DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0328
■
306
l'eau commença à se renouveler, et, sans devenir trouble, elle cessa d'être
verte.
Il fut question de faire une tournée pour reconnoître les canaux, les
améliorations à faire, pour arrêter le plan de toutes sortes d'opérations d'uti-
lité et de bienfaisance qui prouvent un soin paternel, et annoncent enfin
un gouvernement. Les chaleurs étoient insupportables; le vent d'ouest
nous oppressoit, nous causoit des saignements de nez, nous donnoit des
ébullkions douloureuses qui couvroient alternativement toutes les parties du
corps, séchoient et durcissoient la peau, et rendoient la transpiration difficile^
les rayons du soleil, principale ou plutôt unique cause de tous ces maux,
faisoient éprouver dans tous les pores des piquures à-peu-près semblables à
celles que produit la petite vérole, et qui devenoient insupportables lorsque,
pour se coucher, il falloit appuyer sur tous ces points douloureux. J'étois
aussi tourmenté que les autres : mais je regrettois les tombeaux des rois à
Thebes ; je bravai encore l'inflammation- que je redoutois, et je me mis en
route avec le détachement.
Le 23 Juin, la chaleur étoit extrême ; le soleil, au solstice, allumoit
notre sang : deux soldats s'évanouirent en sortant de Kéné ; le lendemain,
15 autres furent hors d'état de suivre : je suis assuré que si nous n'eussions
pas déjà été un peu acclimatés aucun de nous n'eût pu résister. Il fallut
faire des journées plus courtes, et marcher le matin. Cependant la cam-
pagne étoit ravivée ; toute la population, présidée par les cheikhs, étoit
occupée à nettoyer les canaux, à en ouvrir les embouchures aux approches
du Nil. La confiance avoit ramené les troupeaux des gorges du désert, et
les campagnes, désertes quatre mois auparavant, se trouvoient couvertes
alors d'animaux qui paissoient tranquillement.
Nou~
306
l'eau commença à se renouveler, et, sans devenir trouble, elle cessa d'être
verte.
Il fut question de faire une tournée pour reconnoître les canaux, les
améliorations à faire, pour arrêter le plan de toutes sortes d'opérations d'uti-
lité et de bienfaisance qui prouvent un soin paternel, et annoncent enfin
un gouvernement. Les chaleurs étoient insupportables; le vent d'ouest
nous oppressoit, nous causoit des saignements de nez, nous donnoit des
ébullkions douloureuses qui couvroient alternativement toutes les parties du
corps, séchoient et durcissoient la peau, et rendoient la transpiration difficile^
les rayons du soleil, principale ou plutôt unique cause de tous ces maux,
faisoient éprouver dans tous les pores des piquures à-peu-près semblables à
celles que produit la petite vérole, et qui devenoient insupportables lorsque,
pour se coucher, il falloit appuyer sur tous ces points douloureux. J'étois
aussi tourmenté que les autres : mais je regrettois les tombeaux des rois à
Thebes ; je bravai encore l'inflammation- que je redoutois, et je me mis en
route avec le détachement.
Le 23 Juin, la chaleur étoit extrême ; le soleil, au solstice, allumoit
notre sang : deux soldats s'évanouirent en sortant de Kéné ; le lendemain,
15 autres furent hors d'état de suivre : je suis assuré que si nous n'eussions
pas déjà été un peu acclimatés aucun de nous n'eût pu résister. Il fallut
faire des journées plus courtes, et marcher le matin. Cependant la cam-
pagne étoit ravivée ; toute la population, présidée par les cheikhs, étoit
occupée à nettoyer les canaux, à en ouvrir les embouchures aux approches
du Nil. La confiance avoit ramené les troupeaux des gorges du désert, et
les campagnes, désertes quatre mois auparavant, se trouvoient couvertes
alors d'animaux qui paissoient tranquillement.
Nou~