Frise d'une cheminée en pierre de Florence (commencement du xve siècle).
Dessin de John Watkins.
AMATEURS
COLLECTIONNEURS ET ARCHÉOLOGUES FLORENTINS
A L'ÉPOQUE DE LA PREMIÈRE RENAISSANCE1
VII
LAURENT LE MAGNIFIQUE
a Renaissance, si riche en grands hommes, n'a pas connu d'organisation plus
brillante que Laurent de Médicis. Le premier dans les tournois comme dans
la diplomatie, à la fois financier habile et poète d'un incontestable talent,
humaniste et amateur, bibliophile et arche'ologue, Laurent a séduit son siècle
par sa courtoisie, son esprit, sa magnificence. La postérité, en lui décernant
le surnom de Magnifique, n'a retenu que la dernière de ces qualités ; mais,
parmi tant de mérites, c'est bien là celui qui doit nous toucher le moins.
Une pareille universalité semblait devoir exclure les aptitudes spéciales.
L'intérêt ne s'émousse-t-il pas quand il s'attache à tant d'objets divers ? Les
connaissances ne perdent-elles pas en profondeur ce qu'elles gagnent en étendue ?
Laurent fait exception à la règle. Le culte du beau, la recherche des
œuvres d'art ne sont à coup sûr qu'une des nombreuses faces sous lesquelles
il se présente à nous, et cependant, même considéré sous ce point de vue
spécial, il peut passer pour l'expression la plus haute et la plus
complète de ce que l'on appelle aujourd'hui un amateur. Il se pas-
sionne au même degré pour les restes de l'art antique et pour les
productions des contemporains, pour les manuscrits, les tableaux, les
statues, les tapisseries, les pierres gravées, pour les créations monumentales et pour ces chefs-
d'œuvre de fini, dont la valeur est en raison même de leur exiguïté.
A cette ardeur sans égale pour la recherche de tout ce qui est beau, précieux ou curieux,
Laurent joint un désintéressement rare chez un collectionneur. Il ne connaît point de jouissances
égoïstes. S'il entasse dans son palais tant de merveilles, ce n'est point seulement pour sa
satisfaction personnelle, c'est aussi pour fournir à ses amis, à ses concitoyens, les éléments d'un
enseignement qu'ils auraient vainement cherché ailleurs. Le premier, il a fondé un musée
d'études, une école des beaux-arts.
Lettre de A. Mitelli 2,
1. Voir l'Art, 6» année, tome I", pages 129, 15), 177 ; tome II, pages 49 et 77.
2. Tirée de l'Alfabeto in sogno, exemplare per disegnare, di Giuseppe M* Mitelli, pittore Bolognese. MDCLXXXIII.
Dessin de John Watkins.
AMATEURS
COLLECTIONNEURS ET ARCHÉOLOGUES FLORENTINS
A L'ÉPOQUE DE LA PREMIÈRE RENAISSANCE1
VII
LAURENT LE MAGNIFIQUE
a Renaissance, si riche en grands hommes, n'a pas connu d'organisation plus
brillante que Laurent de Médicis. Le premier dans les tournois comme dans
la diplomatie, à la fois financier habile et poète d'un incontestable talent,
humaniste et amateur, bibliophile et arche'ologue, Laurent a séduit son siècle
par sa courtoisie, son esprit, sa magnificence. La postérité, en lui décernant
le surnom de Magnifique, n'a retenu que la dernière de ces qualités ; mais,
parmi tant de mérites, c'est bien là celui qui doit nous toucher le moins.
Une pareille universalité semblait devoir exclure les aptitudes spéciales.
L'intérêt ne s'émousse-t-il pas quand il s'attache à tant d'objets divers ? Les
connaissances ne perdent-elles pas en profondeur ce qu'elles gagnent en étendue ?
Laurent fait exception à la règle. Le culte du beau, la recherche des
œuvres d'art ne sont à coup sûr qu'une des nombreuses faces sous lesquelles
il se présente à nous, et cependant, même considéré sous ce point de vue
spécial, il peut passer pour l'expression la plus haute et la plus
complète de ce que l'on appelle aujourd'hui un amateur. Il se pas-
sionne au même degré pour les restes de l'art antique et pour les
productions des contemporains, pour les manuscrits, les tableaux, les
statues, les tapisseries, les pierres gravées, pour les créations monumentales et pour ces chefs-
d'œuvre de fini, dont la valeur est en raison même de leur exiguïté.
A cette ardeur sans égale pour la recherche de tout ce qui est beau, précieux ou curieux,
Laurent joint un désintéressement rare chez un collectionneur. Il ne connaît point de jouissances
égoïstes. S'il entasse dans son palais tant de merveilles, ce n'est point seulement pour sa
satisfaction personnelle, c'est aussi pour fournir à ses amis, à ses concitoyens, les éléments d'un
enseignement qu'ils auraient vainement cherché ailleurs. Le premier, il a fondé un musée
d'études, une école des beaux-arts.
Lettre de A. Mitelli 2,
1. Voir l'Art, 6» année, tome I", pages 129, 15), 177 ; tome II, pages 49 et 77.
2. Tirée de l'Alfabeto in sogno, exemplare per disegnare, di Giuseppe M* Mitelli, pittore Bolognese. MDCLXXXIII.