Frise composée et dessinée par Léon G au chère t..
NUREMBERG
LE MUSÉE GERMANIQUE
unich, la capitale officielle de la Bavière, ne forme un
centre naturel que pour les trois anciennes provinces
des ducs bavarois, la Bavière supérieure et inférieure et
le Palatinat supérieur (qu'il ne faut pas confondre avec
le Palatinat rhénan), tandis que les trois provinces
franconiennes données par Napoléon Ier à Maximilien l"
de Bavière, son allié et ami, gravitent naturellement
vers Nuremberg, en dépit des aversions de la bureau-
cratie, qui n'a pas même daigné en faire le chef-lieu d'une
province.
Dans un essai sur le musée national bavarois, j'avais nomme
Munich, « a kingmade city », une ville artificielle, devant les
trois quarts de sa prospérité, pour ne pas dire de son existence, à la
protection séculaire à elle accordée par les princes de la maison royale de
Wittelsbach, et surtout aux efforts persévérants du roi Louis Ier, qui, à
travers mille obstacles, amassa les trésors artistiques, bâtit les merveilleux
édifices publics qu'elle possède aujourd'hui et en fit une des plus belles villes
de l'Europe centrale.
Dessin de M110 Herwecen. . f . , ,
Nuremberg, au contraire, la vieille cité libre et impériale, peut être
considérée comme le prototype de ces vaillantes et nobles communes, qui doivent tout à la
valeur et à l'industrie de leurs citoyens ; qui, loin d'être choyées, protégées, agrandies artificiel-
lement par des générations successives de souverains et de rois, ont passé des siècles entiers
dans des luttes incessantes contre le pouvoir seigneurial. Semblables aux républiques helléniques
florissant au beau milieu d'un monde gouverné par le principe autocratique, elles paraissent
destinées à rappeler à notre époque que la civilisation, la culture des arts, des sciences et des
lettres n'est pas l'apanage exclusif des monarchies et que, sous ce rapport, la liberté vaut autant
et peut-être plus que la faveur des princes et des rois.
En effet, il est de mode dans l'Allemagne contemporaine, de proclamer bien haut que le
salut de l'art et de l'industrie artistique dépend entièrement de la sollicitude que témoignent à
cet égard les gouvernements et les souverains. C'est chose consacrée que d'attribuer l'infériorité
relative de l'Allemagne dans ce domaine à la circonstance malheureuse que nos gouvernants,
uniquement préoccupés du souci de maintenir au premier rang notre grandeur militaire, dépensent
dans ce but, sans sourciller, des sommes vraiment effroyables, et pensent se rattraper en se
montrant, pour tout le reste, aussi avares que possible de subsides et de faveurs. En somme,
Tome XXIII. 4
NUREMBERG
LE MUSÉE GERMANIQUE
unich, la capitale officielle de la Bavière, ne forme un
centre naturel que pour les trois anciennes provinces
des ducs bavarois, la Bavière supérieure et inférieure et
le Palatinat supérieur (qu'il ne faut pas confondre avec
le Palatinat rhénan), tandis que les trois provinces
franconiennes données par Napoléon Ier à Maximilien l"
de Bavière, son allié et ami, gravitent naturellement
vers Nuremberg, en dépit des aversions de la bureau-
cratie, qui n'a pas même daigné en faire le chef-lieu d'une
province.
Dans un essai sur le musée national bavarois, j'avais nomme
Munich, « a kingmade city », une ville artificielle, devant les
trois quarts de sa prospérité, pour ne pas dire de son existence, à la
protection séculaire à elle accordée par les princes de la maison royale de
Wittelsbach, et surtout aux efforts persévérants du roi Louis Ier, qui, à
travers mille obstacles, amassa les trésors artistiques, bâtit les merveilleux
édifices publics qu'elle possède aujourd'hui et en fit une des plus belles villes
de l'Europe centrale.
Dessin de M110 Herwecen. . f . , ,
Nuremberg, au contraire, la vieille cité libre et impériale, peut être
considérée comme le prototype de ces vaillantes et nobles communes, qui doivent tout à la
valeur et à l'industrie de leurs citoyens ; qui, loin d'être choyées, protégées, agrandies artificiel-
lement par des générations successives de souverains et de rois, ont passé des siècles entiers
dans des luttes incessantes contre le pouvoir seigneurial. Semblables aux républiques helléniques
florissant au beau milieu d'un monde gouverné par le principe autocratique, elles paraissent
destinées à rappeler à notre époque que la civilisation, la culture des arts, des sciences et des
lettres n'est pas l'apanage exclusif des monarchies et que, sous ce rapport, la liberté vaut autant
et peut-être plus que la faveur des princes et des rois.
En effet, il est de mode dans l'Allemagne contemporaine, de proclamer bien haut que le
salut de l'art et de l'industrie artistique dépend entièrement de la sollicitude que témoignent à
cet égard les gouvernements et les souverains. C'est chose consacrée que d'attribuer l'infériorité
relative de l'Allemagne dans ce domaine à la circonstance malheureuse que nos gouvernants,
uniquement préoccupés du souci de maintenir au premier rang notre grandeur militaire, dépensent
dans ce but, sans sourciller, des sommes vraiment effroyables, et pensent se rattraper en se
montrant, pour tout le reste, aussi avares que possible de subsides et de faveurs. En somme,
Tome XXIII. 4