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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

DOI Artikel:
Ménard, René: Histoire artistique du métal, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0077

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL

ii

LE MÉTAL

DANS L'ANTIQUITÉ CLASSIQUE
(suite)

ESPAGNE

L'Espagne a reçu dès une haute antiquité' des colonies
phéniciennes et est devenue plus tard une province romaine.
Comme on ne connaît rien de l'ancienne Ibe'rie, c'est avec l'in-
vasion des Visigoths qu'on peut chercher les origines d'un art
national dans ce pays. Évidemment il y avait des orfèvres
romains établis dans le pays, et les couronnes de Guarrazar
pourraient bien se rattacher un peu par leur fabrication aux tra-
ditions des anciens ouvriers établis dans le pays. On peut aussi
y trouver une influence byzantine, qui à cette époque se faisait
sentir à peu près dans toute l'Europe. Néanmoins, comme elles
ont été faites en Espagne et pour des rois visigoths, elles doivent
être considérées comme de travail espagnol et constituent le
plus ancien monument d'orfèvrerie que l'on connaisse sur ce
pays.

Cette découverte a eu lieu en 1858, près de Tolède, dans
un lieu appelé la Fuente de Guarrazar; les premiers objets en
or qu'on trouva en ce lieu furent portés à Madrid et convertis
en lingots par la monnaie de cette ville. Mais de nouvelles
recherches faites dans le même endroit mirent au jour des
couronnes d'or massif, rehaussées de saphirs orientaux, de
perles fines et de pierreries de toutes sortes, qui furent recon-
nues pour avoir une grande importance historique. On les
amena à Paris où elles furent acquises pour le musée de Cluny,
et elles sont aujourd'hui un des plus précieux monuments de
notre collection nationale.

Une des couronnes de Guarrazar porte une inscription qui
en fixe la date à la seconde moitié du vn° siècle. La plus
grande de ces couronnes a dû appartenir à un roi goth, monté
sur le trône en 649 et mort en G72; elle se compose d'un large
bandeau en or et porte en relief trente saphirs orientaux avec
autant de perles fines. L'ornementation est formée d'une suite
de palmettes découpées à jour et dont les feuilles sont remplies
d'une matière rouge qui ressemble à de la cornaline. La cou-
ronne porte en outre une croix et une .quadruple chaîne d'un
beau travail. Parmi les couronnes de Guarrazar, il y en a qui
paraissent avoir été portées, et d'autres qui semblent n'avoir
été faites que dans un but de consécration religieuse.

Deux ans après la découverte qui enrichissait le musée de
Cluny, on trouvait au même endroit des objets analogues qui
sont maintenant à la Real Armeria de Madrid. Ces pièces, peu
connues en France, se composent de deux couronnes, une croix
et divers fragments, d'un travail tout à fait analogue à ceux
que nous possédons. L'une des deux couronnes porte le nom
du roi Svintila; l'autre a été offerte à saint Etienne par l'abbé
Théodosius. Ces monuments paraissent avoir une date un peu
antérieure à ceux du musée de Clunv.

Il est difficile de suivre les transformations que l'art a

1. Voir l'Art, 6« année, tome III, page 30?, et tome IV, pages 20 et 44.

subies en Espagne, par suite de l'invasion des Arabes, car nous
ne connaissons pas de monuments où la transition soit indiquée,
et ceux que nous ont laissés les Arabes sont tous d'une date
bien postérieure à leur arrivée. Il est certain pourtant que
l'orfèvrerie chrétienne a persisté pendant tout le temps de la
domination des musulmans, auxquels elle n'a rien emprunté en
dehors des procédés techniques. La cathédrale d'Oviedo, en
Espagne, possède une croix d'or, qui date du xc siècle, où l'on
trouve encore l'empreinte de l'ancienne orfèvrerie visigothe, à
une époque où la domination arabe avait déjà changé le goût
ornemental. Les deux anges qui accompagnent cette belle croix
paraissent être d'un travail postérieur. Cette croix célèbre est
ordinairement désignée sous le nom de Croix des anges.

ALLEMAGNE

Dès les temps les plus reculés, l'Allemagne a eu des ouvriers
sachant travailler le métal. Tacite parle de vases d'argent que
les Germains offraient en présent, mais il ne nous est rien resté
de cette antique orfèvrerie. Tout au plus pourrait-on citer une
ou deux pièces, qui ont été trouvées sur le sol de l'Allemagne
actuelle, mais dont on ignore la date de fabrication. Le musée
de Munich possède une pièce très curieuse en or massif et de
forme conique, que les uns regardent comme la bosse d'un
bouclier, les autres comme le couvre-chef d'un prêtre druidique.
Cet objet, qui paraît être de travail celtique, a été trouvé près
du Rhin. Comme il est à peu près unique en son espèce, il est
difficile, faute de points de comparaison, d'en déterminer exac-
tement l'usage.

Les peuples d'Asie, qui à l'époque des grandes invasions se
sont rués sur la Germanie et en ont refoulé les habitants
sur le monde romain, connaissaient eux-mêmes le travail des
métaux, comme le prouvent quelques pièces rarissimes recueillies
dans quelques collections. Tel est par exemple un diadème
scythe, du musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Ce
diadème, trouvé sur les bords du Don, est en or très pur et
orné de perles, de cabochons, et d'un camée de travail grec.
Les Grecs ayant été de tout temps en rapport avec les popu-
lations de la Russie méridionale, il n'y a rien de surprenant que
l'on y retrouve de leurs productions, mais la partie métallique
de l'objet dont nous parlons, c'est-à-dire le diadème lui-même,
n'a certainement aucun rapport avec l'industrie des Grecs à
aucune époque. Ce diadème est orné dans sa partie supérieure
d'une rangée d'animaux en relief d'un travail extrêmement
grossier. L'élan et le bouquetin du Caucase, employés pour
cette décoration, n'existaient pas en Grèce, tandis qu'ils étaient
assez communs dans les pays occupés par les Scythes.

On a vu à l'exposition de 1867, dans les galeries de l'histoire
 
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