N° 12.
DIMANCHE 2 1 MARS.
1869.
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, SS> rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
ABONNEMENTS.
Pan*.
Un
an :
15
fr
...*•••*
Six
mois :
8
fr.
Départements ....
Un
an :
18
fr.
— ....
Six
mois :
10
fr.
Un numéro :
20
cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Administration, SS; rue
1
Correspondances étrangères,
des galeries publiques,
Bibliographie des livres,
et estampes, publiés en
l’Etranger.
Expositions de Province et de l’Etranger.
L’ADMINISTRATION
de nos bibliothèques
E T
l’administration de nos musées.
J’ai la faiblesse de croire TÉtat plus
apte que la Liste civile à former des mu-
sées répondant parfaitement aux besoins
du public et des artistes. Ai-je tort? Je
ne le pense point, «et pour le prouver il
ne faut que comparer l’administration
des musées de la Liste civile à celle des
bibliothèques qui dépendent de l’État.
Gomme on le sait, de 10 heures
du matin à 4 heures du soir, tous les
jours, excepté les dimanches, les biblio-
thèques sont' ouvertes et chacun peut
alors y aller consulter les livres qu’elles
possèdent avec l’assurance de toujours
trouver une personne prête à répondre
aux demandes. Certains objets, il est
vrai, placés dans une réserve, sont com-
muniqués moins libéralement à tous.
Mais cette réserve ne doit point son ori-
gine à une pensée d’économie ou de
commodité de service ; c’est la nature de
ces objets, précieux entre tous et faciles
à détériorer, qui a voulu qu’on prit une
mesure conservatrice. Cette réserve, d’ail-
leurs, ne s’ouvre et ne se ferme point sui-
vant le bon plaisir dvun conservateur.
Régie par un règlement sévère et scrupu-
leusement observé, elle livre, à des jours
{ixes, ses trésors à quiconque témoigne
d’un travail sérieux. Au cabinet des mé-
dailles même, où la valeur matérielle des
objets semblerait devoir s’opposer aux
communications aisées, une bonne or-
ganisation du service permet aux savants
d’examiner de près les monnaies, de les
étudier sous leurs diverses faces et de
prendre des notes. Aux facilités que trou-
vent les travailleurs dans ces établisse-
ments, à la manière dont ils y sont reçus,
ils sentent que là ils sont bien chez eux
et que, lorsqu’ils y réclament un livre,
une médaille ou un manuscrit, ce n’est
point une faveur qu’ils sollicitent, mais
un droit qu’ils exercent. Aussi, depuis
plus de vingt ans que nous fréquentons
les bibliothèques de l’État, n’avons-nous
jamais vu que la communication des
pièces fût subordonnée à l’arrivée facul-
tative d’un employé.
Au Louvre, musée de la Liste civile, les
choses se passent fort différemment. Les
galeries de peintures et celles en général
du premier étage sont publiques tous
les jours, excepté les lundis; mais les
salles des sculptures de la Renaissance,
des sculptures modernes, des antiques
du Musée Napoléon III, du Musée ethno-
graphique et du Musée chinois ne peu-
vent être visitées que deux fois par se-
maine, de midi à 4 heures. Les autres
jours, ces salles sont fermées aux ar-
tistes, aux savants comme au public.
Cependant les monuments que renfer-
ment ces galeries sont des vases placés
sous des vitrines, des statues en bronze
ou en marbre, qui ne risqueraient aucu-
nement d’être détruits en restant exposés
aux regards des curieux.' C’est unique-
ment faute de gardiens que ces œuvres
superbes ou intéressantes sont, enlevées
à l’étude.
En ouvrant plus fréquemment ces
salles, sous la surveillance de simples
gardiens, l’administration de la Liste
civile nous donnerait-elle l’équivalent de
ce que fait F administration de l’État
dans nos bibliothèques? Certainement
non. Par cette seule réforme, le Louvre
resterait ce qu’il est aujourd’hui, un mu-
sée d’apparat bien plus qu’un musée
d’étude. Pour les galeries de peinture où
les artistes obtiennent facilement la per-
mission de travailler d’après les toiles
accrochées aux murailles, nous ne récla-
merons rien. Mais qui peut. analyser,
examiner soigneusement les milliers de
vases, statuettes, intailles, bijoux,... qui
remplissent de nombreuses vitrines où
ils île s’offrent à nous que spus une seule
de leurs faces? Quels sont les jours et les
heures pendant lesquels un savant ou
un artiste peut venir au Louvre avec
la certitude d’y trouver un conserva-
teur pour lui ouvrir les armoires et
lui permettre d’interroger à l’aise des
œuvres qui ont encore tant de secrets à
nous révéler? Serait-il donc impossible
de placer dans ces salles, comme au Ca-
binet des médailles et au Cabinet des
estampes, une table et quelques chaises,
et de consacrer aux savants les matinées,
de 10 heures à 1 heure, avant l’arrivée
du public ?
Quant aux dessins en portefeuille, il
conviendrait de les installer dans une
pièce spéciale où ils seraient communi-
qués aux amateuré; car nous ne pouvons
appeler salle publique le cabinet d’un
conservateur dans lequel des amis se
réunissent pour causer, et que 120 mar-
ches à monter ferment aux vieillards et
aux valétudinaires.
C’est à cette hauteur énorme que jour-
nellement aussi les artistes, les savants
èt le public doivent s’élever pour obtenir
de T administration de nos musées les
autorisations et les renseignements qui
leur sont nécessaires, heureux encore
quand ils ne le font pas inutilement. Que
de fois il nous est arrivé, de gravir cet
escalier pour apprendre que le conser-
vateur, qui seul pouvait nous communi-
quer certains documents, n’était pas
encore arrivé ou venait de partir, sans
que personne pût nous assigner une
heure ou un jour !
Mais! va s’exclamer une administration
jalouse de la tranquillité que lui assure
une barrière de 120 marches mise entre
elle et le public, la place nous manque et’
vous ne voudriez pas que nous transfor-
massions en bureau le salon carré ou toute
autre salle du premier étage? C’est vrai.
Mais pourquoi la place manque-t-elle,
lorsque le Louvre a été si démesurément
agrandi ! En votant des millions pour
l’achèvement de ce palais, la France n’a
jamais entendu construire des éc.uries,
des remises, des greniers à fourragé, des
logements de palefreniers d’une magnifi-
cence ridicule. Exécutez le décret du
1er décembre 1794, qui s’oppose à cette
installation illégale ; faites disparaître
tous les foyers d’incendie qui menacent
nos chefs-d’œuvre, et vous ne manque-
rez pins d’espace. Dans ces logements,
dans ces salles rendus à leur vraie des-
tination, vous pourrez alors disposer
convenablement les bureaux d’une admi-
nistration avec laquelle le public a des
rapports constants et réintégrer nombre
d’œuvres superbes depuis trop longtemps
soustraites à l’admiration de tous et à
l’étude des artistes.
Émile Galichon.
LA VENTE DELESSERT.
Les ventes, les grandes ventes s’entend, of-
frent aujourd’hui presquele mêmeatlrait que
les premières représentations dans les grands
théâtres. La composition du public est uni-
que, spéciale. Le succès ou la chute de cer-
tains morceaux d’élite passionnent les spec-
tateurs à l’égal des scènes plus ou moins
réussies et même sont accueillies par des
applaudissements ou des murmures de sur-
prise.
On sait que cette vente Delessert s’est faite
dans la galerie même du vaste et triste hôtel
dp la famille, me Montmartre, 17-2. On avait
enlevé la boiserie qui le partageait en deux
dans le sens de la longueur. La salle, aérée
par les portes ouvrant aux deux extrémités
sur des salons, n’était ni trop sonore ni trop
étouffante. On avait distribué à une centaine
de personnes qui peuvent « montrer patte
blanche » des billets qui leur assuraient une
entrée et une bonne place ayant la fouie ba-
nale des purs curieux. A deux heures pré-
cises, le lundi, Me Charles Pillet commença la
vente, M. Francis Petit mit sur table le
premier tableau , et les crieurs attentifs et
bruyants se répétèrent les enchères comme
des sentinelles qui s’envoient le mot d’ordre.
L’assemblée était nombreuse et choisie.
Quelques dames émaillaient ce vaste par-
terre d’habits noirs et de paletots bruns ;
c’étaient Mme Perkins et sa sœur, Mme de Ga-
ney, Mme Alphonse de Rothschild, Mme Ste-
phan, une Française, devenue par ia mort
d’un Anglais, son mari, riche de plusieurs
millions de revenu.
Parmi les hommes, on se désignait le
jeune prince Narishkine, serré dans une
étroite redingote, un bouquet de fleurs à la
boutonnière, M. de Triqueti, qui devait très-
diplomatiquement acquérir le Raphaël pour
le duc d’Aumale, M. Reiset qui ne représen-
tait pas officiellement' le Louvre, M. Jules
André, du Corps législatif, M. Richard,
. »M. Lacaze, M. Tesse, M. Feuillet de Conches,
MM.Timbal et Gruyer, le général Castelnau,
le groupe des journalistes d’art, Étienne
Arago, Sensier; puis tous les grands mar-
chands de l’étranger, M. Lamme, de Rotter-
dam, M. Niewenhuys, de Londres, qui a
possédé deux fois le Raphaël et qui a vendu
à M. Delessert une partie de ses meilleurs
tableaux, M. Ilutter, qui a acheté le bel
Intérieur de cour hollandaise, de Pierre de
llooghe, pour le National Gallery, M. Gam-
bard, qui a acquis, le troisième jour, la
Sainte-Cécile, de Paul Delaroche, et dix au-
tres marchands hollandais et flamands.
DIMANCHE 2 1 MARS.
1869.
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Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, SS> rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
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Pan*.
Un
an :
15
fr
...*•••*
Six
mois :
8
fr.
Départements ....
Un
an :
18
fr.
— ....
Six
mois :
10
fr.
Un numéro :
20
cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Administration, SS; rue
1
Correspondances étrangères,
des galeries publiques,
Bibliographie des livres,
et estampes, publiés en
l’Etranger.
Expositions de Province et de l’Etranger.
L’ADMINISTRATION
de nos bibliothèques
E T
l’administration de nos musées.
J’ai la faiblesse de croire TÉtat plus
apte que la Liste civile à former des mu-
sées répondant parfaitement aux besoins
du public et des artistes. Ai-je tort? Je
ne le pense point, «et pour le prouver il
ne faut que comparer l’administration
des musées de la Liste civile à celle des
bibliothèques qui dépendent de l’État.
Gomme on le sait, de 10 heures
du matin à 4 heures du soir, tous les
jours, excepté les dimanches, les biblio-
thèques sont' ouvertes et chacun peut
alors y aller consulter les livres qu’elles
possèdent avec l’assurance de toujours
trouver une personne prête à répondre
aux demandes. Certains objets, il est
vrai, placés dans une réserve, sont com-
muniqués moins libéralement à tous.
Mais cette réserve ne doit point son ori-
gine à une pensée d’économie ou de
commodité de service ; c’est la nature de
ces objets, précieux entre tous et faciles
à détériorer, qui a voulu qu’on prit une
mesure conservatrice. Cette réserve, d’ail-
leurs, ne s’ouvre et ne se ferme point sui-
vant le bon plaisir dvun conservateur.
Régie par un règlement sévère et scrupu-
leusement observé, elle livre, à des jours
{ixes, ses trésors à quiconque témoigne
d’un travail sérieux. Au cabinet des mé-
dailles même, où la valeur matérielle des
objets semblerait devoir s’opposer aux
communications aisées, une bonne or-
ganisation du service permet aux savants
d’examiner de près les monnaies, de les
étudier sous leurs diverses faces et de
prendre des notes. Aux facilités que trou-
vent les travailleurs dans ces établisse-
ments, à la manière dont ils y sont reçus,
ils sentent que là ils sont bien chez eux
et que, lorsqu’ils y réclament un livre,
une médaille ou un manuscrit, ce n’est
point une faveur qu’ils sollicitent, mais
un droit qu’ils exercent. Aussi, depuis
plus de vingt ans que nous fréquentons
les bibliothèques de l’État, n’avons-nous
jamais vu que la communication des
pièces fût subordonnée à l’arrivée facul-
tative d’un employé.
Au Louvre, musée de la Liste civile, les
choses se passent fort différemment. Les
galeries de peintures et celles en général
du premier étage sont publiques tous
les jours, excepté les lundis; mais les
salles des sculptures de la Renaissance,
des sculptures modernes, des antiques
du Musée Napoléon III, du Musée ethno-
graphique et du Musée chinois ne peu-
vent être visitées que deux fois par se-
maine, de midi à 4 heures. Les autres
jours, ces salles sont fermées aux ar-
tistes, aux savants comme au public.
Cependant les monuments que renfer-
ment ces galeries sont des vases placés
sous des vitrines, des statues en bronze
ou en marbre, qui ne risqueraient aucu-
nement d’être détruits en restant exposés
aux regards des curieux.' C’est unique-
ment faute de gardiens que ces œuvres
superbes ou intéressantes sont, enlevées
à l’étude.
En ouvrant plus fréquemment ces
salles, sous la surveillance de simples
gardiens, l’administration de la Liste
civile nous donnerait-elle l’équivalent de
ce que fait F administration de l’État
dans nos bibliothèques? Certainement
non. Par cette seule réforme, le Louvre
resterait ce qu’il est aujourd’hui, un mu-
sée d’apparat bien plus qu’un musée
d’étude. Pour les galeries de peinture où
les artistes obtiennent facilement la per-
mission de travailler d’après les toiles
accrochées aux murailles, nous ne récla-
merons rien. Mais qui peut. analyser,
examiner soigneusement les milliers de
vases, statuettes, intailles, bijoux,... qui
remplissent de nombreuses vitrines où
ils île s’offrent à nous que spus une seule
de leurs faces? Quels sont les jours et les
heures pendant lesquels un savant ou
un artiste peut venir au Louvre avec
la certitude d’y trouver un conserva-
teur pour lui ouvrir les armoires et
lui permettre d’interroger à l’aise des
œuvres qui ont encore tant de secrets à
nous révéler? Serait-il donc impossible
de placer dans ces salles, comme au Ca-
binet des médailles et au Cabinet des
estampes, une table et quelques chaises,
et de consacrer aux savants les matinées,
de 10 heures à 1 heure, avant l’arrivée
du public ?
Quant aux dessins en portefeuille, il
conviendrait de les installer dans une
pièce spéciale où ils seraient communi-
qués aux amateuré; car nous ne pouvons
appeler salle publique le cabinet d’un
conservateur dans lequel des amis se
réunissent pour causer, et que 120 mar-
ches à monter ferment aux vieillards et
aux valétudinaires.
C’est à cette hauteur énorme que jour-
nellement aussi les artistes, les savants
èt le public doivent s’élever pour obtenir
de T administration de nos musées les
autorisations et les renseignements qui
leur sont nécessaires, heureux encore
quand ils ne le font pas inutilement. Que
de fois il nous est arrivé, de gravir cet
escalier pour apprendre que le conser-
vateur, qui seul pouvait nous communi-
quer certains documents, n’était pas
encore arrivé ou venait de partir, sans
que personne pût nous assigner une
heure ou un jour !
Mais! va s’exclamer une administration
jalouse de la tranquillité que lui assure
une barrière de 120 marches mise entre
elle et le public, la place nous manque et’
vous ne voudriez pas que nous transfor-
massions en bureau le salon carré ou toute
autre salle du premier étage? C’est vrai.
Mais pourquoi la place manque-t-elle,
lorsque le Louvre a été si démesurément
agrandi ! En votant des millions pour
l’achèvement de ce palais, la France n’a
jamais entendu construire des éc.uries,
des remises, des greniers à fourragé, des
logements de palefreniers d’une magnifi-
cence ridicule. Exécutez le décret du
1er décembre 1794, qui s’oppose à cette
installation illégale ; faites disparaître
tous les foyers d’incendie qui menacent
nos chefs-d’œuvre, et vous ne manque-
rez pins d’espace. Dans ces logements,
dans ces salles rendus à leur vraie des-
tination, vous pourrez alors disposer
convenablement les bureaux d’une admi-
nistration avec laquelle le public a des
rapports constants et réintégrer nombre
d’œuvres superbes depuis trop longtemps
soustraites à l’admiration de tous et à
l’étude des artistes.
Émile Galichon.
LA VENTE DELESSERT.
Les ventes, les grandes ventes s’entend, of-
frent aujourd’hui presquele mêmeatlrait que
les premières représentations dans les grands
théâtres. La composition du public est uni-
que, spéciale. Le succès ou la chute de cer-
tains morceaux d’élite passionnent les spec-
tateurs à l’égal des scènes plus ou moins
réussies et même sont accueillies par des
applaudissements ou des murmures de sur-
prise.
On sait que cette vente Delessert s’est faite
dans la galerie même du vaste et triste hôtel
dp la famille, me Montmartre, 17-2. On avait
enlevé la boiserie qui le partageait en deux
dans le sens de la longueur. La salle, aérée
par les portes ouvrant aux deux extrémités
sur des salons, n’était ni trop sonore ni trop
étouffante. On avait distribué à une centaine
de personnes qui peuvent « montrer patte
blanche » des billets qui leur assuraient une
entrée et une bonne place ayant la fouie ba-
nale des purs curieux. A deux heures pré-
cises, le lundi, Me Charles Pillet commença la
vente, M. Francis Petit mit sur table le
premier tableau , et les crieurs attentifs et
bruyants se répétèrent les enchères comme
des sentinelles qui s’envoient le mot d’ordre.
L’assemblée était nombreuse et choisie.
Quelques dames émaillaient ce vaste par-
terre d’habits noirs et de paletots bruns ;
c’étaient Mme Perkins et sa sœur, Mme de Ga-
ney, Mme Alphonse de Rothschild, Mme Ste-
phan, une Française, devenue par ia mort
d’un Anglais, son mari, riche de plusieurs
millions de revenu.
Parmi les hommes, on se désignait le
jeune prince Narishkine, serré dans une
étroite redingote, un bouquet de fleurs à la
boutonnière, M. de Triqueti, qui devait très-
diplomatiquement acquérir le Raphaël pour
le duc d’Aumale, M. Reiset qui ne représen-
tait pas officiellement' le Louvre, M. Jules
André, du Corps législatif, M. Richard,
. »M. Lacaze, M. Tesse, M. Feuillet de Conches,
MM.Timbal et Gruyer, le général Castelnau,
le groupe des journalistes d’art, Étienne
Arago, Sensier; puis tous les grands mar-
chands de l’étranger, M. Lamme, de Rotter-
dam, M. Niewenhuys, de Londres, qui a
possédé deux fois le Raphaël et qui a vendu
à M. Delessert une partie de ses meilleurs
tableaux, M. Ilutter, qui a acheté le bel
Intérieur de cour hollandaise, de Pierre de
llooghe, pour le National Gallery, M. Gam-
bard, qui a acquis, le troisième jour, la
Sainte-Cécile, de Paul Delaroche, et dix au-
tres marchands hollandais et flamands.