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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0175

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL1

m

LE MÉTAL

AU MOYEN AGE

(suite)

FRANCE (Suite.)

Jusqu'au xnie siècle les bijoux byzantins avaient été' très
recherchés par la noblesse, et les joyaux fabriqués en France
n'étaient la plupart du temps qu'une imitation plus ou moins
libre de ceux qui étaient importés de Byzance, ou plutôt encore
de Venise, ville dans laquelle le style oriental s'est maintenu
pendant très longtemps. « On employait alors dans les vête-
ments, dit Viollet-le-Duc, des plaques d'or travaillées, repous-
sées, gaufrées et burinées, ornées de pierreries et de perles qui
s'appliquaient aux cols des robes des hommes et des femmes,
aux ceintures, aux cercles qui retenaient les cheveux longs, et
même aux chaussures. Ces plaques, posées jointives, cousues
sur l'étoffe, pouvaient prendre ainsi la forme des parties du
corps qu'elles couvraient. Les statues du xne siècle nous four-
nissent d'assez nombreux exemples de ces sortes de joyaux, dont
quelques échantillons se trouvent encore dans nos musées. »
Ces sortes de plaques étaient, suivant Viollet-le-Duc, de fabri-
cation occidentale, mais les cercles ou couronnes de métal que
l'on portait sur la tête venaient probablement de Byzance, puis-
que les plus anciens types que l'on en connaisse proviennent
des manuscrits grecs. De petits bijoux attachés à ces couronnes
pendaient le long de la chevelure des deux côtés de la tête et
remplaçaient les boucles d'oreilles qu'on ne portait pas à cette
époque.

A l'exception du clergé, qui a toujours aimé les joyaux, on
ne voit pas que la bijouterie ait eu une bien grande importance
au xmc siècle; le costume, d'ailleurs, ne s'y prêtait pas beaucoup.
Mais le contraire arriva dans la période suivante. Sous Charles VI,
nous voyons les ducs de Bourgogne et d'Orléans rivaliser de
faste : les perles fines furent très à la mode à cette époque. Le
besoin de pierreries fut si général dans la noblesse, qu'on alla
jusqu'à dépouiller les châsses et les reliquaires de l'époque pré-
cédente, pour enrichir les larges ceintures et les coiffures des
seigneurs de la cour et des nobles dames. L'extension énorme
que prit la joaillerie française au xiv» siècle est d'ailleurs un fait
que tous les historiens ont remarqué.

Viollet-le-Duc résume ainsi l'histoire de la bijouterie fran-
çaise pendant le moyen âge : « Empreinte du goût oriental
byzantin pendant la période carlovingienne et jusqu'au xnc siè-
cle, la fabrication des joyaux occidentaux s'en affranchit peu à
peu vers le commencement du xm° siècle, pour adopter un
caractère nouveau. Aux vieux types conventionnels de l'Orient,
à ces filigranes perlés appliqués sur des fonds unis, aux lourdes
et très saillantes bâtes sertissant les pierreries, les joailliers
substituent les travaux à'enlevure, c'est-à-dire repoussés ou
emboutis, les délicates gravures, les bâtes de monture relative-
ment peu saillantes, parfois la ciselure, ou tout au moins un
burinage très ferme et délié du métal préalablement repoussé.
Cependant les habits de la noblesse ne sont plus faits d'étoffes

ornées d'orfrois et de plaques d'orfèvrerie. Les bijoux se bornent
à des ceintures, des colliers, des coiffures et des couronnes, des
fermoirs et mordants. Le goût pour le port des joyaux sur les
habits reparaît après la mort de Louis IX, et ne fait que se déve-
lopper pendant le cours du xiv° siècle. L'inventaire du trésor de
Charles V contient un nombre prodigieux de joyaux de corps
d'un grand prix, indépendamment de la vaisselle plate d'or et
d'argent, des châsses, reliquaires et tableaux d'orfèvrerie. C'est
aussi sous ce prince que l'industrie des joailliers atteint l'apogée,
non seulement comme quantité de fabrication, mais comme
qualité et comme goût. Jamais on ne sut mieux adapter cet art
à la toilette. Les quelques objets qui nous restent de cette
époque, et les nombreux monuments figurés qui nous en ont
conservé les formes et la composition, montrent la supériorité
de cette fabrication française à la fin du xivc siècle.

« Après les désastres du commencement du xv° siècle, le
luxe des joyaux reparait, mais l'influence de la cour de Bour-
gogne a remplacé celle des Valois, et cette influence est, au point
de vue du goût, médiocre, tout entachée de style flamand et
udesque. La profusion des détails, la confusion des composi-
tions, la sécheresse de l'invention, et l'affectation à suivre cer-
tains types de convention, maniérés toujours, laids assez souvent,
font des œuvres intéressantes, curieuses à coup sûr, belles très
rarement... L'art et l'industrie en France, sous les Valois de la
fin du xiv° siècle, ont un caractère nettement empreint du génie
français, et, parmi ces industries, l'orfèvrerie et la joaillerie se
distinguent particulièrement. Ce caractère s'efface pendant les
malheurs du xv° siècle, et ne recommence à se montrer avec
franchise qu'à la fin de ce siècle, c'est-à-dire aux premières
lueurs de la Renaissance. »

Le cuivre a toujours été employé, conjointement avec
l'argent et l'or, pour les pièces d'orfèvrerie religieuse et notam-
ment pour les châsses, les reliquaires, les candélabres, les
crosses, etc. Aussi nos collections renferment-elles nombre d'ob-
jets extrêmement précieux, bien que leur valeur intrinsèque soit
presque nulle, parce que les orfèvres apportaient autant de soins
à leur confection que s'ils eussent été en métal précieux. L'em-
ploi du cuivre était beaucoup moins fréquent dans l'orfèvrerie
usuelle. Dans les classes pauvres on se servait à peu près exclu-
sivement d'écuelles de bois ou de poteries communes, tandis que
sur la table des riches la vaisselle était toujours en argent.
Cependant les objets en cuivre que nous a laissés le moyen âge
montrent en général une assez grande habileté chez ceux qui les
ont confectionnés. Nos collections renferment quelques appliques
en cuivre repoussé portant encore des traces de dorure et d'émail.
Jusqu'au xv° siècle, on a fait, pour les besoins de notre noblesse
guerroyante, des chevaliers galopant et armés de toutes pièces,
comme ceux qui sont figurés sur les jetons et les sceaux de la
même époque. Des animaux fantastiques, généralement en cuivre
jaune, et qui servaient probablement d'enseignes, témoignent de

i. Voir l'Art, 6e année, lome III, page 305. et tome IV, pages 20, 4 5-, 9c et 114.

Tome XXIII.
 
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