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Régamey, Félix: L' enseignement du dessin aux États-Unis, [2]
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0355
L'ENSEIGNEMENT DU DESSIN AUX ÉTATS-UNIS1
(suite)
BOSTON (Suite).
Grâce à ses nombreux travaux et particulièrement à ses rap-
ports sur l'Exposition des e'coles françaises de dessin en 1864 et
1869, M. W. Smith avait acquis une autorité considérable en
matière d'enseignement artistique. Dès 1872,11 apporta le tribut
de son érudition et de son expérience à l'élaboration définitive
des programmes ébauchés; c'est à lui qu'on en doit le dévelop-
pement méthodique, si remarquable à tous égards et qu'on a pu
constater ultérieurement2- La théorie de M. Walter Smith se
trouve résumée dans les extraits ci-dessous, tirés d'une de ses
innombrables publications sur la matière.
Extraits du Rapport annuel sur le dessin industriel dans
l'État de Massachussettspour l'année i8jg, par Walter Smith :
« Nous ne devons nous occuper d'enseigner que ce qui peut
être appris par tous, et être directement ou indirectement utile à
tous.
« Nous laissons à l'enseignement avancé ou spécial le soin
d'enseigner ce que peuvent désirer savoir quelques personnes
exceptionnellement douées par la nature ou par la fortune, et
dont le public n'a pas à s'occuper.
« C'est le dessin industriel et non le dessin pittoresque ou
pictural qu'il convient d'enseigner dans les écoles publiques.
« Les exercices toujours progressifs doivent être reliés entre
eux depuis la classe la plus basse jusqu'à la plus haute. A partir
de celle-ci, l'enseignement devient personnel et les exercices
doivent être variés en raison des capacités diverses des divers
individus.
« Le seul moyen pratique de faire entrer le dessin dans les
écoles publiques est d'en confier l'enseignement aux professeurs
ordinaires.
«Les éléments delà forme étant un composé d'arithmétique
et d'écriture, tout professeur doit très rapidement se trouver en
état d'enseigner le dessin, sans même qu'il lui soit besoin d'un
goût exceptionnel ou d'une extrême habileté de main. »
Citons encore cette série d'apophthegmes :
I. « Un enfant peut-il apprendre à lire, écrire et compter,
il peut, tout aussi bien, apprendre à dessiner.
II. « Le dessin constitue un des éléments de l'éducation
générale. L'école publique doit donc l'enseigner. C'est au moins
la loi du Massachussetts.
III. « Tout professeur ordinaire peut l'enseigner; pas n'est
besoin de spécialistes.
IV. « La fonction vraie du dessin dans l'éducation générale
est de développer la perception et d'exercer l'imagination.
Conséquemment, il fortifie l'amour de la méthode, tout en
suscitant l'originalité.
V. « Le dessin n'est pas chose de luxe. C'est un outil qui
facilite l'étude d'autres sujets, tels que la géographie, l'histoire,
la mécanique, etc. »
Nous venons de voir la théorie, voyons comment on l'a
mise en pratique.
Le système traditionnel des écoles publiques est calculé de
manière à embrasser une période de douze années, ainsi divisée :
Primary-school. — École primaire, trois ans.
Grammar-school. — École de grammaire, six ans.
High-school. — École supérieure, trois ans.
C'est dans ce cadre tout fait qu'il s'agissait d'introduire
l'enseignement du dessin. Tous les autres exercices étant rigou-
reusement déterminés, le nouveau problème était hérissé de dif-
ficultés complexes qui donnèrent à M. W. Smith l'occasion
d'exercer son remarquable talent d'organisateur 3.
Au lieu de tenir pour imperfectible son plan primitif, il s'est
ingénié à l'améliorer peu à peu, au fur et à mesure que la
pratique le renseignait plus exactement sur la valeur des pro-
cédés.
En ce moment, il achève la publication de cahiers de
modèles et de manuels, bases de sa méthode, qui comportent
tous les développements, toutes les améliorations que huit
années d'expérience continue ont suggérées à leur auteur. Nous
ne saurions mieux faire que d'en donner une description rapide.
Un cours primaire ainsi composé :
Deux séries de planches, contenant des modèles pour le
dessin sur ardoise, à l'usage des écoles primaires ;.
Un manuel des professeurs, contenant les indications néces-
saires pour l'enseignement du dessin sur ardoise ;
Deux cahiers de modèles pour les classes supérieures
des écoles primaires, destinés à fournir aux élèves les premiers
éléments pratiques du dessin sur papier; ces cahiers traitent,
savoir :
Cahier n° 1. — Des lignes droites et de leurs combinaisons
dans les figures simples de la géométrie plane ;
Cahier n° 2. — Des courbes simples et de leur application
dans les esquisses d'objets simples et dans le dessin d'ornement ;
ainsi que de l'ellipse et de l'ovale et de leurs applications.
A ces cahiers est annexé :
Un manuel du professeur, donnant les indications néces-
saires à l'exécution des exercices qu'ils contiennent.
Un cours secondaire, composé de douze cahiers de modèles,
numérotés de 5 à 14, contenant chacun vingt pages d'exer-
cices progressifs, dessin linéaire et esquisse. La somme de
travail représentée par chacun de ces cahiers correspond à la
période scolaire, qui est de cinq mois.
Cahier n° 3. — Etudes des courbes et de leurs applications
dans les diverses figures d'ornements et les objets simples, le
pentagone, l'hexagone, et des notions plus avancées sur l'esquisse.
Cahier n° 4. — La spirale et l'octogone, application des
ligures géométriques aux dessins d'objets, au dessin d'ornements
et à l'esquisse.
Cahier n° 5. — Signes conventionnels élémentaires, pra-
tique du dessin géométrique et conventionnel.
Cahier n° 6. — Dessin linéaire, figures dans l'espace, corps
solides, conventions admises pour leur représentation par le
dessin. — Dans ce livre, l'étude pratique commence par le tracé
d'un cône et d'un cylindre tels qu'ils apparaissent, et d'objets
simples dont ils sont la base; introduction à l'étude du dessin
d'objets.
Cahier n" 7. — Mêmes traits généraux que dans le cahier
n° 6. En outre, quelques éléments du style égyptien.
Cahier n° 8. — Mêmes traits généraux que dans les livres 9
et 7, notions élémentaires sur le dessin de géométrie plane exé-
cuté avec le secours d'instrumènts, et l'application du dessin
géométrique et l'étude de la forme des plantes ; quelques exem-
ples de style grec.
1. Voir l'Art, 6° année, tome IV, page 287.
2. Voir, dans le rapport sur l'instruction primaire à l'Exposition universelle de Philadelphie en 1876, les chapitres relatifs à renseignement du dessin.
Boston entretient actuellement 1,04s professeurs pour 6y,ooo élèves environ répartis dans 173 écoles; et, dans ce nombre, j seulement sont reconnus
incapables d'enseigner le dessin dans leur classe respective.
(suite)
BOSTON (Suite).
Grâce à ses nombreux travaux et particulièrement à ses rap-
ports sur l'Exposition des e'coles françaises de dessin en 1864 et
1869, M. W. Smith avait acquis une autorité considérable en
matière d'enseignement artistique. Dès 1872,11 apporta le tribut
de son érudition et de son expérience à l'élaboration définitive
des programmes ébauchés; c'est à lui qu'on en doit le dévelop-
pement méthodique, si remarquable à tous égards et qu'on a pu
constater ultérieurement2- La théorie de M. Walter Smith se
trouve résumée dans les extraits ci-dessous, tirés d'une de ses
innombrables publications sur la matière.
Extraits du Rapport annuel sur le dessin industriel dans
l'État de Massachussettspour l'année i8jg, par Walter Smith :
« Nous ne devons nous occuper d'enseigner que ce qui peut
être appris par tous, et être directement ou indirectement utile à
tous.
« Nous laissons à l'enseignement avancé ou spécial le soin
d'enseigner ce que peuvent désirer savoir quelques personnes
exceptionnellement douées par la nature ou par la fortune, et
dont le public n'a pas à s'occuper.
« C'est le dessin industriel et non le dessin pittoresque ou
pictural qu'il convient d'enseigner dans les écoles publiques.
« Les exercices toujours progressifs doivent être reliés entre
eux depuis la classe la plus basse jusqu'à la plus haute. A partir
de celle-ci, l'enseignement devient personnel et les exercices
doivent être variés en raison des capacités diverses des divers
individus.
« Le seul moyen pratique de faire entrer le dessin dans les
écoles publiques est d'en confier l'enseignement aux professeurs
ordinaires.
«Les éléments delà forme étant un composé d'arithmétique
et d'écriture, tout professeur doit très rapidement se trouver en
état d'enseigner le dessin, sans même qu'il lui soit besoin d'un
goût exceptionnel ou d'une extrême habileté de main. »
Citons encore cette série d'apophthegmes :
I. « Un enfant peut-il apprendre à lire, écrire et compter,
il peut, tout aussi bien, apprendre à dessiner.
II. « Le dessin constitue un des éléments de l'éducation
générale. L'école publique doit donc l'enseigner. C'est au moins
la loi du Massachussetts.
III. « Tout professeur ordinaire peut l'enseigner; pas n'est
besoin de spécialistes.
IV. « La fonction vraie du dessin dans l'éducation générale
est de développer la perception et d'exercer l'imagination.
Conséquemment, il fortifie l'amour de la méthode, tout en
suscitant l'originalité.
V. « Le dessin n'est pas chose de luxe. C'est un outil qui
facilite l'étude d'autres sujets, tels que la géographie, l'histoire,
la mécanique, etc. »
Nous venons de voir la théorie, voyons comment on l'a
mise en pratique.
Le système traditionnel des écoles publiques est calculé de
manière à embrasser une période de douze années, ainsi divisée :
Primary-school. — École primaire, trois ans.
Grammar-school. — École de grammaire, six ans.
High-school. — École supérieure, trois ans.
C'est dans ce cadre tout fait qu'il s'agissait d'introduire
l'enseignement du dessin. Tous les autres exercices étant rigou-
reusement déterminés, le nouveau problème était hérissé de dif-
ficultés complexes qui donnèrent à M. W. Smith l'occasion
d'exercer son remarquable talent d'organisateur 3.
Au lieu de tenir pour imperfectible son plan primitif, il s'est
ingénié à l'améliorer peu à peu, au fur et à mesure que la
pratique le renseignait plus exactement sur la valeur des pro-
cédés.
En ce moment, il achève la publication de cahiers de
modèles et de manuels, bases de sa méthode, qui comportent
tous les développements, toutes les améliorations que huit
années d'expérience continue ont suggérées à leur auteur. Nous
ne saurions mieux faire que d'en donner une description rapide.
Un cours primaire ainsi composé :
Deux séries de planches, contenant des modèles pour le
dessin sur ardoise, à l'usage des écoles primaires ;.
Un manuel des professeurs, contenant les indications néces-
saires pour l'enseignement du dessin sur ardoise ;
Deux cahiers de modèles pour les classes supérieures
des écoles primaires, destinés à fournir aux élèves les premiers
éléments pratiques du dessin sur papier; ces cahiers traitent,
savoir :
Cahier n° 1. — Des lignes droites et de leurs combinaisons
dans les figures simples de la géométrie plane ;
Cahier n° 2. — Des courbes simples et de leur application
dans les esquisses d'objets simples et dans le dessin d'ornement ;
ainsi que de l'ellipse et de l'ovale et de leurs applications.
A ces cahiers est annexé :
Un manuel du professeur, donnant les indications néces-
saires à l'exécution des exercices qu'ils contiennent.
Un cours secondaire, composé de douze cahiers de modèles,
numérotés de 5 à 14, contenant chacun vingt pages d'exer-
cices progressifs, dessin linéaire et esquisse. La somme de
travail représentée par chacun de ces cahiers correspond à la
période scolaire, qui est de cinq mois.
Cahier n° 3. — Etudes des courbes et de leurs applications
dans les diverses figures d'ornements et les objets simples, le
pentagone, l'hexagone, et des notions plus avancées sur l'esquisse.
Cahier n° 4. — La spirale et l'octogone, application des
ligures géométriques aux dessins d'objets, au dessin d'ornements
et à l'esquisse.
Cahier n° 5. — Signes conventionnels élémentaires, pra-
tique du dessin géométrique et conventionnel.
Cahier n° 6. — Dessin linéaire, figures dans l'espace, corps
solides, conventions admises pour leur représentation par le
dessin. — Dans ce livre, l'étude pratique commence par le tracé
d'un cône et d'un cylindre tels qu'ils apparaissent, et d'objets
simples dont ils sont la base; introduction à l'étude du dessin
d'objets.
Cahier n" 7. — Mêmes traits généraux que dans le cahier
n° 6. En outre, quelques éléments du style égyptien.
Cahier n° 8. — Mêmes traits généraux que dans les livres 9
et 7, notions élémentaires sur le dessin de géométrie plane exé-
cuté avec le secours d'instrumènts, et l'application du dessin
géométrique et l'étude de la forme des plantes ; quelques exem-
ples de style grec.
1. Voir l'Art, 6° année, tome IV, page 287.
2. Voir, dans le rapport sur l'instruction primaire à l'Exposition universelle de Philadelphie en 1876, les chapitres relatifs à renseignement du dessin.
Boston entretient actuellement 1,04s professeurs pour 6y,ooo élèves environ répartis dans 173 écoles; et, dans ce nombre, j seulement sont reconnus
incapables d'enseigner le dessin dans leur classe respective.