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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Fouqué, Octave: Art dramatique, [1]: Opéra, Le Comte Ory - Théatre de la Renaissance, Belle Lurette
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0154

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142

L'ART.

mier acte a été chanté avec une sûreté digne d'éloges : un si
grand nombre de voix, nullement soutenues par l'orchestre, et
ne perdant pas d'un comma l'intonation première, cela est cer-
tainement à remarquer.

Ce morceau, admirablement sonore, vient directement de la
cantate de 1825, origine première du Comte Ory. La partition
d'il Viaggw à Reims n'existe plus. A l'époque ou cet ouvrage
fut joué, on gravait beaucoup moins de musique qu'aujourd'hui,
et quant au manuscrit, il a probablement été vendu comme
maculature au moment où le théâtre Ventadour a été cédé à la
société financière qui l'occupe actuellement. Il est certain que
la partition existait encore à ce théâtre en 1848, car elle servit
de canevas à un vaudeville en deux actes qu'y fit jouer
M. Henri Dupin, le vénérable doyen de nos auteurs drama-
tiques, alors directeur des Italiens. Ce vaudeville avait pour
titre : Andremo à Parigi? et pour sujet les terreurs d'une
famille de bourgeois en villégiature à Plombières, et qui, croyant
que Paris était à feu et à sang, n'osaient réintégrer leur domicile
de la rue Saint-Denis. Sans doute on avait retranché de cet
à-propos l'air de Vive Henri IV, qui revenait, dit-on, vingt-
quatre fois dans la partition d'il Viaggio à Reims, et, avec les
morceaux qui sont passés dans le Comte Ory, faisait le fonds de
l'ouvrage.

On voit que la musique de Rossini a été accommodée à
toutes sauces, et servie à différents ragoûts. Les interprètes du
Voyage à Reims étaient Mmes Pasta et Cinti - Damorcau ;
MM. Levasseur, Zucchelli, Pellegrini, Graziani, enfin S'cudo,
ex-élève de l'école Choron et futur critique de la Revue des
Deux-Mondes.

A l'Opéra, le Comte Ory fut créé par Nourrit, Levasseur,
Dabbadie, Alexis Dupont, Massol, Mmos Damoreau, Jawureck
et Mori. De 1828 à 1866, le Comte Ory, tantôt donné dans son
entier, tantôt fragmenté et diminué d'un acte, servit de lever de
rideau à tous les ballets du répertoire Le nombre total des
représentations s'est élevé à 373. A la dernière reprise,
M. Warot, dans le rôle principal, obtint un succès dont le sou-
venir n'est pas encore perdu. MM. Dereims et Boudouresque.
MUcs Daram , Janvier, Nivet-Grenier, auront quelque peine à
éclipser leurs devanciers.

Le théâtre de la Renaissance a donné samedi la première
représentation d'une opérette posthume d'Offenbach. Celui que
ses intimes appelaient le grand Jacques était, on doit l'avouer,
roi dans son domaine. Ses imitateurs et ses rivaux n'ont pu
surprendre le secret de ces rythmes faciles sans excessive bana-
lité, populaires sans tomber dans la vulgarité écœurante, qui
enlèvent et font trépigner quinze cents auditeurs plus ou moins

! sensibles à la musique. Tout Paris chantera bientôt ce refrain
du premier acte de Belle Lurette :

Nous venons chercher le jabot...,
Le jabot...,
I.e jabot du colonel.

On chantera moins les couplets sur la statistique, car il faut
toute la dextérité professionnelle de MM. Jolly, Vauthier et Lary
pour arriver à prononcer assez vite ces mots qui font l'effet des
cailloux de Démosthènes :

Pour statistiquer, statistiquer, je veux vivre...

Les trois actes de Belle Lurette ont pour auteurs MM. Ernest
Blum, Edouard Blan et Raoul Toché ; ils roulent sur les amours
d'une ouvrière blanchisseuse et d'un duc de Marly, sur lesquelles
i sont entées celles d'un intendant et d'une maîtresse blanchis-
seuse, celle-ci admirablement représentée par une très fine et
très spirituelle actrice, Mmc Mily-Meyer. Belle Lurette, c'est
| M"" Jane Hading, et le duc est joué par M. Cooper. La mise en
scène est extrêmement soignée, et les décors, très artistiques.
Le premier tableau représente un atelier de blanchisserie, avec
ses tables, ses battoirs, ses immenses paniers destinés à recéler
des mousquetaires. Tout cela d'une couleur très gaie et très
appropriée à la pièce. Le second représente les appartements du
duc de Marly : on a réussi à nous faire voir un salon de Louis XV
. qui ne fût pas banal et des toilettes du même temps qui, tout
en étant d'un goût parfait, présentent un aspect original. Quant
nu troisième acte, il se passe au Bas-Meudon, dans un bal de
blanchisseuses, à la mi-carème. Un grand carré plein de fleurs
I et de lumière ; au-dessus, des balcons où la Dubarry et les
I seigneurs du temps viennent se donner le spectacle de la joie
populaire; au fond, la Seine, bleue et profonde, avec les îles
plantées de grands arbres. Cela est d'un joli ton, qui séduit et
repose l'œil. Dans ce milieu tranquille se meuvent les mille
I costumes bariolés de la fête des blanchisseuses, au milieu des-
! quels la blonde M11" Hading. avec sa robe d'un rouge vif. jette
une note vibrante.

La direction de la Renaissance a tout fait pour mériter la
reconnaissance des hommes d'esprit qui lui ont apporté Belle
j Lurette, et pour honorer la mémoire du compositeur. Depuis la
: mort d'Offenbach, M. Léo Delibes avait été prié de surveiller
les répétitions ; et tout, jusqu'au moindre mouvement de la
dernière figurante, a été étudié par M. Victor Koning, de façon
à atteindre la plus grande perfection d'ensemble qui se puisse
rêver sur un théâtre d'opérette.

Octave Fouque.

EXPOSITIONS

Italie. — La Société qui s'est formée en Toscane sous
l'invocation du grand nom de Donatello ouvrira le 1e1' novembre
prochain une exposition qui sera formée principalement de
tapisseries appartenant à la maison du roi d'Italie et de dessins
originaux qui jamais encore n'ont été montrés au public et qui
étaient conservés dans les dépôts des galeries royales.

Cette exposition aura lieu dans l'ancien couvent de Santa
Croce, à Florence. Aux tapisseries seront joints d'abord quelques
produits similaires ou analogues, tels que tissus, broderies, den-
telles, cuirs frappés; ensuite, et par exception, quelques pré-
cieux objets d'art ancien, jugés dignes des honneurs de l'exhibi-
tion par la commission ordonnatrice.

Seront exclus les meubles, peintures, statues et en général
tous les objets volumineux qui, occupant trop de place dans

l'ancien couvent, nuiraient à l'effet des ouvrages qu'on se pro-
pose spécialement d'exposer.

Turquie. — Pour la première fois , une exposition de
tableaux vient d'être organisée en Turquie ; cette exposition a
eu lieu à Constantinople, dans le local de l'École grecque, située
dans le quartier de Therapis.

Les artistes vivants, sans distinction de nationalité ni de reli-
gion, étaient autorisés à envoyer leurs œuvres. Dans le nombre,
on n'a compté que deux musulmans. L'un, le fils d'un grand
vizir, a exposé un tableau de genre représentant : Deux Femmes
au harem, faisant de la musique ; l'autre, une princesse turque,
a exposé un ou plusieurs tableaux de fleurs. Parmi les autres
exposants, on remarquait des Arméniens, des Levantins, un
Français et une Anglaise.
 
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