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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 4)

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Tardieu, Charles: Le Cabinet de M. Jules van Praet, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18610#0348

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304

L'ART.

On ne passe pas cinquante années à l'ombre d'un trône sans exercer une action, quelque
discrétion qu'on apporte à l'accomplissement de sa tâche, mais si M. Van Praet est un acteur
sur la scène politique, il est de ceux qui ne se soucient pas d'être mis en vedette. 11 est même
probable qu'il est le seul. Tout ce qui est affiche lui répugne, et le phénomène est trop rare
pour n'être pas signalé. L'étude des hommes, de leurs actes, de leurs œuvres est sa passion
maîtresse. Il s'est plu à fouiller le passé pour mieux comprendre le présent, à déchiffrer les morts
pour mieux deviner les vivants. Peut-être ne saura-t-on jamais le fond de sa pensée sur tous ses
contemporains, et c'est dommage, car ses remarques sur les originaux de son temps n'auraient
pas moins de succès que ses travaux sur les deux derniers siècles. Il aura savouré discrètement
les voluptés d'une observation perspicace, mais en diplomate passé maître en l'art de ne pas se
trahir.

Un de ses peintres favoris, Eugène Delacroix écrivait à Mmc de Forget : «Donc, je travaille,
sauf les interruptions que m'occasionnent maintenant les fêtes qui ont eu ou qui vont avoir lieu.
Les dérangements même ne me contrarient pas trop ; ils me reposent l'esprit tout en me fatiguant.
J'entends des Te Deum en grand costume; j'assiste à des banquets; je m'y amuse avec des
imbéciles autant qu'avec des hommes d'esprit. Confondus dans cette foule, tous les hommes se
ressemblent; un sentiment commun les anime, celui de se pousser et de passer sur le corps de
son voisin. C'est un spectacle plein d'intérêt pour un philosophe qui n'est pas encore revenu de
toutes les vanités '. »

M. Jules Van Praet pourrait s'approprier cette boutade. Mais s'il s'amuse des hommes
d'esprit autant que des imbéciles, sa collection suffit à prouver que ce n'est pas de ces derniers
qu'il fait sa société habituelle.

Charles Tardieu.

de lui a sauvé plus d'un désespéré. Aussi a-t-il cette rare fortune de ne pas compter d'ingrats. Nous savons en effet que plus d'un cœur a pensé
à lui avec la plus reconnaissante émotion pendant qu'on célébrait le cinquantième anniversaire de la libre Belgique.

C'est pour nous un véritable regret de ne pouvoir de notre côté rendre qu'un hommage bien incomplet à l'éminent homme d'État qui
est en même temps un si fin appréciateur des œuvres d'élite de toutes les écoles. Nous nous faisions une fête de publier une nombreuse
série d'eaux-fortes d'après les principaux tableaux de M. Jules Van Praet. M. Charles Waltner s'était engagé à les graver pour l'A rt, mais il
nous a absolument manqué de parole et n'a terminé que le Troyon qui accompagne l'étude de M. Charles Tardieu. (Note de la Rédaction.)

I. Lettres,.recueillies par Philippe Burty. Paris, Charpentier, 1880. Tome second, page 128.

CuL-DE-LAMPE COMPOSÉ ET GRAVÉ PAR NlCOLAS LOIR.
 
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