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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 101 (11 Octobre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0236

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805

LA CARICATURE.

liste de défunts, le nécrologue la lui soufflait, et se les appropriant,
écrivait aussitôt : — « Un tel, maçon, est mort hier d’une chute
« qu’il avait faite du toit d’une maison, à la suite d’une attaque, de
« choléra. »

Ce que c’est de nous, pourtant! et comme l’appât de l’or dénature
les plus douces liaisons!

Enfin, le cholérique se vit réduit aux'simples suppositions. Gare
de devant! Les vies les plus tenaces, les tempéramens les plus forts,
les constitutions à l’épreuve du houlet, le pauvre diahle immolait tout
à la nécessité de livrer sa colonne pleine. Il inventait des noms, ou
bien y portait le vôtre, si le vôtre lui était connu. De là , une multi-
tude de réclamations. Le matin. vous ouvriez le journal. et vous appre-
niez, avec surprise , que vous étiez mort de la veille. Que faire alors?
Ressusciter? C’est ce que chacun faisait. Il est même tel individu qui
s’est vu mort cinq ou six jours de suite, tant le cholérique y mettait
d’obstination, tant surtout la boîte du journal était encombrée de ré-
clamations. Il suffisait d’une minute pour votre enterrement ; mais il
fallait huit jours pour votre résurrection.

Ces mystifications ont causé de bien fausses joies dans toutes les
lignes collatérales de France.

Ce que voyant, l’administration se mit fort en colère contre son
cholérique. Et le cholérique, de son côté, demanda de l’augmen-
tation, en raison de la diminution du fléau. On refusa, car le prix
avait été convenu d’avance, et, certes, l’administration n’était pas
cause, tant s’en faut, de l’amélioration de la santé publique.

Et qu’advint-il? Que le cholérique n’y put plus tenir. Un soir
donc, comme il lui manquait une ligne pour compléter sa fatale co-
lonne, ce gouffre insatiable comme il l’appelait, ma foi! il s’y jeta
lui-même, à l’exemple de Curtius. 11 écrivit au bas, et en fin de compte :
« Un tel, croque-mort du Journal de Paris, succombera celte nuit
« au fléau régnant. » Puis il tira un trait, prit sou chapeau , et alla se
coucher.

Le lendemain, ce fut une grande rumeur parmi les hommes du
parquet. Ces mots de fléau régnant, leur parurent une allusion cou-
pable , à eux qui s’obstinent à voir des allusions partout ; susceptibi-
lité qui, la plupart du temps , constitue toute l’offense. On lâcha donc
contre le pauvre croque-mort, un commissaire, trois sergens de ville et
six forçats libérés. La bande monta, frappa et enfonça la porte.

Hélas! le croque-mort était mort! c’était le dernier cholérique. Il
s’était asphyxié de désespoir. On trouva sur sa table la lettre ci-après :

« Le choléra m’avait bercé des plus douces illusions. J’avais compté
« sur lui pour m’acheter un pantalon et un balai; mais, hélas! le
« choléra s’obstine à diminuer. Je ne puis supporter une pareille ca~
« lamité; et, puisque mes concitoyens continuent de vivre, l’exis-
« tence me devient à charge! Du reste, j’ai été, comme tout le monde,
« bon fils, bon père, bon époux , bon citoyen Que le Constitutionnel
« me soit léger; »

( Deruille).

— N» 206. —

Le moderne Cincinnatus.

Ce n’est point le consulat qu’on lui vient offrir, c’est un portefeuille ;
ce n’est point dans un modeste champ qu’il cultive de ses propres
mains , c est dans un château que les députés du Roi, et non les dépu-
tés du peuple, viennent trouver le moderne Cincinnatus. Les artistes
retrouveront dans la figure principale la parodie de la belle statue
antique, appelée Cincinnatus. Mais artistes et amateurs, tout le
monde regrettera que l’auteur n’ait pas connu l’épicier qu’il a repré-
senté. M. Ganner... a des traits réguliers, mais sans expression; son
teint est coloré, couperosé; son menton et sa lèvre inférieure avan-
cent un peu ; sa tête est penchée en avant de ses lourdes épaules ;
toute sa charpente osseuse est massive; il est long, lent, lourd.
M. Ganner... ferait un beau maçon, c’est un magnifique marchand
de chandelles. Je le connais, moi qui vous parle. Le sort, (car vous
savez que les jurés ne sont pas choisis) le sort me le donna un jour
pour juré.... Vous imaginez-vous un homme accusé par M. Persil et
jugé par M. Ganner.. ?... Ce jour-là je fis défaut.

806--

M. Persil est un homme petit, il marche en se balançant comme
une canne ; ses traits anguleux, son œil noir, petit et enfoncé, son
teint bilieux, sa bouche, dont les lèvres se pincent et se crispent,
tout annoncerait un homme sans élévation, à qui ne connaîtrait pas
la grandeur, la noblesse de cette belle âme.

Le jour que parut dans la Caricature le dessin intitulé ; le Bouquet
de Persil, notre gérant fut réintégré à Sainte-Pélagie, malgré une
maladie très - grave, malgré les réclamations de trois médecins.
M. Persil était pour quelque chose dans cette réintégration. C’est
M. Persil qui a invoqué l’application de l’article 87 du Code pénal
contre un écrivain. C’est aussi M. Persil qui voit trois chefs d’accu-
sation capitale dans un procès de la Tribune.... !!

— N° 207. — .

Quand finira donc celte partie P La galerie s’impatiente, les paris
restent trop long-temps sur le tapis. Allez donc! je vois une reine qui

menace un roi. Gare!. Pouf moi, je n’ai pas parié, il y aurait

conscience, je sais trop comment cela va finir, et lequel des deux
sera échec et mat. En attendant, M. Chose est pat.

— X» 208. —

Donnez-moi la première chose venue !

Jeudi prochain nous donnerons, comme de coutume, deux litho-
graphies pour dédommager nos abonnés de ce que, depuis plus long-
temps que d’habitude, nous n’avons pas publié de dessin en couleur.
Notre succès toujours croissant nous entraînait et ne nous permettait
pas de prendre le temps qu’il eût fallu pour que le coloris eût été bien
exécuté; mais nous avons pris des mesures pour hâter ce travail, et
nous serons désormais en mesure de livrer, comme autrefois, une
planche coloriée sur trois.

Le Coq et la Perle se colorie en ce moment ; nous sommes assurés
que celte composition aura beaucoup de succès.

DÉSESPOIR DU TAMERLAN.

M. PATROUILLARD, garde national-tamerlan, entrant furieux
chez le Capitaine de sa compagnie.

Patrouillard. — Infamie des infamies!

Le Capitaine. — Hé bien! là, là, qu’avez-vous...?

Patrouillard. —Ce que j’ai, sacrédié ! ce que j’ai !...

Le Capitaine.—Hé mais, prenez donc garde, vous allez briser
votre fusil.

Patrouillard. — Tant mieux , sacrédié ! et d’ailleurs, je n’en ai
plus besoin ...! ( Jetant son sabre et sa giberne, ) ni de ça, ni de ça ,
sacrédié !

Le Capitaine. — Ah! ça mais, que se passe-t-il donc? Est-ce que
la duchesse de Berry...?

Patrouillard. — Ah bien oui, sacrédié !

Le Capitaine. — Est-ce que les puissances étrangères.. ?

Patrouillard. — Ah bien oui! sacrédié! ça m’est encore bien
égal ! et d’ailleurs, je ne suis pas de la mobile. Et quand j’en serais...
je n’en serais pas, sacrédié...! Je suis las de protéger un gouverne-
ment... qui méconnaît ses premiers devoirs. ( Criant) Un gouverne-
ment...

Le Capitaine. —Chut donc! voisin , vous allez vous compromettre.

Patrouillard. —Ça m’est égal, sacrédié ! un gouvernement égoïste !
qui n’a pas le moindre égard pour les bons citoyens, sacrédié ! Car
enfin , qu’est-ce que nous lui demandions , nous autres gens pai-
sibles...? Que voulions-nous, en compensation des dangers que nous
avons courus pendant les deux glorieuses de Juin ?

Le Capitaine. — Mais voisin... vous oubliez qu’alors vous allâtes à
la campagne.

Patrouillard.—N’importe! il n’en est pas moins vrai, sacrédié ,
que si l’anarchie avait eu le dessus, les hommes véritablement mo-
dérés auraient été anéantis, pillés, égorgés, dévorés peut-être; car
il est permis de supposer que les cannibales ne s’en seraient point tenus
aux enfans de trois ans. Il n’y a que la première bouchée qui coûte,
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