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Armstrong, Walter: Alfred G. Stevens, [2]
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0186
i7o L'ART.
à cette hauteur artistique où Ton n'arrive que par l'union de la grâce et de la force, de
la beauté des lignes et de la profondeur méthodique de l'expression. Tout en se maintenant
toujours au même degré de perfection, l'artiste n'oublia jamais que le travail qu'on lui demandait
devait occuper dans le monde une place en somme assez modeste.
Jamais il n'essaya d'abuser de la supériorité de son génie pour donner
une importance illégitime à ce qui n'était après tout qu'article d'ameu-
blement. Jamais il ne se révolta contre l'obligation où il se trouvait
d'imposer à son imagination des limites étroites. On ne rencontrera pas
un seul exemple prouvant que l'artiste ait oublié, ne fût-ce qu'un
instant, l'effet de l'ensemble, pour se mettre en avant, en donnant libre
carrière à ses facultés.
Stevens fit aussi des dessins pour d'autres fabricants de Sheffield.
Entre autres, il composa l'ornementation de plusieurs poignards ; on en
retro'uvera un dans une de nos gravures. Vers la môme époque, la
maison Minton exécuta plusieurs travaux d'après ses plans, entre autres,
deux plats que nous avons reproduits. L'ornementation du bord du premier
est un exemple frappant de la profondeur de sentiments et de la péné-
tration de notre artiste. Les formes ornementales de la Renaissance s'y
Ornement pour grille de cheminée, trouvent très heureusement adaptées à une surface ingrate; la puissance
Dessin de John Watkins, .. . , , , . . . . t . _
d'après le modèle d'Aifrcd g. stevens. et la vanete y résultent de 1 emploi aussi heureux qu audacieux de
lignes droites, d'un caractère presque architectural. Le centre du plat
n'est guère digne du reste du dessin; aussi sommes-nous absolument convaincu que Stevens
n'en porte pas la responsabilité. Le second plat est d'un travail parfaitement fini; mais la forme
en serait plus appropriée à un plafond qu'à un objet de proportions aussi restreintes. Disons
toutefois que le dessin des quatre médaillons se distingue par un
style d'une noblesse indiscutable.
Citons encore un exemple de l'honnêteté scrupuleuse qui distin-
guait le talent de notre artiste. En 1848, le professeur Cockerell, qui
fut toujours un des amis dévoués de Stevens, publia une monographie
des célèbres cariatides qui ont donné leur nom au chœur des Anges
de la cathédrale de Lincoln. Cet opuscule, lu d'abord à une réunion
de l'Institut archéologique, fut publié ensuite, avec des illustrations
lithographiques représentant les statues décrites. Les dessins pour ces
lithographies sont dus au crayon de Stevens, qui en transporta même
quelques-uns sur la pierre. Ce ne sont là, certes, que de petites
copies de quelques statues (une page in-octavo en contient deux);
mais l'artiste s'est si bien pénétré de l'esprit de ces sculptures, il s'est
attaché avec tant de zèle à ménager adroitement les effets de lumière
et d'ombre, il a mis tant de soins à obtenir un dessin parfait, qu'on
reconnaît, au premier coup d'oeil, la main d'un maître.
Pendant son séjour à Sheffield, Stevens continua à exerçer une
action très considérable sur l'école de cette ville, bien qu'il eût cessé
d'y professer. Il n'était plus en relations officielles avec elle ; il ne se
mêlait plus, de la manière même la plus indirecte, de l'enseignement
Un des petits lions de la grille t . \ a tw • *. J
qui entoure le « brit.sh Muséum ». qu on y donnait. Cependant les élevés comprenaient et admiraient si
Dessin de John watki„3 vivement ses productions nouvelles, qu'ils venaient à chaque instant
d après le modèle d Alfred g. Stevens. 1 . *
en appeler aux conseils de son talent et de son expérience. Quelques-
uns même, entre autres feu Godfroy Sykes, furent heureux de travailler sous ses ordres, à l'usine
de Green Lane, pour une très faible rémunération, se regardant comme suffisamment récom-
pensés par l'occasion qui leur était donnée de s'imprégner de son génie. Nous n'exagérons pas
en disant que le traitement audacieux des ornementations italiennes qui caractérise ou a
à cette hauteur artistique où Ton n'arrive que par l'union de la grâce et de la force, de
la beauté des lignes et de la profondeur méthodique de l'expression. Tout en se maintenant
toujours au même degré de perfection, l'artiste n'oublia jamais que le travail qu'on lui demandait
devait occuper dans le monde une place en somme assez modeste.
Jamais il n'essaya d'abuser de la supériorité de son génie pour donner
une importance illégitime à ce qui n'était après tout qu'article d'ameu-
blement. Jamais il ne se révolta contre l'obligation où il se trouvait
d'imposer à son imagination des limites étroites. On ne rencontrera pas
un seul exemple prouvant que l'artiste ait oublié, ne fût-ce qu'un
instant, l'effet de l'ensemble, pour se mettre en avant, en donnant libre
carrière à ses facultés.
Stevens fit aussi des dessins pour d'autres fabricants de Sheffield.
Entre autres, il composa l'ornementation de plusieurs poignards ; on en
retro'uvera un dans une de nos gravures. Vers la môme époque, la
maison Minton exécuta plusieurs travaux d'après ses plans, entre autres,
deux plats que nous avons reproduits. L'ornementation du bord du premier
est un exemple frappant de la profondeur de sentiments et de la péné-
tration de notre artiste. Les formes ornementales de la Renaissance s'y
Ornement pour grille de cheminée, trouvent très heureusement adaptées à une surface ingrate; la puissance
Dessin de John Watkins, .. . , , , . . . . t . _
d'après le modèle d'Aifrcd g. stevens. et la vanete y résultent de 1 emploi aussi heureux qu audacieux de
lignes droites, d'un caractère presque architectural. Le centre du plat
n'est guère digne du reste du dessin; aussi sommes-nous absolument convaincu que Stevens
n'en porte pas la responsabilité. Le second plat est d'un travail parfaitement fini; mais la forme
en serait plus appropriée à un plafond qu'à un objet de proportions aussi restreintes. Disons
toutefois que le dessin des quatre médaillons se distingue par un
style d'une noblesse indiscutable.
Citons encore un exemple de l'honnêteté scrupuleuse qui distin-
guait le talent de notre artiste. En 1848, le professeur Cockerell, qui
fut toujours un des amis dévoués de Stevens, publia une monographie
des célèbres cariatides qui ont donné leur nom au chœur des Anges
de la cathédrale de Lincoln. Cet opuscule, lu d'abord à une réunion
de l'Institut archéologique, fut publié ensuite, avec des illustrations
lithographiques représentant les statues décrites. Les dessins pour ces
lithographies sont dus au crayon de Stevens, qui en transporta même
quelques-uns sur la pierre. Ce ne sont là, certes, que de petites
copies de quelques statues (une page in-octavo en contient deux);
mais l'artiste s'est si bien pénétré de l'esprit de ces sculptures, il s'est
attaché avec tant de zèle à ménager adroitement les effets de lumière
et d'ombre, il a mis tant de soins à obtenir un dessin parfait, qu'on
reconnaît, au premier coup d'oeil, la main d'un maître.
Pendant son séjour à Sheffield, Stevens continua à exerçer une
action très considérable sur l'école de cette ville, bien qu'il eût cessé
d'y professer. Il n'était plus en relations officielles avec elle ; il ne se
mêlait plus, de la manière même la plus indirecte, de l'enseignement
Un des petits lions de la grille t . \ a tw • *. J
qui entoure le « brit.sh Muséum ». qu on y donnait. Cependant les élevés comprenaient et admiraient si
Dessin de John watki„3 vivement ses productions nouvelles, qu'ils venaient à chaque instant
d après le modèle d Alfred g. Stevens. 1 . *
en appeler aux conseils de son talent et de son expérience. Quelques-
uns même, entre autres feu Godfroy Sykes, furent heureux de travailler sous ses ordres, à l'usine
de Green Lane, pour une très faible rémunération, se regardant comme suffisamment récom-
pensés par l'occasion qui leur était donnée de s'imprégner de son génie. Nous n'exagérons pas
en disant que le traitement audacieux des ornementations italiennes qui caractérise ou a