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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0078

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6S L'ART.

du travail, des pièces fort curieuses découvertes en Valachie, et
maintenant déposées au musée de Bukharest. Ces pièces, dont
l'ensemble forme le trésor de Petrossa, du nom de la ville près
de laquelle elles ont été découvertes, passent pour avoir été
enfouies à l'époque de l'invasion des Huns, mais on n'a sur ce
sujet aucune donnée positive. Elles sont en or, et ce qu'elles
offrent de particulier, c'est qu'on n'y trouve ni armes, ni objets
usuels, mais simplement des disques, des aiguières, des patères
destinées aux libations, et se rattachant à un culte qu'une ins-
cription en caractères runiques a fait regarder comme étant
celui d'Odin, mais qui dans tous les cas est antérieur à celui du
christianisme dans le pays. Elles ont un caractère oriental très

prononcé, et quelques-unes sont décorées de lions et de pan-
thères dont le style rappelle celui de l'ancienne Perse.

Ces objets sont à peu près étrangers à la véritable Allemagne,
où l'on n'a rien découvert qui ait un caractère national, anté-
rieurement à Charlemagne. Encore est-on obligé de recon-
naître que parmi ces pièces, les plus belles qui nous aient été
conservées portent un cachet byzantin tellement prononcé, qu'il
est difficile de ne pas admettre, au moins pour quelques-unes,
qu'elles ont été fabriquées à Constantinople. Cette tradition
s'est même perpétuée pendant très longtemps et ce n'est pas
avant le xn° siècle qu'on voit se dessiner un style allemand
proprement dit.

III

LE MÉTAL

AU MOYEN AGE

ITALIE

Pendant toute la première partie du moyen âge, l'art avait
été comme ballotté entre deux tendances contradictoires. D'une
part, les Byzantins, dont l'industrie était beaucoup plus avancée
que .celle des autres nations, répandaient à profusion leurs produits
en Italie, et au temps de la guerre des iconoclastes leurs artistes
vinrent en foule s'y établir. D'autre part, les vieilles traditions
latines étaient restées, malgré tout, très vivaces dans le pays, et
le style latin dégénéré persistait en face des innovations byzan-
tines, sans progresser, sans se transformer en rien, et faisant tou-
jours acte, sinon d'activité, au moins d'existence. L'art ogival,
qui s'était développé dans le nord, n'avait eu que peu de prise sur
l'Italie, et quand on vit apparaître les premières lueurs de la
Renaissance, le pays se trouvait encore dans la situation que
nous venons de dépeindre.

Le Mont-Cassin, dont l'abbaye était une des plus riches de
l'Italie, formait en même temps un vaste laboratoire d'orfèvrerie
religieuse, dans lequel, tout en faisant de temps à autre des
ouvrages de style byzantin, on ne cessa jamais de pratiquer les
méthodes purement italiennes. L'abbaye du Mont-Cassin, situé
près de Naples, représente surtout la fabrication de l'Italie méri-
dionale. A Venise, c'est au contraire le style byzantin qui a
dominé à peu près exclusivement pendant tout le moyen âge.
Enfin les influences septentrionales se sont fait sentir, quoique
d'une manière restreinte, dans la Lombardie, principalement à
Milan et à Vérone. Les reliquaires conservés en Italie nous
offrent des échantillons de ces diverses manières.

Les reliquaires forment à cette époque la plus grande partie
des objets fabriqués par des orfèvres. Le reliquaire portatif aff ecte
des formes très diverses, il s'allonge, s'étend, se modèle comme
une cire obéissante. Il offre, tantôt l'image d'une chapelle ou
d'un château, tantôt celle d'une coupe ou d'un vase, et plus
souvent encore il réunit les deux types en une seule pièce, les
tourelles et les clochetons s'ajustent sur le pied d'un vase. Des
figures de saints ou d'anges, des fleurs, des fruits, des ornements
de tout genre, ciselés souvent avec une grande délicatesse, en
décorent toutes les parties.

Le mouvement d'idées d'où est sorti le style de la Renais-
sance a pris son premier développement dans l'Italie centrale.
Sienne, Pise et Florence en ont été les principaux foyers. Comme

à cette époque on ne connaissait pas encore la distinction que
l'on a voulu établir depuis, entre l'art et l'industrie, tout sculpteur
était orfèvre en même temps, et tout orfèvre se chargeait volon-
tiers de faire une statue quand l'occasion s'en présentait. Il y
avait des artistes qui exerçaient plus volontiers leur talent sur de
petits ouvrages, et d'autres qui préféraient en exécuter de grands,
mais tous indistinctement se pliaient aux commandes qui leur
étaient faites, et faisaient au besoin marcher de front, suivant la
mesure de leur savoir, un bijou de la dimension la plus exiguë,
et un groupe monumental destiné à la décoration d'une place
publique. Il en résulta un grand bien pour l'art, car les grandes
statues montrent toutes les délicatesses qu'on exige d'un objet
portatif, et les petits ouvrages sont traités avec la largeur que
donne l'habitude des grands travaux. Il résulte aussi de cette
nécessité où l'on était d'universaliser en quelque sorte ses études,
que l'histoire de l'orfèvrerie ne se distingue pas de celle de la
statuaire, et que les mêmes noms d'artistes se représentent quand
on parle de l'une ou de l'autre de ces deux branches de l'art.

Le besoin d'assigner à toutes choses une date positive a
fait regarder un bas-relief antique, encastré dans la cathédrale
de Pise, comme étant le point de départ de toute la Renaissance
italienne. Nicolas de Pise, sculpteur du xme siècle, aurait, en
voyant ce bas-relief qui représente la mort de Méléagre, conçu
le projet de ramener l'art aux principes qui avaient guidé les
sculpteurs de l'antiquité.

Je ne crois que d'une façon restreinte aux transformations
subites du goût public et aux résolutions instantanées d'un
artiste en quête de la voie qu'il doit suivre. Les transformations
du goût public se font en général petit à petit, et un artiste
n'adopte une manière de voir que par une série de réflexions
qui se déduisent l'une de l'autre. Si on n'avait pas eu déjà le
goût des ouvrages antiques, on n'en aurait pas employé pour la
décoration d'un monument nouveau, et il est permis de douter
que Nicolas de Pise, seul parmi les sculpteurs de son temps, eût
songé à les étudier pour se perfectionner dans son art. Seulement
il a mieux su que les autres en profiter, et comme son nom est
devenu illustre, on a concentré en lui tous les efforts d'un siècle
dont il n'était que la plus haute expression.

René Ménard.

(Z..1 mite prochainement.)
 
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