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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

DOI Artikel:
Ménard, René: Histoire artistique du métal, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0270

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL1

IV

LE MÉTAL

DANS LES TEMPS MODERNES

( S U I T lï )

LA BIJOUTERIE (Suite\.

Un recueil publié en 1623 par l'orfèvre G. Lesgaré contient
un grand nombre de gravures représentant des modèles de la
bijouterie du temps, dont les pièces originales sont d'une extrême
rareté dans nos musées. On y trouve des bouquets et des guir-
landes dont les feuilles, généralement très pointues, sont combi-
nées avec des perles et des pierres précieuses. La bijouterie est
pour ainsi dire noyée dans la joaillerie dont elle forme en
quelque sorte la partie accessoire. Les dessins consistent presque
exclusivement en nœuds et en entrelacs destinés à recevoir des
diamants et autres pierres précieuses.

« Le goût des pierres précieuses et des perles, dit Albert
Jacquemart, dans son Histoire du mobilier, a détrôné peu à
peu celui des bijoux ciselés et l'on a vu, pour ainsi dire, le
joaillier se substituer au bijoutier. Cette transformation est-elle
une cause ou un effet ? Les grands artistes manquaient-ils pour
créer de ces œuvres qui s'imposent, ou le changement de la
mode força-t-il les ciseleurs et les émailleurs à déserter les ate-
liers de bijouterie ? Ce qui est sûr, c'est qu'au xvii0 siècle, les
bouquets en diamants, les ornements en perles brillaient seuls,
là où s'étalaient, peu de temps avant, les colliers en lacs d'amour,
en chiffres émaillés, en emblèmes héraldiques ou amoureux,
qu'accompagnaient les pendants et les enseignes. »

Pendant la première moitié du xvmc siècle, à l'époque où le
style rocaille prévalait en France dans la confection des meubles
et où la bijouterie prenait un caractère contourné qui frise quel-
quefois la bizarrerie, un mouvement analogue, mais beaucoup
plus prononcé, se produisait en Allemagne et principalement en
Saxe.

Toutes les fois que dans les arts industriels, la fabrication
française se laisse entraîner à un goût douteux, on est sûr de
voir, de l'autre côté du Rhin, surgir des tendances analogues,
mais exagérées jusqu'à la caricature. Pendant trente ans, l'orfèvre
Melchior Diglinger eut à Dresde un atelier, où, aidé de ses fils
et de ses ouvriers, il travaillait pour le compte du roi Auguste
de Saxe. C'est le représentant le plus direct et le plus connu du
goût allemand de cette époque dans les objets d'or et d'argent,
qu'il mettait d'ailleurs en œuvre avec un véritable talent de
praticien.

« Les ouvrages principaux, conservés aujourd'hui dans une
des salles de la Grune-Gœwelbe, forment, dit M. Alfred Darcel,
lé plus éclatant, mais le plus bizarre assemblage de merveilles de
matières et d'exécution. Ce n'est point le rococo qui domine,
mais le baroque. On ne voit que perles de formes hétéroclites
montées en personnages empruntés aux caprices de Callot, et
formant des scènes compliquées. L'une des plus vastes est la
réception d'un ambassadeur à la Cour du grand Mogol, en or
émaillé, fruit de huit années de travaux. Ces œuvres ont formé
une école de bijouterie qui a répandu en Europe ses boîtes de

pierres dures, montées en ors de plusieurs couleurs, qui sont des
modèles d'exécution. »

Dans les arts industriels aussi bien que dans les beaux-arts
proprement dits, lorsque le maniérisme est allé trop loin, il se
produit une réaction en sens inverse, et c'est toujours au nom
des traditions de l'antiquité qu'on prétend revenir au bon goût.
Le retentissement qu'eut, au xvine siècle, la découverte des villes
enfouies depuis des siècles sous les laves du Vésuve, fut un aide
puissant pour ceux qui, par lassitude du style contourné, atten-
daient et préconisaient un changement dans le goût public. Les
artistes français qui faisaient le voyage d'Italie ne manquaient
pas de faire à Naples un assez long séjour et en revenaient avec
des préoccupations nouvelles. Le goût des bergers et des mou-
tons enrubannés, employés alors dans la décoration des apparte-
ments, nous semble aujourd'hui s'accorder difficilement avec la
sévérité de l'art antique, mais à cette époque tout ce qui avait la
prétention d'être agreste semblait un retour à la simplicité. C'est
de cette association d'idées qu'est né le style du temps de
Louis XVf.

Le bijoutier Lempereur fut le premier qui se créa une répu-
tation dans la bijouterie renouvelée; quelques-uns de ses
ouvrages ont été gravés par son élève Pouget en 1 767.

« Les formes antiques, dit M. Alfred Darcel, même telles
qu'on les comprenait alors, se montrent d'une façon très dis-
crète dans ces bijoux de formes balancées d'ailleurs, où les
ors de diverses couleurs devaient se marier aux pierres pré-
cieuses, en figurant encore les attributs des bergerades, si chères
à l'époque précédente. Quelques grecques introduisent seules,
parfois, leur ligne géométrique au milieu des rubans et des guir-
landes de lauriers. L'émail redevint à la mode, et nous le voyons
couvrir de sa glaçure-transparente et des tons les plus fins l'or
guilloché des boites. »

Le goût de l'antiquité se développant de plus en plus, on
tenta de ressusciter l'emploi des pierres gravées dans la bijou-
terie, mais cette tentative ne parvint jamais à dominer complè-
tement la mode. Les femmes ont rarement le goût de l'archéo-
logie, et si quelques-unes, cédant au courant général, affectaient
dans leur parure un goût sobre et épuré, la plupart préféraient
les pierreries étincelantes aux délicates gravures d'un camée.
Seulement, comme les dessinateurs de bijoux étaient tous dans
le même mouvement, le diamant s'associait à la palmctte, et la
line ornementation grecque était tuée par les brillants joyaux
qu'elle avait pour mission d'encadrer. En somme, la bijouterie
ne s'est pas élevée bien haut sous la Révolution, et l'influence
de David sur les arts industriels, mais principalement sur les
objets de toilette, ne fut pas très heureuse. Il y eut pourtant à
cette époque quelques très beaux bijoux, qui, comme les portraits
du temps en font foi, sont de simples imitations, quelquefois
même des copies littérales des bijoux grecs représentés sur les
vases, ou des bijoux romains découverts à Pompéi.

(/.<î suite prochainement.) René Ménakd.

1. Voir l'Art, b< année, tome III, page je;, et tome IV, pages 20,44, 67, 90, 114, 161 et 212
 
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