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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Leroi, Paul: Eaux-fortes nouvelles, [2]
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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0267

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ART DRAMATIQUE.

tandis que d'autres amis de l'écrivain s'amusaient à illustrer les
autres volets de la maisonnette.

Nous ne connaissons pas de frontières artistiques et n'avons
cessé de le démontrer par des faits, la bonne méthode à notre
avis. Les phrases coûtent moins cher; nous les laissons aux gens
qui ne prodiguent que cela et les prodiguent même à tort et à
travers.

Ce que nous avons été heureux de réaliser, entre autres
pour un jeune aquafortiste anglais, M. J. Parle, qui nous
donne encore aujourd'hui The End of the Voyagé1, nous ne
le faisons pas avec moins d'empressement pour un graveur
allemand, M. Wilhelm Rohr, dont l'Art vient d'acquérir les
brillantes interprétations de deux des plus célèbres Teniers de la
Pinacothèque royale de Munich : Le Ménétrier et Intérieur de
cabaret.

Tout comme nous avons à cœur d'appeler à nous les talents
sincères des diverses nations et de leur réserver le plus cordial
accueil, —la France a toujours été et restera largement hospi-
talière aux artistes de mérite d'où qu'ils viennent, —■ nous tenons
à honneur de ne jalouser aucune « maison d'en face »; — mettre
en ligne des intérêts de boutique, ce sont là procédés de
cuistres et nous les leur laissons. — Les préoccupations artis-
tiques dominent seules à l'Art ; aussi a-t-on soin d'y signaler les
vraies œuvres d'art n'importe où elles paraissent ; c'est ce que
nous avons fait - et faisons de nouveau à propos des planches de

proportions considérables commandées à plusieurs aquafortistes
éminents par la maison Goupil 3.

Nous avons dit les débuts de cette superbe collection qui
tient, et au delà, tout ce qu'elle promettait. A The Valley Farm
et à l'Eglise de la Sainte, à Venise, deux Brunet-Debaines
d'après Constable et Canaletti, au Coucher de soleil de Gustave
Greux d'après Théodore Rousseau, au Gué de Monthiers et à
Herbage, àSoreng, par Charles Courtry d'après Van Mareke, à
la Monna Lisa du si regretté Jules Jacquemart d'après le Vinci,
à l'Infante Marguerite-Thérèse de Charles Waltner d'après
Velasquez, à la Bohémienne de Lecouteux d'après Frans Hais,
sont venues s'ajouter ces magnifiques recrues : la Lisière du bois
et l'Approche de l'orage de Courtry d'après Troyon, les Por-
traits de Tennyson, le poète lauréat, et de Richard Wagner, par
Herkomer, la Reine Artémisé de Milius d'après le Rembrandt
du Museo del Prado, h Madrid, le Maréchal Prim de Lecouteux
d'après Henri Regnault, Entre la richesse et l'amour de Waltner
d'après Vély, Une lecture de Gilli d'après Barbaglio, et surtout
la Saulaie de Corot, cette prodigieuse eau-forte de Théophile
Chauvel, digne pendant de son autre joyau : l'Etang du même
illustre maître.

MM. Goupil n'entendent pas en rester là ; ils ont raison ;
succès oblige.

Paul Leroi.

ART DRAMATIQUE

Odéon : Reprise de Charlotte Corday. — Théâtre nu Château- [ point. Au premier acte, Barbaroux discute avec Siéyès, qui dis-
d'Eau : Bug-Jargal. — Fantaisies-Parisiennes : Madeleine- j cute avec Vcrgniaud, qui discute avec Louvet, et tous discutent

Bastille. — Théâtre Déjazet : Le Mannequin. — Comédie-
Française : Iphigénie en Auliie. — Vaudeville : Le Père
prodigue. — Théâtre du Chatelet : Michel Strogojf.

a reprise de la Charlotte Corday de Ponsard est déjà
loin de nous, et je n'y insisterai pas, le mobile
littéraire dé la reprise étant des plus contestables.
Il n'y avait que Ponsard au monde qui fût capable
d'écrire une tragédie sur un fait de la Révolution
française. Il faut être élève de Casimir Delavigne jusqu'aux
moelles pour tenter une aventure aussi saugrenue. A peine un
drame quasi shakespearien, d'envergure énorme, avec une figura-
lion colossale, des clameurs et des grondements de populaire irré-
sistibles, eût-il suffi à nous donner une impression superficielle en
matière si grandiose; Dumas père n'eût pas été de trop: Ponsard
vint, il fit une tragédie. Mais une tragédie bâtarde, avec des pré-
tentions historiques irréalisables, des entretiens politiques renou-
velés de Corneille en décadence, et rédigée (c'est le mot de
Prudhomme félicitant son neveu) en vers d'une prosodie aca-
riâtre. La chose fut d'abord représentée, en 1850, à la Comédie-
Française: Ponsard comptait sur Rachel pour le rôle de l'hé-
roïne ; Rachel se déroba malencontreusement à cet honneur.
Charlotte Corday se joua donc avec des remous de succès et de
revers, sans l'appui tant désiré de la grande artiste. Ne passion-
nant point, elle fut peu discutée. Une seule qualité la recom-
mandait de nos jours au directeur de l'Odéon : elle prête aux
allusions. Des tirades entières peuvent être interprétées, au gré
des spectateurs, pour ou contre les opinions qu'ils professent. Il
y en a pour tous les goûts. De plan, point; de morale politique,

avec Danton, que les Girondins tiennent à l'écart depuis sa par-
ticipation aux massacres de septembre 1792. Aux second et troi-
sième actes, Charlotte Corday discute avec Barbaroux qui lui fait
les portraits de Danton, de Robespierre et de Marat. Buzot,
Pétion et Louvet ne demanderaient pas mieux que d'être de la
partie, mais Barbaroux et Charlotte Corday ne leur laissent
place que pour de rares interruptions. A l'acte quatrième, des
citoyens, réunis dans le jardin du Palais-Royal, discutent en:re
eux avec un surcroît de violence. Au cinquième, Charlotte Cor-
day, qui a fait emplette d'un petit couteau de trois francs (deux
francs, dit la légende), tue Marat dans les règles, sans discuter;
puis, avant d'en perdre définitivement l'habitude, elle discute
avec Danton quelques minutes avant de monter à l'échafaud. Le
drame se passe, selon la locution vulgaire, en conversations. Au
milieu de ces discussions de l'école de Duns Scot Érigène, il se
dit des choses tellement raisonnables qu'on est successivement
de l'avis de tous les personnages. C'est ce que Ponsard appelle
l'impartialité historique, par la bouche de la muse Clio. qui vient
déclarer, en manière de prologue, qu'elle laisse « l'inglorieux
satrape s'endormir dans la pourpre et l'or », affirmation de peu
de poids. Il y a précisément beaucoup à reprendre sous le rapport
de l'exactitude des faits dans Charlotte Corday. Pour en citer
un exemple entre mille, ce Ponsard, qu'Apollon damne! nous
dit. en divers alexandrins, qu'Albertine Marat fut la femme de
Marat, et elle comparaît, au dénouement, en cette qualité.
Voile-toi la face, muse de l'histoire invoquée par Ponsard, tu
consacres l'inceste ! Albertine Marat, morte il y a quelque trente
ans, était la sœur de l'Ami du peuple. Cette erreur n'a jamais
été relevée, que je sache, pas même par M. Chèvremont, le

1. L'ai-! a déjà publié de lui une autre planche originale (;=' année, tome page 294). M- Parle a aussi gravé pour l'Art deux Constable (4» année, tome I!.
pages 176 et 17s), et un paysjge de M. Cecil Lawson (40 année, tome IV. page 150).

2. Voir l'Art, 50 année, tome Ier, page 134.
j. Rue Chaptal, 9.
 
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