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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 72 (15 Mars 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0068

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576

LA CARICATURE.

--—- 575

( On débarque , on se met en route pour la ville, et l’on ne rencontre pas une âme. On
arrive à la porte. )

Le Commandant. — a Soldats! secouez vos guêtres! On nous attend
« ici les bras ouverts; c’est arrangé ainsi avec toutes les puissances
« de l’Europe. »

( La porte de la ville se trouve fermée. Le commandant frappe. }

Le Soldat du Pape, en dedans. —Qui vive?

Le Commandant. — Français! Ouvrez-nous!

Le Soldat du Pape. — On n’entre pas.

Le Commandant. — C’est nous, vous dis-je ; nous, les Français ,
que vous attendez si impatiemment, et qui venons vous délivrer. C’est
arrangé ainsi avec toutes les puissances de l’Europe.

T,r Soldat du Pape. —• Délivrez-nous d’abord de votre présence.
In nomine Patris et Filii et Spirilûs sancti. Amin !

( Ici le commandant improvise un conseil de guerre. On y décide , avec raison : i° que,
l’expédition n’étant faite que pour délivrer Ancône , il faut délivrer Ancône ; 2° qu’il n’y
a qu’un moyen de délivrer Ancône, c’est d’entrer dans Ancône ; 3° qu’il n’y a qu’un moyen
d’entrer dans Ancône, c’est de passer par la porte d’Ancône5 4° que> puisque la porte d’An-
cône est fermée , il n’y a qu’un moyen de passer par la porte d’Ancône , c’est d’enfoncer
la porte d’Ancône, On enfonce donc la porte d’Ancône ; on entre dans Ancône. On fait
rendre leurs armes, c’est-à-dire, leurs parasols aux soldats du pape qui gardaient la bonne
ville d’Ancône ; après quoi on se rend chez le gouverneur d’Ancône et on lui dit : « — Gou-
« verneur d’Ancône, nous venons vous délivrer , vous et la ville d’Ancône. C’est une chose
« convenue ainsi avec toutes les puissances de l’Europe. Et, pour commencer votre déli-
ce vrance, nous vous faisons prisonnier de guerre. Et, quant à la ville d’Ancône, nous l’occu-
« pons militairement 5 et nous vous sommons d’avoir à nous en livrer la citadelle. » —«Je
« ne demande pas mieux, répond le gouverneur d’Ancône, puisque vous êtes nos libéra-
le teurs, et que vous vous y prenez avec des façons aussi engageantes 5 mais c’est à une con-
tt dition sine quâ non : c’est que le drapeau du pape flottera sur la citadelle , à côté de
« votre drapeau tricolore, et à la même hauteur exactement, pas une ligne de moins; sans
« quoi, il n’y a rien de fait, et nous ne souffrirons pas que vous nous délivriez. » —
« Soit ! »

Ainsi fut fait, ce qui ne laisse pas que de faire beaucoup d’honneur au drapeau tricolore.
Le soir même il y eut illumination générale ; et l’on offrit des rafraîchissemens aux libéra-
teurs , qui les payèrent.

Plusieurs jours s’étaient écoulés de la sorte , les instructions du commandant ne lui dé-
signant aucune autre ville à délivrer ; lorsqu’arrive un courrier de Paris ; une demi-heure
après, le commandant fait rassembler les libérateurs , leur fait ses adieux , et leur lit ce
qui suit : •— « Monsieur le commandant , attendu que vos instructions formelles étaient
« d’entrer dans,1a ville d’Ancône ; mais attendu que , vous conformant à vos instructions
« formelles, vous êtes entré dans la ville d’Ancône 5 le gouvernement vous casse de vos
« fonctions, en signe de son mécontentement, sauf à vous élever à des fonctions plushau-
« tes , en témoignage de sa satisfaction. Signé : Le Juste-Milieu. — P. S. C’est une très-
« grande faute que d’avoir pris Ancône, conformément à vos instructions; mais, puisque la
« faute e>t faite , il faut s’y résigner et ne pas la réparer. On continuera donc de délivrer
« Ancône. Vous aurez soin seulement, avant votre départ pour Paris, de remplacer le dra-
« peau tricolore tout neuf, qui (lotte sur la citadelle, par celui que je vous envoie. lia flotté
« depuis juillet sur l’un des principaux édifices publics de la capitale ; il est tout dépeint ,
« tout passé, tout blanchi : il n’y reste plus que le bâton. La vue en sera moins excitante pour
« les Italiens que nous avons délivrés de la tentation de la liberté. C est un drapeau trico-
« lore d’intention, et ce n’en est plus un de fait. Ce sera une nouvelle application de notre
« système ministériel, »

Ce qu’entendant Labriche s’écria :

Tiens, liens, liens ! c’est farce ! C’est ça qu’on appelle la guerre !
excusez !

Le Sergent. •— Hé bien! quand je vous le disais, qu’on faisait cent
campagnes, maintenant, et qu’on ne s’en portait que mieux. La
guerre est devenue un exercice extrêmement favorable à la santé.

Moricot. — Oui, oui, c’est assez drôle, surtout ici, à cause du
beau sesque, et des haricots, qui est d’une fameuse qualité et pas
cher ; mais c’est égal, j’en reviens toujours : que diable est-ce que
nous sommes venus soutenir dans c’ pékin d’endroit-là ? ça m’intrigue,
moi !

Derville.

ptandje#.

— Nos 145 ET 146.

LA MARCHE DE GROS, GRAS ET BÊTE.

A M. le Censeur.

Monsieur,

Par une très-judicieuse interprétation, vous avez fait défendre la
représentation d'Une Révolution d’autrefois ; vous avez craint que le
public pût voir dans les mots, gros, gras et bêle, une allusion à quelque
liaut personnage. J’approuve parfaitement votre opinion, et j’ai trouvé,
dans cette frayeur , un sentiment exquis de délicatesse et de conve-
nance. Aussi, me serais-je bien gardé d’appliquer ces épithètes à un
bipède quelconque; mais un cochon , mais une truie, mais le budjet
personnifié , j’ai pu le désigner ainsi, je pense, sans le plus petit dan-
ger pour la république-monarchie. Je vous prie donc de ne voir, dans
l’animal dont je vous parle, rien autre chose qu’une bête bien engrais-
sée , bien fêtée, ad majorera populi gloriam : je vous prie encore,
puisque nous sommes en train de franchise et d’explication, de ne pas
lire Madier de Monjau au lieu de Madrier Lonjeot, Dupin au lieu de
Paillasse, tous noms qui se ressemblent. Ne prenez pas ce tiers de
bonhomme qui figure un amour du centre assis sur la cassette Kes-
ner pourM. Thiers le transfuge. Enfin, ne lisez pas Sébastiani, Mon-
talivet, Louis , Soult, Périer, Ch. Dupin et Cuvier, au lieu des noms
d’antropophages ou de grugeurs que vous rencontrerez par ci, par là.
Cette caricature contient cependant une injure personnelle que je
me fais un devoir de vous dénoncer, afin que vous vous fassiez un
plaisir de la dénoncer à votre tour. Il est un personnage que sa posi-
tion devrait surtout recommander aux artistes qui exécutent ce détes-
table journal (comme dit M. Persil), et qu’ils n’ont pas craint de
ridiculiser en le faisant d’une ressemblance qui ne laisse point de
doute sur leurs odieuses intentions. Ce personnage est accroupi sur
une borne, il crie trivialement à la chian li li li ! Cet homme, M. le
censeur-dénonciateur, que je place sous votre généreuse protection ,
c’est moi.

Ch. Philipon.

AMENDES DE LA CARICATURE.

Un des jeunes peintres les plus distingués de Paris, et dont nos
abonnés connaissent le talent, soit par les expositions, soit par quel-
ques-uns des meilleurs croquis de la Caricature, M. Lcpoitevin a
fonde une souscription qui viendra puissamment au secours de notre
gérant, condamné, comme on sait, à quatre mille francs d’amendes.
Il s’agit d’un Album lithographié que les artistes ont l’intention d’of-
frir à M. Philipon pour être vendu à son profit. Cet Album ne sera
nullement politique, chaque artiste aura fait un dessin dans son goût
et à sa manière, ce qui offrira un piquant contraste de genres, d’effets
et de noms.

Nous publierons bientôt la liste des auteurs de ce recueil, qui se
vendra chez M. Aubert, et dont nous annoncerons l’apparition. La
lettre suivante a été adressée par notre gérant à sonami M. Lepoitevin.

« Mon bon camarade,

« Je suis heureux et fier de vous remercier hautement et publique-
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