NOTRE BIBLIOTHÈQUE
CCIX
Histoire artistique de la cathédrale de Cambrai, ancienne église
métropolitaine Notre-Dame. (Mémoires de la Société des
sciences et des arts de Lille.) Comptes, inventaires et docu-
ments inédits, avec une vue et un plan de l'ancienne cathé-
drale. Un volume grand in-8° de 440 pages, par Jules Houdoy,
président de la Société des sciences et des arts de Lille, mem-
bre correspondant du ministère tic l'Instruction publique
pour les travaux historiques. Tiré à 225 exemplaires sur papier
de Hollande. — Paris. Damascène Morgand et Charles Fatout,
1880.
Un ouvrage sur le même sujet a déjà paru en 1825, par
M. A. Le Glay. Ce volume, publié aux Irais de la municipalité
de Cambrai, sous le titre de Recherches sur l'église métropo-
litaine, contenait sur cet ancien édifice, détruit à la fin du siècle
dernier, un certain nombre de renseignements recueillis dans
les récits des annalistes et des chroniqueurs. M. Le Glay avait pu
consulter les traditions locales ; mais à cette époque, les archives
ecclésiastiques du Cambrésis étaient entassées sans ordre et sans
classement dans la maison de Sainte-Agnès, à Cambrai, et
l'auteur n'avait eu à sa disposition . pour écrire sa mono-
graphie, que les documents déjà publiés et les manuscrits de la
Biûltothèque de la ville. Or, ces manuscrits donnent peu de
renseignements spécialement relatifs à la cathédrale. Comme le
fait très justement remarquer M. Houdoy, les seulsqui pouvaient
fournir quelques rares indications archéologiques, « les manus-
crits de Henri Mutte et de l'abbé Tranchant ont été rédigés au
xvnie siècle, à une époque où l'ornementation architecturale de
la cathédrale avait été mutilée par un premier vandalisme,
résultat du goût déplorable qui régnait alors et qui a détruit tant
d'eeuvres d'art. Aussi ces écrivains, qui n'avaient du reste jamais
connu la cathédrale dans toute sa splendeur, n'étaient-ils pas
compétents pour parler avec autorité de merveilles incomprises
et dédaignées à l'époque où ils composaient leurs mémoires. Les
renseignements qu'ils ont laissés sont donc plus intéressants
pour l'histoire ecclésiastique que pour celle des arts ».
Notre savant collaborateur est le premier qui ait pu consulter
les archives mêmes de la cathédrale. Les livres de comptes qu'il
a trouvés dans ces archives peuvent seuls fournir des documents
d'une précision suffisante pour répondre aux exigences de l'ar-
chéologie moderne. Ces livres de comptes se composent de
nombreuses séries que M. Houdoy a soigneusement compulsées
et qu'il classe dans l'ordre suivant :
A. Les comptes de l'office de la fabrique et des ornements,
comprenant :
Les salaires des officiers de l'église;
Les achats de cire ;
Les dépenses communes, c'est-à-dire celles qui se renouvel-
lent chaque année ;
Les dépenses d'entretien et de réparation des bâtiments;
Le compte des ornements, tentures, chapes, orfèvrerie,
livres de chant, etc., etc.;
Enfin, l'entretien des propriétés situées à Cambrai et qui
appartenaient à la fabrique.
Cette série est celle qui a fourni les renseignements les plus
précieux et les plus abondants.
B. Les comptes de l'Assise, de la grande Assise et de la
petite Assise.
C. Les comptes des Prévôtés.
D. Les comptes de l'office inagni ininislcrii.
Cette série présente un grand intérêt historique ; elle com-
prend, outre les recettes du chapitre, des dépenses qui se décom-
posent ainsi :
Pensions et salaires du Prévôt, des clercs, du bailli et des
sergents du chapitre ;
Dépenses pour la tenue des chapitt es :
Frais de procès, de missions et d'ambassades ;
Présents de pain et de vin faits à tous les personnages de
distinction, rois, princes, évèques ou abbés, de passage à Cam-
brai.
E. Les comptes de Cambrai, malheureusement incom-
plets.
F. Les comptes du Cateau.
G. Les comptes des petits vicaires, renfermant les dépenses
des solennités musicales.
H. Les comptes de l'Aumosne.
A ces comptes proprement dits il faut ajouter la série des
exécutions testamentaires des chanoines et des dignitaires du
chapitre. Ces exécutions réunies par ordre chronologique for-
ment, depuis le commencement du xv° siècle jusqu'à la fin du
xvme, un ensemble de 70 gros registres, auquel il faut ajouter
une foule de dossiers retrouvés dans les liasses.
Chaque dossier, quand il est complet, ce qui n'est pas très
fréquent, comprend :
10 Le testament du défunt ;
2° L'inventaire et le procès-verbal de la vente mobilière;
3° Les comptes de l'exécution qui enregistrent les frais de
funérailles et le payement des legs.
C'est une mine très abondante de renseignements. En ellei,
e testament mentionne assez souvent, avec l'emplacement du
lieu de sépulture, la nature des décorations dont le défunt
voulait que son épitaphe fût ornée. On appelait de ce nom tous
les travaux d'art, sculpture ou peinture , commandés par le
défunt pour perpétuer son souvenir dans l'église où il avait
vécu. Quelques-unes de ces épitaphes étaient de véritables mo-
numents, des chapelles, des retables sculptés qui coûtaient des
sommes considérables. Une des gloires de la cathédrale de Cam-
brai était précisément la remarquable collection de monuments
de ce genre, que, pendant cinq siècles, elle avait dus à la libéra-
lité de ses chanoines.
L'emplacement désigné de ces épitaphes lixe pour nous celui
des nombreuses chapelles de la cathédrale qui ont, dans la suite
des temps, porté des noms divers. Les inventaires des chanoines
ne sont pas moins précieux que les testaments; ou y voit men-
tionnés les objets d'orfèvrer.e, les tableaux, les draps de peinture,
les tapisseries avec le prix d'estimation et de vente. Mais c'est
dans les comptes de l'exécution testamentaire qu'on trouve les
renseignements les plus utiles au point de vue artistique, car ils
enregistrent , non seulement le détail sommaire des travaux
exécutés, mais aussi le nom des artistes employés et le prix qu'ils
ont reçu pour chaque ouvrage
Ces différents chapitres comprennent des milliers de volu-
mes, auxquels il faut ajouter 13,000 chartes et pièces diverses
renfermées dans des cartons, et une foule de registres : cartu-
laires, terriers, protocoles, statuts, droits généraux, privilèges,
calendriers chronologiques, chronique des évèques, etc., etc.
Nous avons insisté longuement sur cette partie, parce
qu'elle montre combien est sérieux le travail de notre savant
1. Al. Houdoy n'a pas eu à s'arrêter sur les inventaires des livres, qui ne rentraient pas dans son cadre; mais il les signale comme ext.Ornement curieux au
point de vue de la bibliographie. « On y voit passer, dit-il, une foule de manuscrits et d'incunables, livres en maule, livres en lettre emprainte, dont plusieurs, après
avoir fait partie de la bibliothèque du chapitre, sont allés enrichir la bibliothèque de Cambrai »
CCIX
Histoire artistique de la cathédrale de Cambrai, ancienne église
métropolitaine Notre-Dame. (Mémoires de la Société des
sciences et des arts de Lille.) Comptes, inventaires et docu-
ments inédits, avec une vue et un plan de l'ancienne cathé-
drale. Un volume grand in-8° de 440 pages, par Jules Houdoy,
président de la Société des sciences et des arts de Lille, mem-
bre correspondant du ministère tic l'Instruction publique
pour les travaux historiques. Tiré à 225 exemplaires sur papier
de Hollande. — Paris. Damascène Morgand et Charles Fatout,
1880.
Un ouvrage sur le même sujet a déjà paru en 1825, par
M. A. Le Glay. Ce volume, publié aux Irais de la municipalité
de Cambrai, sous le titre de Recherches sur l'église métropo-
litaine, contenait sur cet ancien édifice, détruit à la fin du siècle
dernier, un certain nombre de renseignements recueillis dans
les récits des annalistes et des chroniqueurs. M. Le Glay avait pu
consulter les traditions locales ; mais à cette époque, les archives
ecclésiastiques du Cambrésis étaient entassées sans ordre et sans
classement dans la maison de Sainte-Agnès, à Cambrai, et
l'auteur n'avait eu à sa disposition . pour écrire sa mono-
graphie, que les documents déjà publiés et les manuscrits de la
Biûltothèque de la ville. Or, ces manuscrits donnent peu de
renseignements spécialement relatifs à la cathédrale. Comme le
fait très justement remarquer M. Houdoy, les seulsqui pouvaient
fournir quelques rares indications archéologiques, « les manus-
crits de Henri Mutte et de l'abbé Tranchant ont été rédigés au
xvnie siècle, à une époque où l'ornementation architecturale de
la cathédrale avait été mutilée par un premier vandalisme,
résultat du goût déplorable qui régnait alors et qui a détruit tant
d'eeuvres d'art. Aussi ces écrivains, qui n'avaient du reste jamais
connu la cathédrale dans toute sa splendeur, n'étaient-ils pas
compétents pour parler avec autorité de merveilles incomprises
et dédaignées à l'époque où ils composaient leurs mémoires. Les
renseignements qu'ils ont laissés sont donc plus intéressants
pour l'histoire ecclésiastique que pour celle des arts ».
Notre savant collaborateur est le premier qui ait pu consulter
les archives mêmes de la cathédrale. Les livres de comptes qu'il
a trouvés dans ces archives peuvent seuls fournir des documents
d'une précision suffisante pour répondre aux exigences de l'ar-
chéologie moderne. Ces livres de comptes se composent de
nombreuses séries que M. Houdoy a soigneusement compulsées
et qu'il classe dans l'ordre suivant :
A. Les comptes de l'office de la fabrique et des ornements,
comprenant :
Les salaires des officiers de l'église;
Les achats de cire ;
Les dépenses communes, c'est-à-dire celles qui se renouvel-
lent chaque année ;
Les dépenses d'entretien et de réparation des bâtiments;
Le compte des ornements, tentures, chapes, orfèvrerie,
livres de chant, etc., etc.;
Enfin, l'entretien des propriétés situées à Cambrai et qui
appartenaient à la fabrique.
Cette série est celle qui a fourni les renseignements les plus
précieux et les plus abondants.
B. Les comptes de l'Assise, de la grande Assise et de la
petite Assise.
C. Les comptes des Prévôtés.
D. Les comptes de l'office inagni ininislcrii.
Cette série présente un grand intérêt historique ; elle com-
prend, outre les recettes du chapitre, des dépenses qui se décom-
posent ainsi :
Pensions et salaires du Prévôt, des clercs, du bailli et des
sergents du chapitre ;
Dépenses pour la tenue des chapitt es :
Frais de procès, de missions et d'ambassades ;
Présents de pain et de vin faits à tous les personnages de
distinction, rois, princes, évèques ou abbés, de passage à Cam-
brai.
E. Les comptes de Cambrai, malheureusement incom-
plets.
F. Les comptes du Cateau.
G. Les comptes des petits vicaires, renfermant les dépenses
des solennités musicales.
H. Les comptes de l'Aumosne.
A ces comptes proprement dits il faut ajouter la série des
exécutions testamentaires des chanoines et des dignitaires du
chapitre. Ces exécutions réunies par ordre chronologique for-
ment, depuis le commencement du xv° siècle jusqu'à la fin du
xvme, un ensemble de 70 gros registres, auquel il faut ajouter
une foule de dossiers retrouvés dans les liasses.
Chaque dossier, quand il est complet, ce qui n'est pas très
fréquent, comprend :
10 Le testament du défunt ;
2° L'inventaire et le procès-verbal de la vente mobilière;
3° Les comptes de l'exécution qui enregistrent les frais de
funérailles et le payement des legs.
C'est une mine très abondante de renseignements. En ellei,
e testament mentionne assez souvent, avec l'emplacement du
lieu de sépulture, la nature des décorations dont le défunt
voulait que son épitaphe fût ornée. On appelait de ce nom tous
les travaux d'art, sculpture ou peinture , commandés par le
défunt pour perpétuer son souvenir dans l'église où il avait
vécu. Quelques-unes de ces épitaphes étaient de véritables mo-
numents, des chapelles, des retables sculptés qui coûtaient des
sommes considérables. Une des gloires de la cathédrale de Cam-
brai était précisément la remarquable collection de monuments
de ce genre, que, pendant cinq siècles, elle avait dus à la libéra-
lité de ses chanoines.
L'emplacement désigné de ces épitaphes lixe pour nous celui
des nombreuses chapelles de la cathédrale qui ont, dans la suite
des temps, porté des noms divers. Les inventaires des chanoines
ne sont pas moins précieux que les testaments; ou y voit men-
tionnés les objets d'orfèvrer.e, les tableaux, les draps de peinture,
les tapisseries avec le prix d'estimation et de vente. Mais c'est
dans les comptes de l'exécution testamentaire qu'on trouve les
renseignements les plus utiles au point de vue artistique, car ils
enregistrent , non seulement le détail sommaire des travaux
exécutés, mais aussi le nom des artistes employés et le prix qu'ils
ont reçu pour chaque ouvrage
Ces différents chapitres comprennent des milliers de volu-
mes, auxquels il faut ajouter 13,000 chartes et pièces diverses
renfermées dans des cartons, et une foule de registres : cartu-
laires, terriers, protocoles, statuts, droits généraux, privilèges,
calendriers chronologiques, chronique des évèques, etc., etc.
Nous avons insisté longuement sur cette partie, parce
qu'elle montre combien est sérieux le travail de notre savant
1. Al. Houdoy n'a pas eu à s'arrêter sur les inventaires des livres, qui ne rentraient pas dans son cadre; mais il les signale comme ext.Ornement curieux au
point de vue de la bibliographie. « On y voit passer, dit-il, une foule de manuscrits et d'incunables, livres en maule, livres en lettre emprainte, dont plusieurs, après
avoir fait partie de la bibliothèque du chapitre, sont allés enrichir la bibliothèque de Cambrai »