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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0160

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garde de.l'expédition, d'être sorti le premier de Toulon, et de marcher avec
l'espoir d'arriver le premier à Siene, enfin de voir mes projets se réaliser, et
de toucher au but de mon voyage : en effet ce n'étoit que de là que
commencent la partie importante de mon expédition particulière ; j'allois
défricher, pour ainsi dire;, un pays neuf; j'allois voir le premier, et voir
sans préjugé ; j'allois fouler une terre couverte de tout temps du voile du^
mystère, et fermée depuis deux mille ans à tout Européen. Depuis Héro-
dote jusqu'à nous, tous les voyageurs, sur les pas les uns des autres, ont
remonté rapidement le Nil, n'osant perdre de vue leurs barques, ne s'en
éloignant quelques heures que pour aller avec inquiétude à quelques cents
toises visiter rapidement les objets les plus voisins ; ils s'en rapportoient à
des récits orientaux pour tout ce qui n'est pas sur les bords du fleuve.
Encouragé par l'accueil que me faisoit le général en chef, secondé par tous
les officiers qui partageoient mon amour pour les arts, je ne craignois plus
que de manquer de temps, de crayons, de papier, et de talent : j'étois
accoutumé au bivouac, et le biscuit de munition ne m'épouvantoit pas ;
je ne craignois de Mourat-bey que de le voir entrer dans le désert, et nous
promener de Bénésouef au Faïoum, et du Faïoum à Bénésouef.

Enfin nous partîmes de cette ville le 16 Décembre au soir : le spectacle
du départ étoit admirable ; je regrettai d'être trop occupé pour en pouvoir
faire un dessin : notre colonne avoit une lieue d'étendue : tout respiroit la
joie et l'espérance. A la tombée du jour, nous fûmes attristés par la vue
'd'une terre en friche, et d'un village abandonné; le silence de la nuit, un
sen inculte, des maisons désertes, combien de tels objets apportent d'idées
mélancoliques ! c'est la tyrannie qui commence cette affreuse dépopulation,
qu'achèvent le désespoir et le crime. Lorsque le maître d'un village
a exigé tout ce que le pays peut donner, que la misère des habitants est
•encore troublée par de nouvelles demandes, réduits au désepoir, ils opposent

la

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