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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0082

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L'ART.

qui ne le cède en rien aux précédents, sur les Noces d'Hélène
et de Paris représentées en bas-relief sur un grand cratère de
marbre grec découvert à l'Esquilino, dans l'ancienne vigne du
monastère de Saint-Antoine, et placé aujourd'hui dans la nou-
velle salle octogone du Musée Capitolin.

La description de ce beau monument, les observations, les
commentaires et les rapprochements ingénieux et savants dont
elle est accompagnée témoignent d'une érudition peu commune
et de connaissances aujourd'hui encore bien rares chez une
femme, et une femme du monde.

Après la notice de Mm0 Lovatelli, le Bulletin nous donne la
suite des Suppléments au volume VI du Corpus inscriptionum
latinorum de M. Rodolfo Lanciani et une étude de M. le pro-
fesseur Carlo Ludovico Visconti sur une statue d'Hercule
combattant.

Ce beau monument en marbre pentélique a été trouvé en
fragments dans un vieux mur de fondation près des jardins de
Mécène, à l'Esquilino. Après avoir été habilement reconstitué et

restauré, il a été placé dans la nouvelle salle octogone du Musée
du Capitole où on l'admire aujourd'hui.

La livraison du Bulletin est ornée de planches lithogra-
phiées et photographiées, représentant sous différents aspects
les sujets décrits par Mm0 Lovatelli et M. Visconti.

— L'Archœological Society, fondée à,Rome par des Anglais
et soutenue par des souscriptions anglaises, a cessé d'exister.
Depuis le départ de M. J. H. Parker, qui en était l'âme et qui est
retourné à Oxford, l'institution languissait.

Pays-Bas. — Par autorisation du ministre de l'intérieur en
date du 5 août, le terme pour l'envoi des esquisses et modèles des
sculptures décoratives du Musée en voie d'exécution à Amster-
dam, a été prorogé du 1 " octobre au ier décembre prochain.

Russie. — Dans le royaume de Pologne, il vient de se
constituer sous ce titre : Pierwsja wars^awska agentura artys-
tycpia, une association qui a pour but de développer les rela-
tions entre les artistes étrangers et les artistes nationaux, d'orga-
niser des expositions et d'encourager l'art polonais.

NECROLOGIE

— Jacques Offenbach est mort le 5 octobre, avant sa
musique dont on a dit beaucoup de mal — souvent avec
raison — mais qui a cependant la vie plus dure qu'on ne se
l'imaginait. C'est que cette musique, bien qu'appartenant à
un genre inférieur, a cependant dans ses meilleures parties
deux qualités : elle est gaie et facile, ce qui assure son succès
auprès de la foule, mais en même temps elle a des qualités
personnelles, qui ne permettent pas de confondre Offenbach
avec les imitateurs du genre qu'il a créé. Car, en dépit de
toutes les critiques et des plus méritées, Offenbach a été un
créateur, et le créateur d'un genre qui a tenu dans ces vingt
dernières années, et surtout de :86o à 1870, une place
considérable. On a pu dire de lui : « C'est comme un homme
de génie qui ne saurait pas l'orthographe. »

Et en effet, s'il est facile de relever dans les compositions
d'Offenbach de nombreuses fautes d'orthographe, des bouf-
fonneries qui tombent dans la trivialité et une recherche
exagérée du comique à tout prix, il n'en est pas moins vrai
que dans beaucoup de ses opérettes il y a des morceaux
vraiment enlevés, et admirablement appropriés aux situa-
lions. On peut même dire que dans l'homme qui a fait la
Clianson de Fortunio, le Pont des Soupirs, le Mariage aux
lanternes, il y avait quelque chose de plus que ce que l'on
trouve dans la plus grande partie de son œuvre. Mais il avait
les défauts de ses qualités. Son extraordinaire facilité et
l'engouement du public l'ont amené progressivement à ne
p!us faire que de l'improvisation.

Il avait plusieurs fois tenté d'aborder l'opéra-comique.
Il n'y eut jamais de succèi.

Après avoir fait partie, en qualité de violoncelliste, de
l'orchestre de l'Opéra-Comique, il fut nommé, en 1847,
chef d'orchestre au Théâtre-Français. En 1855, à l'occasion
de l'Exposition universelle, il ouvrit, aux Champs-Elysées,
le petit théâtre des Bouffes-Parisiens, qu'il transporta ensuite
passage Choiseul. Puis, il les quitta pour donner aux Va-
riétés la Belle Hélène, Barbe-Bleue, la Grande-Duchesse
de Gérolstein. Plus tard, il prit la direction du théâtre de
la Gaîté, s'y ruina et partit, en 1876, pour l'Amérique où
il eut de grands succès, qu'il raconta dans les Notes d'un
musicien en voyage. De retour au bout d'une année, il ht
représenter aux Folies-Dramatiques Madame Favart et la
Fille du Tambour-major. En ce moment même, le théâtre
de la Renaissance prépare la Belle Lurette et l'Opéra-Co-
mique annonce les Contes d'Hoffmann.

Quelques jours avant sa mort, on fêtait à l'Hôtel Conti-
nental la centième de sa centième pièce. C'était la Fille du
Tambour-major.

Il était déjà bien malade, mais il mourait en pleine
gloire. Aussi était-il convaincu, comme il le disait : « qu'on
représenterait toujours des pièces d'Offenbach, qu'on chan-
terait toujours de la musique d'Offenbach, et qu'on dan-
serait toujours sur de la musique d'Ofienbach ».

Nous aimons â croire qu'il se faisait quelque illusion.
Malgré tous ses mérites, que du reste nous ne nions pas,
il est à espérer que la musique d'Offenbach vivra moins
longtemps que celle de Beethoven, qu'il dédaignait proton-
dément.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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