs maîtres d'énormes revenus. Ces malheu-
reux, occupés nuit et jour dans les galeries souterraines, épuisent
leurs forces et meurent en grand nombre d'un excès de misère.
On ne leur donne aucun répit; les chefs les contraignent par des
coups à supporter leur infortune, jusqu'à ce qu'ils expirent
misérablement. Quelques-uns, dont le corps est plus robuste et
l'âme plus fortement trempée, trament longtemps leur malheu-
reuse existence; cependant l'excès des maux qu'ils endurent
leur doit faire préférer la mort.
« Parmi les nombreuses particularités de ces mines, on
remarque comme un fait curieux qu'il n'y en a aucune dont
l'exploitation soit récente : toutes ces mines ont été ouvertes par I
l'avarice des Carthaginois, à l'époque où ils étaient maîtres de
llbérie. C'était, là la source de leur puissance; c'était de là
qu'ils tiraient l'argent pour solder les puissantes et nombreuses
armées dont ils se servaient dans toutes leurs guerres. On trouve
aussi de l'étain en plusieurs endroits de l'Ibérie, non pas à la
surface du sol, comme quelques historiens l'ont prétendu, mais
dans des mines d'où on le retire pour le faire fondre comme
l'argent et l'or. Les plus riches mines d'étain sont dans les
îles de l'Océan en face de l'Ibérie et au-dessus de la Lusitanie,
et nommées pour cette raison les îles Cassitérides. On fait aussi
passer beaucoup d'étain de l'île Britannique, située en face de
la Gaule; les marchands le chargent sur des chevaux et le trans-
portent à travers l'intérieur de la Celtique jusqu'à Marseille et
à Narbonne. Cette dernière ville est une colonie des Romains;
en raison de sa situation et de son opulence, elle est le plus
important entrepôt de cette contrée. »
(La suite prochainement.) RENÉ MÉNARD.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
LIVRES NOUVEAUX ET ÉDITIONS NOUVELLES
XVIII
119. — Les Tableaux des ci-devant établissements religieux
de Cambrai, 1 78Q-1S06, par A. Durieux. Une brochure in-S°
de 54 pages. Cambrai, librairie J. Renaut. 1SS0.
120. — L'Exposition des beaux-arts à Besançon en 1880 ;
Essai de critique d'art, par V. Gujllemin, peintre, membre des
commissions artistiques de Besançon et du Doubs. Une bro-
chure in-8° de 96 pages. Besançon, J. Jacquin. 1880.
121. — La Relique de Molière, du cabinet du baron Vivant-
Denon, par M. Ulric Richard-Desaix. Une brochure in-8° de
44 pages, ornée du portrait du baron Vivant-Denon, dessiné et
gravé à l'eau-forte par lui-même. Paris, Vignières, éditeur
d'estampes, et Arnauld et Labat, libraires, 1880.
122. — C. I. Cavallucci. Délia Loggetta di Santa Maria
délia Misericordia delta del Bigallo c dei Restauri proposti dal
Professore Giuseppe Castclla^p alla metà superiore di Ess.i.
Brochure de 1 1 pages. Extrait de la Napone de Florence.
i2ï. — Art at home Séries. The Minor Arts : Porcelain
Painting, Wood-Carving, Stencilling, Modelling, Mosaic
Work, etc., by Charles G. Leland. London : Macmillan and
Co, 1880. Un volume in-iS de 148 pages, illustré.
124. —■ Austellung der Kunstgewerblichen Alterthùmer in
Dusseldorf 1880. Im Selbstverlag des Vorstandes der Austel-
lung Kunstgewerblicher Alterthùmer. Un volume iri-r'8 de
306 pages.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ETRANGERE
France. — 11 y a un an, M. de Longpérier annonçait à
l'Académie des Inscriptions la découverte que venait de faire
à Constantinople M. Gustave Schlumberger. Cette découverte
consistait en une quantité considérable de monnaies anciennes
provenant des Arabes du Yémen. M. de Longpérier vient, dans
la séance de l'Académie du 17 septembre, de déposer sur le
bureau un premier travail de M. G. Schlumberger sur cette pré-
cieuse collection numismatique, désignée sous le nom de Trésor
de Sana. Deux cents monnaies ont été triées, étudiées, pesées ;
il résulte de là un classement déjà fort important. Il y a douze
ans, on ne connaissait pas de monnaies himyaritiques antérieures
à l'islamisme. Depuis lors, on n'avait recueilli que de rares
spécimens de ces monuments si nécessaires pour l'histoire des
antiques habitants du Yémen. Les monnaies himyaritiques,
comme tant d'autres pièces de l'antiquité, portent dés marques
d'atelier.
Déjà deux villes, Nagram et Gab, ont pu être proposées. Le
reste viendra plus tard. Tandis que M. G. Schlumberger se
défend avec modestie d'avoir fait œuvre d'orientaliste, M. de
Longpérier le félicite de s'être montré très habile numismatiste.
Tous les détails des types sont passés en revue par l'auteur et
rattachés à des particularités observées et admises pour le mon-
nayage des peuples voisins. Ce sera à la numismatique himyari-
tique que l'archéologie devra une grave interversion dans le
classement du numéraire athénien tel que l'avaient constitué en
dernier lieu Arneth, Rathgeber et Beulé. C'est là un fait des plus
intéressants, et ce n'est pas la seule conséquence utile qui ressor-
tira du travail de M. G. Schlumberger.
— Notre éminent collaborateur, M. Louis de Ronchaud,
secrétaire général du Ministère des Beaux-Arts, vient de faire
paraître, à la Librairie des Bibliophiles, le Filleul de la Mort,
fabliau lorrain qu'il a mis en vers. Ce très élégant volume in-8°
est orné d'une eau-forte par Adolphe Lalauze.
■—■ U Harmonie du Commerce vient de confier ses destinées
artistiques à M. Sazingues, artiste de l'Opéra et premier prix du
Conservatoire, en le nommant directeur de la Société.
Pour donner plus d'extension à la nouvelle organisation,
des cours gratuits sont ouverts au siège de la Société, boulevard
Sébastopol, n° 6, depuis le ier octobre prochain.
Ces cours comprendront: l'enseignement du solfège, l'étude
ture de la mine, et, ayant desséché les galeries, ils y travaillent
à leur aise. Cette machine est si ingénieusement construite que
par son moyen on ferait écouler d'énormes masses d'eau et
on tirerait aisément un fleuve entier des profondeurs de la terre
à sa surface. Les ouvriers qui travaillent dans les mines rap-
portent donc à leurs maîtres d'énormes revenus. Ces malheu-
reux, occupés nuit et jour dans les galeries souterraines, épuisent
leurs forces et meurent en grand nombre d'un excès de misère.
On ne leur donne aucun répit; les chefs les contraignent par des
coups à supporter leur infortune, jusqu'à ce qu'ils expirent
misérablement. Quelques-uns, dont le corps est plus robuste et
l'âme plus fortement trempée, trament longtemps leur malheu-
reuse existence; cependant l'excès des maux qu'ils endurent
leur doit faire préférer la mort.
« Parmi les nombreuses particularités de ces mines, on
remarque comme un fait curieux qu'il n'y en a aucune dont
l'exploitation soit récente : toutes ces mines ont été ouvertes par I
l'avarice des Carthaginois, à l'époque où ils étaient maîtres de
llbérie. C'était, là la source de leur puissance; c'était de là
qu'ils tiraient l'argent pour solder les puissantes et nombreuses
armées dont ils se servaient dans toutes leurs guerres. On trouve
aussi de l'étain en plusieurs endroits de l'Ibérie, non pas à la
surface du sol, comme quelques historiens l'ont prétendu, mais
dans des mines d'où on le retire pour le faire fondre comme
l'argent et l'or. Les plus riches mines d'étain sont dans les
îles de l'Océan en face de l'Ibérie et au-dessus de la Lusitanie,
et nommées pour cette raison les îles Cassitérides. On fait aussi
passer beaucoup d'étain de l'île Britannique, située en face de
la Gaule; les marchands le chargent sur des chevaux et le trans-
portent à travers l'intérieur de la Celtique jusqu'à Marseille et
à Narbonne. Cette dernière ville est une colonie des Romains;
en raison de sa situation et de son opulence, elle est le plus
important entrepôt de cette contrée. »
(La suite prochainement.) RENÉ MÉNARD.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
LIVRES NOUVEAUX ET ÉDITIONS NOUVELLES
XVIII
119. — Les Tableaux des ci-devant établissements religieux
de Cambrai, 1 78Q-1S06, par A. Durieux. Une brochure in-S°
de 54 pages. Cambrai, librairie J. Renaut. 1SS0.
120. — L'Exposition des beaux-arts à Besançon en 1880 ;
Essai de critique d'art, par V. Gujllemin, peintre, membre des
commissions artistiques de Besançon et du Doubs. Une bro-
chure in-8° de 96 pages. Besançon, J. Jacquin. 1880.
121. — La Relique de Molière, du cabinet du baron Vivant-
Denon, par M. Ulric Richard-Desaix. Une brochure in-8° de
44 pages, ornée du portrait du baron Vivant-Denon, dessiné et
gravé à l'eau-forte par lui-même. Paris, Vignières, éditeur
d'estampes, et Arnauld et Labat, libraires, 1880.
122. — C. I. Cavallucci. Délia Loggetta di Santa Maria
délia Misericordia delta del Bigallo c dei Restauri proposti dal
Professore Giuseppe Castclla^p alla metà superiore di Ess.i.
Brochure de 1 1 pages. Extrait de la Napone de Florence.
i2ï. — Art at home Séries. The Minor Arts : Porcelain
Painting, Wood-Carving, Stencilling, Modelling, Mosaic
Work, etc., by Charles G. Leland. London : Macmillan and
Co, 1880. Un volume in-iS de 148 pages, illustré.
124. —■ Austellung der Kunstgewerblichen Alterthùmer in
Dusseldorf 1880. Im Selbstverlag des Vorstandes der Austel-
lung Kunstgewerblicher Alterthùmer. Un volume iri-r'8 de
306 pages.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ETRANGERE
France. — 11 y a un an, M. de Longpérier annonçait à
l'Académie des Inscriptions la découverte que venait de faire
à Constantinople M. Gustave Schlumberger. Cette découverte
consistait en une quantité considérable de monnaies anciennes
provenant des Arabes du Yémen. M. de Longpérier vient, dans
la séance de l'Académie du 17 septembre, de déposer sur le
bureau un premier travail de M. G. Schlumberger sur cette pré-
cieuse collection numismatique, désignée sous le nom de Trésor
de Sana. Deux cents monnaies ont été triées, étudiées, pesées ;
il résulte de là un classement déjà fort important. Il y a douze
ans, on ne connaissait pas de monnaies himyaritiques antérieures
à l'islamisme. Depuis lors, on n'avait recueilli que de rares
spécimens de ces monuments si nécessaires pour l'histoire des
antiques habitants du Yémen. Les monnaies himyaritiques,
comme tant d'autres pièces de l'antiquité, portent dés marques
d'atelier.
Déjà deux villes, Nagram et Gab, ont pu être proposées. Le
reste viendra plus tard. Tandis que M. G. Schlumberger se
défend avec modestie d'avoir fait œuvre d'orientaliste, M. de
Longpérier le félicite de s'être montré très habile numismatiste.
Tous les détails des types sont passés en revue par l'auteur et
rattachés à des particularités observées et admises pour le mon-
nayage des peuples voisins. Ce sera à la numismatique himyari-
tique que l'archéologie devra une grave interversion dans le
classement du numéraire athénien tel que l'avaient constitué en
dernier lieu Arneth, Rathgeber et Beulé. C'est là un fait des plus
intéressants, et ce n'est pas la seule conséquence utile qui ressor-
tira du travail de M. G. Schlumberger.
— Notre éminent collaborateur, M. Louis de Ronchaud,
secrétaire général du Ministère des Beaux-Arts, vient de faire
paraître, à la Librairie des Bibliophiles, le Filleul de la Mort,
fabliau lorrain qu'il a mis en vers. Ce très élégant volume in-8°
est orné d'une eau-forte par Adolphe Lalauze.
■—■ U Harmonie du Commerce vient de confier ses destinées
artistiques à M. Sazingues, artiste de l'Opéra et premier prix du
Conservatoire, en le nommant directeur de la Société.
Pour donner plus d'extension à la nouvelle organisation,
des cours gratuits sont ouverts au siège de la Société, boulevard
Sébastopol, n° 6, depuis le ier octobre prochain.
Ces cours comprendront: l'enseignement du solfège, l'étude