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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 75 (5 Avril 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0081

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Numéro 75.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. A. Audibebt, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. 19.

CASTIGAT RIDÜNDO MOKTS. ,

5 AVRIL 1852;

\i

-W. \ -4V À. il

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, chez M. Aubert, au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Vcro-Dodat.

MORALE, RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCÉNIQUE.

Caricatura.

FIN DÉSASTREUSE DO PîIIUPOTIN.

C’était hier, pas plus tard.

_Oh! quelle nuit délicieuse et riche de volupté! disait le Phi-

lipotin en alongeant scs bras et en écarquiîlant scs yeux. J’ai rêvé
rouge, j’ai rêvé azur, j’ai rêvé tricolore, j’ai même entrevu Tare-en-
ciel.... Oui, il y a là des diagnostiques de félicité pour toute une lé-
gion d’existences patriotiques.

Il baille et étend la main pour atteindre le Constitutionnel ; il sent
une lettre, il la prend, l’ouvre ; elle est de son ancienne pratique-, il
la lit, et manque de s’évanouir de bonheur. Le protecteur enjoignait
au Philipotin de se trouver chez lui le jour même à midi, ayant à le
présenter au personnage qui devait enfin lui remettre les titres de la
dignité à laquelle il aspirait depuis si long-temps.

Bientôt le délire succède à l’attendrissement chez le Philipotin , et
scs évolutions variées, ses voltiges en chemise et en bonnet de coton
sont un scandale tout nouveau pour sà femme, son fils et sa cuisi-
nière.

Tout à coup l’idée de l’importance d’un homme qui va sans doute
paraître devant un ministre, rend le philipotin au calme de la décence
et à l’appréciation des cxigenecs du moment.

Vite! à déjeûner. — Un remise* — Les culottes de Casimir. —Les
gants jaunes. — Le coiffeur. — Mouchoir parfumé. — Escarpins
éblouissons. ■—Une épée ? — Non, pas d’épée', — mais le petit sachet
de camphre contre le choléra-morbus.

Midi sonne quand le Philipotin monte en voiture. Il stimule le
cocher, le cocher stimule ses bêtes. Les voilà tous partis.

Arrêtés presqu’aussitôt: — Qu’est-ce donc? s’écrie le Philipotin
plein d’impatience. •— Monsieur, c’est le Roi qui se rend incognito
à Vincennes, et les gens de son escorte ont blessé un de mes chevaux
pour que je laisse le passage libre. Mais nous repartons....

—*■ Cocher, tu as doüc juré de t’arrêter à chaque pas?—Monsieur,
je laisse passer l’équipage de la Reine qui va à Neuilly....

— Ainsi, cocher, odieux cocher! lu ne veux plus marcher!—Par-
don , excuse, mon bourgeois; mais voilà les ducs d’Orléans et de Ne-
mours qui courent au Cliamp-dc-Mars exercer la garnison, et j’aime
mieux les laisser passer que d’exposer mon autre bête à être blessée.

Enfin le Philipotin arrive chez son protecteur, mais c’est une heure
plus tard qu’il ne devrait. Aussi est-il reçu comme un subordonné en
défaut, par un supérieur bien aise de faire comprendre son impor-
tance. Le Philipotin se confond en excuses de tous les calibres, ce qui
fait que la pratique s’humanise. Elle a enfin le brevet tant désiré;
elle le remet à son titulaire....

Hors de lui, tout en le déroulant, le Philipotin croyait entrevoir
confusément, préfecture ! — division — direction!... —Mais il lit
plus posément.... oh! déception! il est nommé, — Concierge du châ-
teau de Strasbourg....

— Un homme comme moi !...

Ne pouvant résistera ce désapointement administratif, le Philipotin
se répand en invectives contre la patrie qui récompense si mesquine-
ment un citoyen qui lui a fait le sacrifice de son fonds d’épiceries, de
son fonds d’opinions, et bientôt de toutes ses cspèces defonds possibles.
En vain la pratique veut lui représenter qu’un bon citoyen honore
tous les emplois quelconques par son patriotisme; le Philipotin n’é-
eoute plus rien. L’œil hagard, il sort, court les rues sans reprendre
son remise, entre chez un chapelier et achète un chapeau rouge.

Au bout d’une heure, il était à la Force.

Trois heures après, il était à l’hôpital avec une fièvre très-violente.

Le soir, l’infortuné Philipotin avait cessé d’exister.

Nota. Les personnes qui ne recevraient pas de billets de faire
part, sont priées de se réunir demain aux bureaux de la Caricature

Alfred Coudreux,
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