96 L'ART.
— Le concours pour la statue de la République à ériger sur
une des places publiques de la ville de Lyon n'a guère été bril-
lant. Le jury n'a pas cru devoir décerner de premier prix. Il a
accordé le second prix (2,000 fr.) au projet portant pour men-
tion : Une cocarde tricolore, auteur M. Guilbert.
Le troisième prix a été décerné au projet : Tout pour la
République, à M. Clésinger. Ce prix est de 1,500 francs.
Des mentions avec primes ont été décernées aux sujets sui-
vants :
Le Travail, M. Pousquet, prix de 1,000 francs.
Tout pour tous, M. Pagny, prime de 800 francs.
Triangle, M. Pézieux, prime de 500 francs.
La Ruche, M. de Gravillon, prime de 500 francs.
La commission a émis le vœu que l'administration instituât
un concours d'exécution entre les six projets primés.
— On organise à Tours, pour la fin de mai 1881, à l'occa-
sion du concours régional, une exposition artistique, industrielle,
commerciale et horticole ; un emplacement considérable lui est
affecté.
De grandes fêtes seront données pendant sa durée.
Algérie. — La ville d'Oran prépare une exposition indus-
trielle et artistique, ainsi qu'une exposition régionale agricole.
Un seul exposant parisien, M. Durand-Ruel, a envoyé
deux cents tableaux pour lesquels la municipalité a payé treize
cents francs de frais de transport, y compris l'assurance établie
sur un chiffre de cent cinquante mille francs.
De son côté, l'Algérie a fourni cent vingt et quelques
tableaux, ce qui prouve que les arts y ont définitivement acquis
droit de cité.
L'industrie ne sera pas moins bien représentée. On évalue
à plus d'un million de francs la valeur des machines et objets
divers exposés.
NECROLOGIE
— M. Adolphe-Félix Cols est décédé à Honfleur, le
3 octobre, dans sa soixante-dixième année. Son talent
était au-dessus de sa réputation. Ancien élève de Coignet,
il a exposé pendant quarante ans aux Salons. Il faisait
avec un égal succès le portrait, le tableau de genre et
le paysage. Millet, Corot, Ribot, etc., appréciaient son
talent.
■— Un des plus célèbres collectionneurs d'antiquités,
M. Campana, est mort à Rome, à l'âge de quatre-vingts ans,
le 12 octobre.
Sous le règne de Grégoire XVI, le marquis Campana
était directeur général du Mont-de-Piété.
Victime de la haine du cardinal Antonelli, il fut accusé
de détournements dans l'administration de cet établisse-
ment; il fut congédié et vit sa riche collection étrusque qui,
au dire des connaisseurs, était de la plus haute importance,
passer entre les mains du gouvernement pontifical.
De cette collection, connue sous le nom de musée Cam-
pana, il ne reste aujourd'hui à Rome que peu de chose.
Les principaux objets prirent le chemin de la France et de
la Russie.
— C'est avec un vif regret que nous avons à annoncer
la mort de notre illustre collaborateur, le baron Pietro
Ekcole Visconti, décédé à Rome, le 14 octobre. Depuis
quelques années sa robuste santé luttait contre l'affaiblisse-
ment qui l'avait presque subitement frappé et avait empê-
ché le savant octogénaire de continuer les études sur les
antiques de la Collection Torlonia dont il avait commencé
la publication dans l'Art1.
Le baron Visconti était neveu de l'architecte mort
en 1853, et petit-neveu de Ennio Quirino Visconti qui a
donné son nom au lycée de Rome.
Les Mémoires de l'Académie pontificale d'archéologie
et le Giornale Araldico ont publié un grand nombre de
travaux et de notices de l'illustre archéologue. En 1856, il
succéda au célèbre Canino dans les fonctions de commis-
saire des antiquités. Il était décoré de plus de vingt-cinq
ordres étrangers. C'est lui qui a dirigé les fouilles impor-
• En sa qualité de commissaire des antiquités, c'est lui
qui était chargé de faire les honneurs des antiquités — c'est
ainsi qu'il s'exprimait —■ aux empereurs, aux rois et aux
princes qui venaient visiter la Ville éternelle.
Ami intime de Pie IX, il résigna ses fonctions en 1S70,
mais continua à rendre de grands services dans la Commis-
sion archéologique de Rome dont il faisait partie. Il est
unanimement regretté par tous les partis.
— Nous apprenons la mort d'un compositeur de talent,
M. Edouard Wolff, qui a succombé samedi 16 octobre, à
l'âge de soixante-quatre ans.
M. Edouard Wolff, Polonais d'origine, habitait Paris
depuis plus de trente ans. Il avait vécu dans l'intimité de
Chopin et de Meyerbeer, dont il avait arrangé les œuvres
pour piano à quatre mains.
Il laisse près de quatre cents œuvres classiques des plus
appréciées ; ses Polonaises surtout sont connues.
■— On annonce la mort à Lausanne du peintre
Terry.
M. H.-J. Terry était d'origine anglaise. Son père,
établi à Genève, le plaça chez le peintre Calame, sous la
direction duquel il fit ses premières études.
Il abandonna assez vite la peinture pour apprendre la
lithographie, art très en vogue à cette époque. M. Calame
lui confia la reproduction de son œuvre. C'est M. Terry
qui exécuta, d'après les dessins du maître, toutes ces
planches, ces cahiers, ces albums d'études, qui pendant
bien des années servirent de modèles dans toutes les
écoles et qui contribuèrent beaucoup à répandre le nom
de Calame dans toute l'Europe.
La photographie fut la mort de cet art. C'est alors que
Terry suivit un autre genre. Il devint aquarelliste et eut
bientôt conquis le titre d'artiste. Après avoir séjourné quel-
que temps à Bàle et à Mulhouse, il vint se fixer à Lau-
sanne, où, tout en conservant sa nationalité anglaise, il
s'allia à une famille de cette ville.
Ses productions étaient remarquées aux expositions
suisses parleur grande facilité. Ses aquarelles sont recher-
tantes d'Ostie. | chées des amateurs. Les plus réussies sont en Angleterre.
1. Voir l'Art, 2' année, tome I, pages 149 et 221 ; tome II, page 25 ; tome III, pages 208, et 29; et tome IV, page 49.
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
— Le concours pour la statue de la République à ériger sur
une des places publiques de la ville de Lyon n'a guère été bril-
lant. Le jury n'a pas cru devoir décerner de premier prix. Il a
accordé le second prix (2,000 fr.) au projet portant pour men-
tion : Une cocarde tricolore, auteur M. Guilbert.
Le troisième prix a été décerné au projet : Tout pour la
République, à M. Clésinger. Ce prix est de 1,500 francs.
Des mentions avec primes ont été décernées aux sujets sui-
vants :
Le Travail, M. Pousquet, prix de 1,000 francs.
Tout pour tous, M. Pagny, prime de 800 francs.
Triangle, M. Pézieux, prime de 500 francs.
La Ruche, M. de Gravillon, prime de 500 francs.
La commission a émis le vœu que l'administration instituât
un concours d'exécution entre les six projets primés.
— On organise à Tours, pour la fin de mai 1881, à l'occa-
sion du concours régional, une exposition artistique, industrielle,
commerciale et horticole ; un emplacement considérable lui est
affecté.
De grandes fêtes seront données pendant sa durée.
Algérie. — La ville d'Oran prépare une exposition indus-
trielle et artistique, ainsi qu'une exposition régionale agricole.
Un seul exposant parisien, M. Durand-Ruel, a envoyé
deux cents tableaux pour lesquels la municipalité a payé treize
cents francs de frais de transport, y compris l'assurance établie
sur un chiffre de cent cinquante mille francs.
De son côté, l'Algérie a fourni cent vingt et quelques
tableaux, ce qui prouve que les arts y ont définitivement acquis
droit de cité.
L'industrie ne sera pas moins bien représentée. On évalue
à plus d'un million de francs la valeur des machines et objets
divers exposés.
NECROLOGIE
— M. Adolphe-Félix Cols est décédé à Honfleur, le
3 octobre, dans sa soixante-dixième année. Son talent
était au-dessus de sa réputation. Ancien élève de Coignet,
il a exposé pendant quarante ans aux Salons. Il faisait
avec un égal succès le portrait, le tableau de genre et
le paysage. Millet, Corot, Ribot, etc., appréciaient son
talent.
■— Un des plus célèbres collectionneurs d'antiquités,
M. Campana, est mort à Rome, à l'âge de quatre-vingts ans,
le 12 octobre.
Sous le règne de Grégoire XVI, le marquis Campana
était directeur général du Mont-de-Piété.
Victime de la haine du cardinal Antonelli, il fut accusé
de détournements dans l'administration de cet établisse-
ment; il fut congédié et vit sa riche collection étrusque qui,
au dire des connaisseurs, était de la plus haute importance,
passer entre les mains du gouvernement pontifical.
De cette collection, connue sous le nom de musée Cam-
pana, il ne reste aujourd'hui à Rome que peu de chose.
Les principaux objets prirent le chemin de la France et de
la Russie.
— C'est avec un vif regret que nous avons à annoncer
la mort de notre illustre collaborateur, le baron Pietro
Ekcole Visconti, décédé à Rome, le 14 octobre. Depuis
quelques années sa robuste santé luttait contre l'affaiblisse-
ment qui l'avait presque subitement frappé et avait empê-
ché le savant octogénaire de continuer les études sur les
antiques de la Collection Torlonia dont il avait commencé
la publication dans l'Art1.
Le baron Visconti était neveu de l'architecte mort
en 1853, et petit-neveu de Ennio Quirino Visconti qui a
donné son nom au lycée de Rome.
Les Mémoires de l'Académie pontificale d'archéologie
et le Giornale Araldico ont publié un grand nombre de
travaux et de notices de l'illustre archéologue. En 1856, il
succéda au célèbre Canino dans les fonctions de commis-
saire des antiquités. Il était décoré de plus de vingt-cinq
ordres étrangers. C'est lui qui a dirigé les fouilles impor-
• En sa qualité de commissaire des antiquités, c'est lui
qui était chargé de faire les honneurs des antiquités — c'est
ainsi qu'il s'exprimait —■ aux empereurs, aux rois et aux
princes qui venaient visiter la Ville éternelle.
Ami intime de Pie IX, il résigna ses fonctions en 1S70,
mais continua à rendre de grands services dans la Commis-
sion archéologique de Rome dont il faisait partie. Il est
unanimement regretté par tous les partis.
— Nous apprenons la mort d'un compositeur de talent,
M. Edouard Wolff, qui a succombé samedi 16 octobre, à
l'âge de soixante-quatre ans.
M. Edouard Wolff, Polonais d'origine, habitait Paris
depuis plus de trente ans. Il avait vécu dans l'intimité de
Chopin et de Meyerbeer, dont il avait arrangé les œuvres
pour piano à quatre mains.
Il laisse près de quatre cents œuvres classiques des plus
appréciées ; ses Polonaises surtout sont connues.
■— On annonce la mort à Lausanne du peintre
Terry.
M. H.-J. Terry était d'origine anglaise. Son père,
établi à Genève, le plaça chez le peintre Calame, sous la
direction duquel il fit ses premières études.
Il abandonna assez vite la peinture pour apprendre la
lithographie, art très en vogue à cette époque. M. Calame
lui confia la reproduction de son œuvre. C'est M. Terry
qui exécuta, d'après les dessins du maître, toutes ces
planches, ces cahiers, ces albums d'études, qui pendant
bien des années servirent de modèles dans toutes les
écoles et qui contribuèrent beaucoup à répandre le nom
de Calame dans toute l'Europe.
La photographie fut la mort de cet art. C'est alors que
Terry suivit un autre genre. Il devint aquarelliste et eut
bientôt conquis le titre d'artiste. Après avoir séjourné quel-
que temps à Bàle et à Mulhouse, il vint se fixer à Lau-
sanne, où, tout en conservant sa nationalité anglaise, il
s'allia à une famille de cette ville.
Ses productions étaient remarquées aux expositions
suisses parleur grande facilité. Ses aquarelles sont recher-
tantes d'Ostie. | chées des amateurs. Les plus réussies sont en Angleterre.
1. Voir l'Art, 2' année, tome I, pages 149 et 221 ; tome II, page 25 ; tome III, pages 208, et 29; et tome IV, page 49.
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.