Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

DOI issue:
Notre bibliothèque
DOI article:
Fouqué, Octave: Art dramatique, [1]: Opéra, Le Comte Ory - Théatre de la Renaissance, Belle Lurette
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0153

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ART DRAMATIQUE.

141

« Au xvi° siècle Ivassa se rendit célèbre dans le genre popu- j
laire, appelé Oukiyo-é, et, au siècle suivant, Hishi-Kava, conti- J
nuant cette école, reproduisit les scènes de la vie ordinaire avec
un tel succès que les éditions de ses œuvres se vendent encore
dans les boutiques à bon marché. Il fut, en quelque sorte, le
Téniers du Japon.

« Tout dernièrement le fameux Okousaï se livra à la pein-
ture populaire avec une grande délicatesse de touche. Ses com-
positions, publiées en gravures coloriées, servent de modèles dans
les écoles publiques. Il résuma avec habileté les procédés hardis
et expéditifs des écoles Okousoo de la Chine et Kano-é du
Japon; il y ajouta son esprit d'observation fine et ce sens par-
ticulier de l'élégance qui est le propre de tous les artistes du
Japon, même quand ils reproduisent les scènes les plus triviales.

« Okousaï est mort, mais il a évidemment des héritiers de
son talent, car nous voyons à chaque pas des peintures com-
munes et pleines d'esprit, dont nous voudrions connaître les
auteurs. »

Parmi ces oeuvres, peintures ou dessins, M. Guimct décrit
quelques-unes de celles qui l'ont le plus vivement frappé.
Une entre autres, que nous reproduisons ici, représente Sakia-
Mouni assis sur la fleur de lotus, la tète enveloppée d'une
auréole flamboyante. « D'un côté un couple souriant l'accable
de pièces de monnaie qu'il saisit de sa dextre avide, et en
récompense, il lance les rayons bienfaisants qui vont bénir les
dévots généreux. De l'autre côté, un autre couple, souriant aussi, j

j mais de ce sourire indécis et exagéré qui agrémente les figures
I des solliciteurs peu sûrs de leur fait. Le mari offre un boudin
de sapèque : total, quatre sous; la femme présente un décime
proprement enveloppé dans un carré de papier dont elle a
soigneusement redressé les coins. Mais aucun rayon n'émane
du côté gauche du divin bouddha ; sa main crispée repousse
les offrandes ridicules. »

Quel est l'auteur de ces dessins satiriques? Après mille
recherches infructueuses, mille questions toujours éludées,
M. Regamey est parvenu à découvrir qu'il se nomme Kiosaï. Il
est né à Yeddo, aujourd'hui Tokio, car Yeddo n'existe plus pour
le Japonais. « Elève de Karino, peintre du Taïkoun, il ne tarda
pas à se distinguer par son habileté. Arrivé à un certain âge, il
trouva que le style de son maître manquait de vivacité et de
hardiesse, et, au grand désespoir de son professeur, il se mit à
faire des dessins humoristiques. Mais en même temps, il prit
l'habitude de boire à outrance et se mit à vivre à sa fantaisie,
sans se soucier des usages si respectés au Japon. Le nom qu'il
a adopté pour signer ses ouvrages signifie fou. Et comme on le
comparait au Shoofoo, le singe légendaire qui boit sans cesse,
il signa Shoofoo-Kiosaï, le singe ivrogne et fou. »

Ses satires politiques lui ont valu plusieurs condamnations
à la prison. M. Guimet alla lui faire visite avec F. Regamey.
C'est dans cette visite que Regamey fit le portrait de Kiosaï, et
Kiosaï celui de Regamey.

Eugène Ver on.

ART DRAMATIQUE

OPÉRA, LE COMTE OR Y — THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE, BELLE LURETTE

(^WsOiÂr~- 'événement musical de la semaine est la reprise du
Comte Ory à l'Opéra, reprise très approuvée des

final est le même, car Raimbaud a triomphé dans la cave du
castel comme l'armée française au fort du Trocadéro.

uns, jugée très inopportune par d'autres. Contester 1 La scène où ce récit prend place est la plus populaire de la

l'éclatant génie de Rossini serait nier la lumière du soleil. Ce partition de Rossini. Les orphéons — ceux du moins qui sont

génie avait même cela de particulier, qu'étant d'un fonds plus
riche que tous les génies connus, tout sujet lui était bon pour
épandre ses trésors de mélodie avec une abondance dont, sauf
Mozart, il n'y a pas d'autre exemple. Il écrivait indifféremment
le Barbier de Séville et la Sémiramide, Moïse et le Comte Ory,

parvenus à un certain degré d'éducation musicale — l'affec-
tionnent et la chantent volontiers. Le fait est que l'heureuse
disposition des voix y produit des effets relativement faciles et
toujours charmants. Elle est exécutée à l'Opéra d'une façon
très satisfaisante. M. Melchissédec fait merveille dans le récit

jusqu'au jour où. se recueillant et ramassant toutes ses forces j dont nous avons parlé, et les chœurs sont chantés avec un

intérieures, il devait doter l'opéra français de ce chef-d'œuvre ! ensemble voisin de la perfection.

de la scène lyrique, Guillaume Tell. On voudrait pouvoir faire le même éloge des autres parties

Le Comte Ory, joué pour la première fois à l'Opéra le j de l'exécution. Mais à quoi bon cacher ce qui est évident?

20 août 1828, n'était pas donné comme chose nouvelle. Le i Est-ce un progrès ou une décadence? L'art de la vocalisation

livret avait déjà paru en 1816, au Vaudeville, signé de Scribe est perdu, entièrement perdu. Nos chanteurs et nos cantatrices

et Delestre-Poirson. Quant à la musique, elle devait d'abord 1 tournent tous leurs efforts vers le chant expressif; c'est à peine

être empruntée à une cantate, 77 Viaggio à Reims, que Rossini | s'ils consentent à faire les études de vocalise nécessaires pour
avait composée en 1825 pour le Théâtre-Italien, à l'occasion du
sacre de Charles X. Mais, fort heureusement pour lui et pour
nous, Rossini dut ajouter à sa partition un assez grand nombre

de morceaux nouveaux. Il ne reste plus de la cantate officielle j n'intéresse nullement le public de nos jours. Si l'administration

que trois morceaux et aussi le premier mouvement de l'air de de l'Opéra veut remonter le courant, souhaitons qu'elle trouve

Raimbaud au second acte. Cette page entraînante, d'une verve dans ses convictions artistiques la force nécessaire pour triom-

joyeuse et rapide, avec ses modulations coupées par les excla- pher des obstacles, et aussi que ses abonnés l'appuient sérieuse-

mations du chœur, servit dans le Voyage à Reims à raconter la ment dans ses tentatives de résurrection.

victoire du Trocadéro. Dans le Comte Ory, ce n'est pas une C'est surtout par l'ensemble que brillent les représentations

bataille qu'elle dépeint, mais le pillage d'une cave par l'un des de notre Académie nationale de musique. Dans cette reprise du

compagnons du comte Ory. L'énumération des bouteilles et des Comte Ory, ce qui concerne les masses est irréprochable. Le

crus remplace celle des bataillons et des brigades; le résultat j cantabile sans accompagnement qui se trouve à la fin du pré-

poser la voix et bien établir le son. La tradition de l'art du bel
canto, que les sopranistes avaient poussé au plus haut point, est
perdue; et la fioriture, forcément mal exécutée par les artistes,
 
Annotationen