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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0081

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observer, faire venir et vendre à haut prix ce qui pourroit manquer à la
colonie; et cependant les beys avoient emporté tout ce qu'il y avoit d'argent
et de magnificence au Caire ; le peuple avoit achevé le pillage des maisons
opulentes avant notre entrée dans cette ville ; Bonaparte ne vouloit point
de fournisseurs, et la flotte marchande se trouvoit bloquée par les Anglois t
toutes ces circonstances jetoient un voile sombre sur l'Egypte pour tous
ces voyageurs, étonnés de se trouver captifs, déçus de leurs projets, et
obligés de concourir à la défense et à l'organisation d'un établissement qui
ne de voit plus faire que la fortune et la gloire de la nation en général :
ils écrivoient en France de tristes récits, que les Anglois interceptoient, et
qui contribuoient à les tromper sur notre situation. Les Anglois se corn-
plaisoient à croire que nous mourions de faim, nous renvoyoient nos pri-
sonniers, pour hâter l'époque de notre destruction, imprimoient dans leurs
gazettes que la moitié de notre armée étoit à l'hôpital, que la moitié de
l'autre moitié étoit obligée de conduire le reste qui étoit aveugle ; tandis
que cependant la Haute Egypte nous fournissoit en abondance le meilleur
bled, et la Basse le plus beau riz ; que le sucre du pays coûtoit la moitié
moins qu'en France ; que des troupeaux innombrables de buffles, bœufs,
moutons et chèvres, tant des cultivateurs que des Arabes pasteurs, four-
nissoient abondamment à une consommation nouvelle au moment même
de l'invasion, ce qui nous assuroit pour l'avenir abondance et superflu :
tandis que, pour le luxe de nos tables, nous pouvions ajouter toutes-espèces
de volailles, poissons, gibiers, légumes et fruits. Voilà cependant ce que
l'Egypte offroit d'objets de première nécessité à ces détracteurs, à qui il
falloit de l'or pour réparer l'abus qu'ils en avoient fait> et qui, n'en trou-
vant point, ne voyoient plus autour d'eux que des sables brûlants, un
soleil perpétuel, des puces et des cousins, des chiens :qui les. empéchoient
de dormir, des maris intraitables, des., femmes voilées ne leur montrant
que des gorges éternelles.
 
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