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RT.
contrairement à l'opinion ge'néralement admise d'après la notice
de Roeland van Eynden, qu'il n'a existé qu'un peintre du nom
de Beerestraaten, portant le pre'nom de Jan,et que l'homonyme
Portrait de Palamèdes Palamedesz,
d'après la gravure de Houbraken.
qu'on lui adjoignait sous le prénom d'Alexandre n'a dû son exis-
tence qu'à une erreur sur une signature. Il a même pu prouver
que certains renseignements sur Govert Flinck donnés par
Houbraken, et qu'on admettait sans défiance, d'après son témoi-
gnage, parce qu'il s'agissait de faits contemporains, sont erronés
et formellement démentis par des pièces dont l'authenticité est
incontestable.
La valeur du travail de M. Havard est donc au-dessus de
toute contestation, et l'on peut considérer comme absolument
certain tout ce qu'il affirme, car il n'affirme jamais que sur
preuves indiscutables. Il a eu soin d'ailleurs d'ajouter à ses
études les fac-similés des signatures relevées par lui et des pièces
les plus importantes.
A chacune de ces études il a ajouté un appendice qui donne
les témoignages les plus considérables, le catalogue des œuvres
connues des artistes qui ont été l'objet de ses recherches, et des
tables très bien faites des matières, des appendices, des artistes
nommés et des gravures hors texte et dans le texte qui y sont
jointes. Ces gravures, dont quelques-unes sont très curieuses et
peu connues, sont au nombre de vingt-sept. Il y a quatre eaux-
fortes : Portrait de femme, de Mierevelt, par Léopold Flameng.
— Concert d'Anthoni Palamèdes, par Roussclle. —■ Portrait
d'enfant, de Govert Flinck, par Mongin. — Intérieur hollandais,
de Pieter de Hooch, par T. de Mare.
Quant au livre lui-même nous n'avons rien à en dire, sinon
qu'il est imprimé et édité par M. A. Quaniin, et qu'il fera très
bonne figure au milieu des beaux volumes qui composent la
Bibliothèque de l'Art et de la Curiosité.
Eugène Véron.
HISTOIRE ARTISTIQUE DU METAL1
m
LE MÉTAL
AU MOYEN AGE
(suite)
ITALIE (suite)
Il ne nous est pas resté de pièces d'orfèvrerie de Nicolas de
Pise, qui est surtout célèbre par ses sculptures monumentales ;
mais il avait associé à ses travaux son frère Jean de Pise qui
s'acquit une grande réputation pour ses ouvrages en métal. Jean
fat chargé en 1286 de faire pour la cathédrale d'Arezzo un
parement d'autel en orfèvrerie dont la partie centrale représentait
la Vierge; un bijou que les inventaires du temps évaluent à
trente mille florins brillait sur la poitrine de cette Vierge et les
pierres précieuses enrichissaient en maint endroit ce précieux
travail. Pour l'aider dans les nombreuses commandes qu'il
recevait, l'artiste s'associa deux sculpteurs siennois, Agostino et
Agnolo, et le sculpteur San Andréa. Ce groupe d'artistes forma
une école qui fut la souche d'où sont sortis la plupart des maîtres
qui ont donné l'impulsion à la grande Renaissance italienne.
A Pise, à Sienne, à Florence, les artistes dans tous les genres se
forment dans la boutique d'un orfèvre, et l'éducation qu'on y
recevait était tellement solide, que non seulement les apprentis
en sortaient capables de faire à volonté des statues ou des vases,
des bijoux ou des médailles, mais encore un grand nombre d'entre
eux ont pu joindre à leur titre d'orfèvre-sculpteur celui de
peintre et même d'architecte.
Les ouvrages qui sont restés de cette époque sont assez
nombreux, car l'Italie, qui n'a pas été déchirée comme la France
par les guerres religieuses, a pu conserver intact le trésor de
ses églises. Venise, Vérone, Milan, Monza, Pordenone, dans
le nord de l'Italie, Florence, Pise, Sienne, Pistoia, Arezzo,
Pérouse, Orvieto, dans le centre, montrent avec orgueil d'admi-
rables pièces d'orfèvrerie religieuse, se rattachant aux xn°, xme
et xiv' siècles.
Les ouvrages de cette époque se ressentent un peu comme
style du goût de la période précédente. Dans la figure humaine par
exemple, les formes sont toujours osseuses, la barbe et les che-
veux sont traités avec le plus grand soin et d'un travail souvent
minutieux, l'ensemble est généralement expressif, et l'exécution
parfois maigrelette. Tous ces traits sont parfaitement caracté-
risés dans un saint Jean-Baptiste en argent que possède le trésor
de Monza, et qui date du xive siècle, ainsi que dans plusieurs
autres ouvrages disséminés dans diverses églises d'Italie et se
1. Voir l'Art, 6» année, tome III, page 305, et tome IV, pages 20, 44 et 67.
RT.
contrairement à l'opinion ge'néralement admise d'après la notice
de Roeland van Eynden, qu'il n'a existé qu'un peintre du nom
de Beerestraaten, portant le pre'nom de Jan,et que l'homonyme
Portrait de Palamèdes Palamedesz,
d'après la gravure de Houbraken.
qu'on lui adjoignait sous le prénom d'Alexandre n'a dû son exis-
tence qu'à une erreur sur une signature. Il a même pu prouver
que certains renseignements sur Govert Flinck donnés par
Houbraken, et qu'on admettait sans défiance, d'après son témoi-
gnage, parce qu'il s'agissait de faits contemporains, sont erronés
et formellement démentis par des pièces dont l'authenticité est
incontestable.
La valeur du travail de M. Havard est donc au-dessus de
toute contestation, et l'on peut considérer comme absolument
certain tout ce qu'il affirme, car il n'affirme jamais que sur
preuves indiscutables. Il a eu soin d'ailleurs d'ajouter à ses
études les fac-similés des signatures relevées par lui et des pièces
les plus importantes.
A chacune de ces études il a ajouté un appendice qui donne
les témoignages les plus considérables, le catalogue des œuvres
connues des artistes qui ont été l'objet de ses recherches, et des
tables très bien faites des matières, des appendices, des artistes
nommés et des gravures hors texte et dans le texte qui y sont
jointes. Ces gravures, dont quelques-unes sont très curieuses et
peu connues, sont au nombre de vingt-sept. Il y a quatre eaux-
fortes : Portrait de femme, de Mierevelt, par Léopold Flameng.
— Concert d'Anthoni Palamèdes, par Roussclle. —■ Portrait
d'enfant, de Govert Flinck, par Mongin. — Intérieur hollandais,
de Pieter de Hooch, par T. de Mare.
Quant au livre lui-même nous n'avons rien à en dire, sinon
qu'il est imprimé et édité par M. A. Quaniin, et qu'il fera très
bonne figure au milieu des beaux volumes qui composent la
Bibliothèque de l'Art et de la Curiosité.
Eugène Véron.
HISTOIRE ARTISTIQUE DU METAL1
m
LE MÉTAL
AU MOYEN AGE
(suite)
ITALIE (suite)
Il ne nous est pas resté de pièces d'orfèvrerie de Nicolas de
Pise, qui est surtout célèbre par ses sculptures monumentales ;
mais il avait associé à ses travaux son frère Jean de Pise qui
s'acquit une grande réputation pour ses ouvrages en métal. Jean
fat chargé en 1286 de faire pour la cathédrale d'Arezzo un
parement d'autel en orfèvrerie dont la partie centrale représentait
la Vierge; un bijou que les inventaires du temps évaluent à
trente mille florins brillait sur la poitrine de cette Vierge et les
pierres précieuses enrichissaient en maint endroit ce précieux
travail. Pour l'aider dans les nombreuses commandes qu'il
recevait, l'artiste s'associa deux sculpteurs siennois, Agostino et
Agnolo, et le sculpteur San Andréa. Ce groupe d'artistes forma
une école qui fut la souche d'où sont sortis la plupart des maîtres
qui ont donné l'impulsion à la grande Renaissance italienne.
A Pise, à Sienne, à Florence, les artistes dans tous les genres se
forment dans la boutique d'un orfèvre, et l'éducation qu'on y
recevait était tellement solide, que non seulement les apprentis
en sortaient capables de faire à volonté des statues ou des vases,
des bijoux ou des médailles, mais encore un grand nombre d'entre
eux ont pu joindre à leur titre d'orfèvre-sculpteur celui de
peintre et même d'architecte.
Les ouvrages qui sont restés de cette époque sont assez
nombreux, car l'Italie, qui n'a pas été déchirée comme la France
par les guerres religieuses, a pu conserver intact le trésor de
ses églises. Venise, Vérone, Milan, Monza, Pordenone, dans
le nord de l'Italie, Florence, Pise, Sienne, Pistoia, Arezzo,
Pérouse, Orvieto, dans le centre, montrent avec orgueil d'admi-
rables pièces d'orfèvrerie religieuse, se rattachant aux xn°, xme
et xiv' siècles.
Les ouvrages de cette époque se ressentent un peu comme
style du goût de la période précédente. Dans la figure humaine par
exemple, les formes sont toujours osseuses, la barbe et les che-
veux sont traités avec le plus grand soin et d'un travail souvent
minutieux, l'ensemble est généralement expressif, et l'exécution
parfois maigrelette. Tous ces traits sont parfaitement caracté-
risés dans un saint Jean-Baptiste en argent que possède le trésor
de Monza, et qui date du xive siècle, ainsi que dans plusieurs
autres ouvrages disséminés dans diverses églises d'Italie et se
1. Voir l'Art, 6» année, tome III, page 305, et tome IV, pages 20, 44 et 67.