Le Couronnement de la Vierge.
Terre émaillée des Délia Robbia. — Façade de l'église i'Ognissanti, à Florence. —
Dessin de Niccola Sanesi.
VANDALISME'
IX
L'autocratie bureaucratique a juré
à la malheureuse ville de Florence
une véritable haine d'Annibal.
(Journal des Débats du i, sep-
tembre 1880.)
Ijpw. talie. — Depuis cinq ans il se publie, à Florence, un
liO Indicatore Générale délia Città di Firen^e. Si vous
igg^fiBlj ouvrez l'e'dition de cette année à la page 65, vous y
trouverez, sous la rubrique : R. Gallerie e Musei Pubblici, de
bien curieux enseignements.
Ne nous arrêtons aujourd'hui qu'à l'un d'eux; il vaut du
reste son pesant d'or.
Le quinzième paragraphe est consacré au
« Cenacola del Ghirlandaio, affresco, nell' ex convento di
Ognissanti, via Borgoghissanti, 3-2. »
Fort de cet avis, vous vous rendez à l'ancien couvent atte-
nant à l'e'glise à'Ognissanti qui fait face à la Pia^a Martin ; vous
pénétrez dans le cloître où se voit une des moins faibles fresques
de Ligozzi ; vous en faites vainement le tour, personne ; vous
frappez non moins inutilement à toutes les portes, elles restent
muettes. De guerre lasse, vous allez abandonner la partie,
lorsqu'en sortant vous apercevez une sonnette à votre droite,
sous la voûte. Vous croyez être sauvé, car cette fois on vous
répond ou du moins vous voyez apparaître un des derniers reli-
gieux qui ont obtenu de terminer leurs jours dans ce coin retiré.
—• tout le reste du vaste édifice est transformé en caserne
d'infanterie.
Vous ne parvenez à apprendre qu'une chose, c'est que vous
avez fait cette démarche en pure perte.
La fresque est peinte sur la muraille qui occupe tout le
fond du réfectoire et la porte de ce réfectoire est fermée à triples
verroux.
C'est ainsi que la Cène du Ghirlandaio, devenue propriété
de l'Etat, fait partie des Collections publiques.
Il existe cependant une ou des clefs de cette porte si bien
close. En y mettant beaucoup, énormément de patience — il
vous en faut large dose, n'ètes-vous pas,dans la patrie du Dieu
Domani ? — vous réussirez peut-être à apprendre — après cinq
visites, nous avons eu cette heureuse chance ! — que les sus-
dites clefs sont conservées à la direction générale des Uffi^i.
Vous retournez sur vos pas et vous voici au Musée des
Offices. Là, vous avez la satisfaction de vous assurer que l'on
vous a bien renseigné. On n'y fait môme aucune difficulté de
vous informer que le Gouvernement n'a pas les moyens de se
donner plus d'un employé pour ouvrir les portes du R. Mttseo
di San Marco et du réfectoire du couvent d'Ognissanti. Or ces
portes devant réglementairement être ouvertes à la même
heure, l'infortuné nègre blanc préposé à cette fonction ne peut
se couper en deux pour se trouver en même temps dans des
quartiers tout à fait opposés — cela lui serait surtout difficile au
prix auquel on le paye! !! — Il en résulte qu'on s'est résigné à
n'ouvrir que les portes de l'ancien couvent de Saint-Marc.
Mis ainsi complètement au courant, vous ne voulez pas
en démordre et vous demandez à être reçu par le Directeur
général des Musées florentins.
M. le chevalier Egisto Chiavacci, qui ne sait que trop bien
que la mesquinerie du budget qui lui est alloué dépasse les
limites du ridicule, vous accueille de la meilleure grâce du
monde, mais ne s'empresse pas de vous accorder son porte-
clefs, séance tenante, par l'excellent motif que celui-ci, sorte de
oir l'Art, 5« année, tome ier, pages 15;, 1)4, 20, et 274; tome jix, page 141; tome iv, page 22, et 6* année, tome iii, pages 46 et 2S3.
Tome XXIII. 0
Terre émaillée des Délia Robbia. — Façade de l'église i'Ognissanti, à Florence. —
Dessin de Niccola Sanesi.
VANDALISME'
IX
L'autocratie bureaucratique a juré
à la malheureuse ville de Florence
une véritable haine d'Annibal.
(Journal des Débats du i, sep-
tembre 1880.)
Ijpw. talie. — Depuis cinq ans il se publie, à Florence, un
liO Indicatore Générale délia Città di Firen^e. Si vous
igg^fiBlj ouvrez l'e'dition de cette année à la page 65, vous y
trouverez, sous la rubrique : R. Gallerie e Musei Pubblici, de
bien curieux enseignements.
Ne nous arrêtons aujourd'hui qu'à l'un d'eux; il vaut du
reste son pesant d'or.
Le quinzième paragraphe est consacré au
« Cenacola del Ghirlandaio, affresco, nell' ex convento di
Ognissanti, via Borgoghissanti, 3-2. »
Fort de cet avis, vous vous rendez à l'ancien couvent atte-
nant à l'e'glise à'Ognissanti qui fait face à la Pia^a Martin ; vous
pénétrez dans le cloître où se voit une des moins faibles fresques
de Ligozzi ; vous en faites vainement le tour, personne ; vous
frappez non moins inutilement à toutes les portes, elles restent
muettes. De guerre lasse, vous allez abandonner la partie,
lorsqu'en sortant vous apercevez une sonnette à votre droite,
sous la voûte. Vous croyez être sauvé, car cette fois on vous
répond ou du moins vous voyez apparaître un des derniers reli-
gieux qui ont obtenu de terminer leurs jours dans ce coin retiré.
—• tout le reste du vaste édifice est transformé en caserne
d'infanterie.
Vous ne parvenez à apprendre qu'une chose, c'est que vous
avez fait cette démarche en pure perte.
La fresque est peinte sur la muraille qui occupe tout le
fond du réfectoire et la porte de ce réfectoire est fermée à triples
verroux.
C'est ainsi que la Cène du Ghirlandaio, devenue propriété
de l'Etat, fait partie des Collections publiques.
Il existe cependant une ou des clefs de cette porte si bien
close. En y mettant beaucoup, énormément de patience — il
vous en faut large dose, n'ètes-vous pas,dans la patrie du Dieu
Domani ? — vous réussirez peut-être à apprendre — après cinq
visites, nous avons eu cette heureuse chance ! — que les sus-
dites clefs sont conservées à la direction générale des Uffi^i.
Vous retournez sur vos pas et vous voici au Musée des
Offices. Là, vous avez la satisfaction de vous assurer que l'on
vous a bien renseigné. On n'y fait môme aucune difficulté de
vous informer que le Gouvernement n'a pas les moyens de se
donner plus d'un employé pour ouvrir les portes du R. Mttseo
di San Marco et du réfectoire du couvent d'Ognissanti. Or ces
portes devant réglementairement être ouvertes à la même
heure, l'infortuné nègre blanc préposé à cette fonction ne peut
se couper en deux pour se trouver en même temps dans des
quartiers tout à fait opposés — cela lui serait surtout difficile au
prix auquel on le paye! !! — Il en résulte qu'on s'est résigné à
n'ouvrir que les portes de l'ancien couvent de Saint-Marc.
Mis ainsi complètement au courant, vous ne voulez pas
en démordre et vous demandez à être reçu par le Directeur
général des Musées florentins.
M. le chevalier Egisto Chiavacci, qui ne sait que trop bien
que la mesquinerie du budget qui lui est alloué dépasse les
limites du ridicule, vous accueille de la meilleure grâce du
monde, mais ne s'empresse pas de vous accorder son porte-
clefs, séance tenante, par l'excellent motif que celui-ci, sorte de
oir l'Art, 5« année, tome ier, pages 15;, 1)4, 20, et 274; tome jix, page 141; tome iv, page 22, et 6* année, tome iii, pages 46 et 2S3.
Tome XXIII. 0