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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Vandalisme
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Chronique française
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VANDALISME

X

talie. — Les artistes et les associations artistiques de
Rome ont jusqu'ici vainement protesté contre la des-
truction (arrêtée en principe pour cause de re'paration
de l'immeuble) de la frise représentant l'histoire de Niobé et de
ses enfants, frise attribuée au Caravage et qui décore la façade
d'une maison voisine de la Pia^a délia Fiammetta.

La municipalité paraît résolue à passer outre.

— Depuis que nous avons signalé les dangers que court la
Cène de Domenico Ghirlandaio dans l'ancien réfectoire d'Ognis-
santi2, et la façon dont est entretenue l'église elle-même, les
fabriciens ont trouvé de l'argent pour remettre à neuf les portes
de la façade de cette église, mais pas un centime pour arrêter la
ruine des dalles funéraires qui sont en pire état que jamais. C'est
pousser l'incurie jusqu'au scandale.

CHRONIQUE FRANÇAISE

— Dans notre dernier numéro, nous avons rendu compte
de l'importante cérémonie d'inauguration de la statue de Jean
Cousin, h Sens. Aujourd'hui nous possédons le discours pro-
noncé par M. Barbet de Jouy, de l'Académie des Beaux-Arts, et
nous sommes heureux de pouvoir le reproduire ici.

Voici ce discours :

« Messieurs,

« Au nom de l'Académie des beaux-arts, j'offre cette cou-
ronne.

« L'œuvre de Jean Cousin est répartie entre Sens et Paris,
sa vie ayant été partagée entre sa ville natale, où il revenait
toujours, et la ville adoptive de tous les artistes.

« A Sens, on aime à trouver une peinture élégante qui n'en
est jamais sortie, l'Eve première Pandore; mais c'est à Paris et
au musée du Louvre qu'est conservé le tableau le plus renommé
de Jean Cousin, le Jugement dernier, composition ingénieuse
et multiple, dont le premier mérite, et c'en est un grand pour
le temps où elle-a été conçue, est de n'avoir point été une imi-
tation de la fresque de Michel-Ange. Le Jugement dernier de
Jean Cousin est une conception parfaitement originale, dont la
pensée lui appartient et dont le développement dénote la plus
riche imagination.

« Les deux tableaux que je viens d'indiquer, l'un dans votre
ville, le plus important à Paris, sont, à peu de chose près, les
seules peintures à l'huile connues pour être bien authentiques
de la main de Jean Cousin.

« Aussi n'est-ce pas par la peinture à l'huile que son véri-
table génie doit être mesuré. C'est dans ses peintures sur verre
qu'il le faut étudier et juger. -

« La peinture sur verre est un art véritablement national,
et dans aucun pays autre que la France-il n'a été pratiqué, de
siècle en siècle, avec autant de persistance et de succès. Notre
climat en doit être la cause : quelque agréable et bienfaisant
qu'il soit, en raison de ses variations fréquentes, il est peu favo-
rable à la conservation des peintures murales; elles n'ont jamais
été populaires chez nous. Nos artistes, pour faire des œuvres
durables, ont eu recours au feu ; ils ont perfectionné les arts du
feu. Dans plusieurs provinces les verriers, à Limoges les émail-
leurs, ailleurs les céramistes, dont Palissy est le représentant le
plus illustre.

« Si l'on me demandait parmi les verriers quel a été le plus
grand peintre, je dirais : Jean Cousin.

« Il a introduit dans cet art qui, jusqu'à lui, avait été sur-
tout décoratif et s'écartant peu des principes de la mosaïque, les
lois de la peinture historique, la science qu'elles exigent, les
effets qu'elles doivent produire.

« Il faut donc examiner les peintures sur verre de Jean
Cousin comme les cartons, comme les tableaux des maîtres, et

leur demander les qualités qui, à ce titre, s'y doivent trouver.
Elles s'y trouvent à un haut degré.

« Pour ces peintures, le partage existe encore entre Sens et
Paris.

« A Sens, vous possédez dans l'église cathédrale, si riche en
vitraux, des peintures sur verre de Jean Cousin, qui ont la
grâce et le charme des œuvres de jeunesse; à Paris, c'est dans
Saint-Gervais que deux grandes pages, le Martyre de saint Lau-
rent, la Guérison du paralytique, démontrent bien le but élevé
que plus tard s'était proposé Jean Cousin, et qu'il a atteint avec
une incontestable supériorité. Son oeuvre la plus considérable,
celle qui suffirait à la gloire de tout artiste, en quelque pays, en
quelque temps qu'il soit né, est la peinture des sept grandes
fenêtres du chœur, dans la chapelle de Vincennes : l'Approche
du Jugement dernier, dont les épisodes sont empruntés aux
récits de l'Apocalypse. Les grandes figures d'anges, du dessin
le plus hardi, qui forment le couronnement de toutes les com-
positions, sont le lien d'unité qui rattache les groupes variés à
une action commune : le réveil au bruit éclatant des trompettes
et l'effarement des peuples surpris dans les occupations diverses
de la vie, depuis les paisibles travaux de la moisson jusqu'aux
sanglants massacres de la guerre. L'imagination poétique de
l'artiste de Sens a rencontré, dans ce sujet dramatique, l'occa-
sion de mettre en lumière toutes les ressources de son savoir, la
puissance de son talent, l'élévation de son style.

« L'on comprend, en présence d'une telle œuvre, quelle dut
être la persistance des études de Jean Cousin; l'on ne s'étonne
pas que, dans la maturité de l'âge, il ait publié, à dix ans de dis-
tance, un Traité de la perspective, en laquelle il excella, et un
livre sur les proportions du corps humain, livre qui, pour l'en-
seignement, a été de suite classique, et l'a été assez longtemps
pour qu'on en ait compté, jusqu'après 1821, vingt-quatre édi-
tions successives. De semblables travaux établissent solidement
la renommée et captivent la reconnaissance des hommes amis
de leur pays. Elle n'a pas fait défaut à Jean Cousin.

« Sans parler des historiens de Sens, au commencement
du siècle, Alexandre Lenoir, si vaillamment dévoué à toutes
nos richesses nationales, a, dans le musée des Petits-Augustins,
élevé un monument à la mémoire de Jean Cousin.

« C'est également un monument élevé à sa gloire, le livre
récent de M. Firmin-Didot, qui, bibliophile de race et amateur
passionné, a recherché patiemment, dans les manuscrits et les
livres du xvi" siècle, les miniatures et les gravures réunissant assez
de qualités de premier ordre pour être dignes du maître sénonois.

« Vous en inaugurez un aujourd'hui devant lequel je m'in-
cline avec respect et admiration.

« Heureuse a été la destinée de Jean Cousin de naître dans
une ville qui a protégé ses premiers travaux, conseï vé fidèlement
ses œuvres, honoré sa mémoire, et qui, avec tant de succès, lui

1. Voir l'Art, >e année, tome Ier, pages ijj, 154, 20j et 274; tome III, page 1
s. Voir l'Art, Co année, tome IV, page 41.

41 ; tome IV, page 2), et 6" année, tome III, pages 46 et 2S3, et tome IV, page 41.
 
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