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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Véron, Eugène: Deuxième centenaire de la fondation de la Comédie-Franҫaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0125

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DEUXIÈME CENTENAIRE DE LA FONDATION DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE. 113

du lecteur, l'effet se trouve complètement manqué, et le plaisir attendu se change en
désappointement.

A la Comédie-Française, on n'a rien à craindre de semblable. A la connaissance approfondie
de la tradition de tous les grands comédiens qui les ont précédés, les comédiens d'aujourd'hui
ajoutent les résultats de leurs études et de leurs méditations personnelles, et par ce constant
effort qui se perpétue et se renouvelle de génération en génération, se produit une interprétation
de plus en plus complète qui, sur presque tous les points, est supérieure à celle que porte en
lui-même chacun des spectateurs.

Aussi peut-on dire que plus on connaît Molière, plus on a de joie à. le connaître encore; plus
on l'a étudié, plus est vive la jouissance qu'on éprouve à le voir ainsi interprété par des
comédiens qui ont sur la plupart de ceux qui viennent juger leur jeu la double supériorité d'une
aptitude naturelle plus déterminée pour les choses du théâtre, et d'une étude plus persistante, plus
suivie, plus méthodique des œuvres qu'ils interprètent.

C'est de cette supériorité, qui nous ouvre sans cesse des aperçus nouveaux, que résulte le
plaisir que nous éprouvons toujours à voir représenter les ouvrages de Molière par les comédiens
du Théâtre-Français. Ce plaisir a pour caractère propre d'être un plaisir tout particulier, qui ne
ressemble que de fort loin à celui que nous procure la représentation des pièces nouvelles,
quelque bien faites qu'elles puissent être; c'est un plaisir purement intellectuel, dont la supériorité
esthétique est incontestable, et que nous sommes véritablement heureux de voir partagé par un
aussi grand nombre de personnes.

M. E. Perrin, en osant continuer pendant huit jours de suite des représentations de ce genre,
a fait preuve d'une confiance dans son public, dont nous ne saurions trop le féliciter. Il n'a pas
craint de risquer une partie devant laquelle beaucoup de directeurs auraient certainement reculé,
étant donné le préjugé courant sur l'abaissement du sens artistique en France. Cette audace lui
a porté bonheur. En montrant par là qu'il ne doute ni de l'immortelle jeunesse du génie dont la
« maison » qu'il administre a l'honneur de porter le nom, ni de l'inépuisable admiration du
public pour ces œuvres vieilles de deux siècles, il a bien mérité et de Molière, et des Parisiens,
ainsi que les incomparables comédiens qui n'ont pas craint de s'associer à son audace et qui se
sont montrés à la hauteur d'une tâche aussi redoutable.

Eugène Véron.

Composition de Bachelier, peintre du Roy.
Gravée par P. P. Choffard, pour la grande édition in-folio des Fables de La Fontaine,

Tome XXIII.
 
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