L'Enfance en Grèce.
Dessin de Ch. Kreutzberger, d'après le tableau de M. le Commandeur Tullo Massarani. (Salon de 1SS0.)
NOTRE BI BLIOTH ÈQ.U E
CCIII dans Je département des étrangers au Champ-de-Mars. L'archi-
tecture parisienne résume plus parfaitement encore les tendances
de l'art moderne. Appuyé d'un large côté sur les sciences
industrielles, cet art devait être profondément modifié et bou-
leversé par leurs progrès. En effet, les nouveaux matériaux du
constructeur, le fer, l'acier, le verre, se trouvent employés aux
tins les plus différentes, églises, théâtres, marchés. Saint-
Augustin, l'Opéra, les Halles centrales, sont des exemplaires
universelle avec ses richesses d'art et d'in- I très caractéristiques, quoique divers, de l'architecture contem-
dustrie, la splendeur de ses monuments et j poraine. •
Cette étroite liaison entre Paris et l'Exposition, qui devait
frapper un esprit aussi juste que celui de M. Massarani, l'a
déterminé à écrire un beau livre sur les Beaux-Arts à l'occasion
de l'Exposition universelle, sous un titre dont quelques pe
L'Art à Paris, par Tullo Massarani, 2 volumes in-8°.
Paris, Loones. 1880.
Paris olTrit au monde
convié un double et merveilleux spectacle.
Ce n'était point seulement une exposition
de ses jardins, l'ingénieux progrès de ses
découvertes, arène ouverte à la lutte paci-
fique et laborieuse des peuples, rendez-
vous des civilisations inconnues; c'était
r-
aussi Paris ayant cicatrisé des blessures sonnes ont pu être surprises, l'Ai t à Paris. Entreprendre sur
Lettre de g. Miielli. 1uc 1 étranger croyait toujours saignantes,
relevant lentement sa couronne de palais
■détruite par l'incendie, gonflé de vie et de prospérité maté-
rielles. Si l'on trouvait au Champ-de-Mars, réunies dans un
gigantesque musée, les tentatives suprêmes de l'industrie, de la
science et de l'art, Paris en offrait l'application et le fonctionne-
ment. A côté des éléments si variés qui concourent aujourd'hui
à la vie du monde, le foyer où ils viennent se transformer et
s'épurer; à côté des forces que l'activité humaine, toujours
féconde, a créées pour ses besoins, la synthèse de ces forces.
Pour qui voulait se rendre compte des progrès accomplis depuis
un certain nombre d'années, de leur degré de perfection, des
services qu'ils pouvaient rendre, il était nécessaire d'étudier
Paris, en sortant de l'Exposition universelle.
Dans le domaine de l'art, plus que partout ailleurs. Faut-il
rappeler les toiles et les fresques de l'école française pendant le
■dernier quart de siècle, ces musées du Louvre, de Versailles, du
Luxembourg, où les morts illustres coudoient les vivants célè-
bres, où l'on rencontre, à côté des Regnault et des Corot, les
Bonnat et les Carolus Duran ; ces groupes de bronze et de
marbre qui remplissent les jardins publics, les monuments
reconstruits et les églises, la fontaine de Carpeaux aux allées de
l'Observatoire, le Génie ailé de Mercié au guichet du Louvre,
les Vierges de Bonnassieux ? L'enseignement que nos jeunes
maîtres ont donné par leur exemple et par leurs leçons a fait
déjà le tour du monde, et nous en reconnaissions les fruits
cette matière délicate l'étude d'ensemble exécutée sur d'autres
sections du Commerce et de l'Industrie par des écrivains fran-
çais et achevée avant la clôture et dans le rayonnement même de
la fête, mesurer, en le comparant aux étapes anciennes, le che-
min suivi pendant la période des dix dernières années, ouvrir et
préparer celui que l'art avait encore à parcourir, M. Massarani
ne pouvait s'imposer une plus noble tâche.
Tous les amis des arts connaissent bien le nom de l'auteur.
Qu'il nous soit permis néanmoins, avant de passer à l'examen du
livre, de rappeler ses travaux et ses mérites. M. Tullo Massarani
est une des intelligences les plus hautes et les plus ouvertes de
la nouvelle Italie. Il semble que ce merveilleux pays, en reve-
nant à la liberté, ait retrouvé des artistes aux âmes virilement
trempées, au génie presque universel, capables comme autrefois
Ghiberti, comme Léonard, comme Léon-Baptiste Alberti, de
chercher et de trouver l'expression de la beauté par des voies
multiples. Peintre, élève d'Induno, si je ne me trompe, M. Mas-
sarani occupe une place importante parmi les artistes de l'école
italienne régénérée, et cultive avec un égal succès la figure et
le paysage. Le public n'a pas oublié la belle scène orientale
qu'il envoyait au Champ-de-Mars en 1878. Il exposait au Salon
de cette année deux tableaux fort remarqués, Châtelaine et Vas-
sale et l'Enfance en Grèce '. Poète, il a chanté les gloires de sa
chère Lombardie. Critique d'art, il se place à côté du regretté
Selvatico par ses Études de littérature et d'art. Tant de mérites
ne lui suffisent point; il veut, comme Massimo d'Azeglio, servir
1. Nous donnons comme frise à cet article une reprojuction du second de ces tableaux.
1] est regrettable que le talent de M. Massarani n'ait pas été représenté à l'exposition de Turin. Appelé par le suffrage unanime des artistes à présider le jury des
recompenses, il n'a pu y prendre part comme exposant.
Dessin de Ch. Kreutzberger, d'après le tableau de M. le Commandeur Tullo Massarani. (Salon de 1SS0.)
NOTRE BI BLIOTH ÈQ.U E
CCIII dans Je département des étrangers au Champ-de-Mars. L'archi-
tecture parisienne résume plus parfaitement encore les tendances
de l'art moderne. Appuyé d'un large côté sur les sciences
industrielles, cet art devait être profondément modifié et bou-
leversé par leurs progrès. En effet, les nouveaux matériaux du
constructeur, le fer, l'acier, le verre, se trouvent employés aux
tins les plus différentes, églises, théâtres, marchés. Saint-
Augustin, l'Opéra, les Halles centrales, sont des exemplaires
universelle avec ses richesses d'art et d'in- I très caractéristiques, quoique divers, de l'architecture contem-
dustrie, la splendeur de ses monuments et j poraine. •
Cette étroite liaison entre Paris et l'Exposition, qui devait
frapper un esprit aussi juste que celui de M. Massarani, l'a
déterminé à écrire un beau livre sur les Beaux-Arts à l'occasion
de l'Exposition universelle, sous un titre dont quelques pe
L'Art à Paris, par Tullo Massarani, 2 volumes in-8°.
Paris, Loones. 1880.
Paris olTrit au monde
convié un double et merveilleux spectacle.
Ce n'était point seulement une exposition
de ses jardins, l'ingénieux progrès de ses
découvertes, arène ouverte à la lutte paci-
fique et laborieuse des peuples, rendez-
vous des civilisations inconnues; c'était
r-
aussi Paris ayant cicatrisé des blessures sonnes ont pu être surprises, l'Ai t à Paris. Entreprendre sur
Lettre de g. Miielli. 1uc 1 étranger croyait toujours saignantes,
relevant lentement sa couronne de palais
■détruite par l'incendie, gonflé de vie et de prospérité maté-
rielles. Si l'on trouvait au Champ-de-Mars, réunies dans un
gigantesque musée, les tentatives suprêmes de l'industrie, de la
science et de l'art, Paris en offrait l'application et le fonctionne-
ment. A côté des éléments si variés qui concourent aujourd'hui
à la vie du monde, le foyer où ils viennent se transformer et
s'épurer; à côté des forces que l'activité humaine, toujours
féconde, a créées pour ses besoins, la synthèse de ces forces.
Pour qui voulait se rendre compte des progrès accomplis depuis
un certain nombre d'années, de leur degré de perfection, des
services qu'ils pouvaient rendre, il était nécessaire d'étudier
Paris, en sortant de l'Exposition universelle.
Dans le domaine de l'art, plus que partout ailleurs. Faut-il
rappeler les toiles et les fresques de l'école française pendant le
■dernier quart de siècle, ces musées du Louvre, de Versailles, du
Luxembourg, où les morts illustres coudoient les vivants célè-
bres, où l'on rencontre, à côté des Regnault et des Corot, les
Bonnat et les Carolus Duran ; ces groupes de bronze et de
marbre qui remplissent les jardins publics, les monuments
reconstruits et les églises, la fontaine de Carpeaux aux allées de
l'Observatoire, le Génie ailé de Mercié au guichet du Louvre,
les Vierges de Bonnassieux ? L'enseignement que nos jeunes
maîtres ont donné par leur exemple et par leurs leçons a fait
déjà le tour du monde, et nous en reconnaissions les fruits
cette matière délicate l'étude d'ensemble exécutée sur d'autres
sections du Commerce et de l'Industrie par des écrivains fran-
çais et achevée avant la clôture et dans le rayonnement même de
la fête, mesurer, en le comparant aux étapes anciennes, le che-
min suivi pendant la période des dix dernières années, ouvrir et
préparer celui que l'art avait encore à parcourir, M. Massarani
ne pouvait s'imposer une plus noble tâche.
Tous les amis des arts connaissent bien le nom de l'auteur.
Qu'il nous soit permis néanmoins, avant de passer à l'examen du
livre, de rappeler ses travaux et ses mérites. M. Tullo Massarani
est une des intelligences les plus hautes et les plus ouvertes de
la nouvelle Italie. Il semble que ce merveilleux pays, en reve-
nant à la liberté, ait retrouvé des artistes aux âmes virilement
trempées, au génie presque universel, capables comme autrefois
Ghiberti, comme Léonard, comme Léon-Baptiste Alberti, de
chercher et de trouver l'expression de la beauté par des voies
multiples. Peintre, élève d'Induno, si je ne me trompe, M. Mas-
sarani occupe une place importante parmi les artistes de l'école
italienne régénérée, et cultive avec un égal succès la figure et
le paysage. Le public n'a pas oublié la belle scène orientale
qu'il envoyait au Champ-de-Mars en 1878. Il exposait au Salon
de cette année deux tableaux fort remarqués, Châtelaine et Vas-
sale et l'Enfance en Grèce '. Poète, il a chanté les gloires de sa
chère Lombardie. Critique d'art, il se place à côté du regretté
Selvatico par ses Études de littérature et d'art. Tant de mérites
ne lui suffisent point; il veut, comme Massimo d'Azeglio, servir
1. Nous donnons comme frise à cet article une reprojuction du second de ces tableaux.
1] est regrettable que le talent de M. Massarani n'ait pas été représenté à l'exposition de Turin. Appelé par le suffrage unanime des artistes à présider le jury des
recompenses, il n'a pu y prendre part comme exposant.