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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0336

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des canaux et l'établissement de l'organisation des travaux de la campagne;
par conséquent nous étions obligés de voyager aux heures les plus
brûlantes du jour pour y trouver les travailleurs. Plusieurs des nôtres
moururent de chaud dans cette traversée : rien n'est affreux comme cette
mort ; on est surpris tout-à-coup d'un mal de cœur, et aucuns secours
ne peuvent prévenir des défaillances qui se succèdent, et dans lesquelles
expirent les malheureux qui en sont atteints : des chevaux même éprou-
vèrent le même sort.

Nous vîmes avec quelque satisfaction que l'espoir de jouir des fruits de
ses travaux avoit fait anticiper sur nos volontés : les champs étoient couverts
de cultivateurs occupés à défricher les canaux, déjà plus qu'à demi creusés;
et les paysans ne se détournaient de leurs occupations que pour apporter de
l'eau et des pastèques à nos soldats, dont la contenance pacifique ne les
effrayoit plus. Une autre circonstance consolante pour le pays et pour nous*
c'est que les villages avoient arrêté entre eux que le rachat du sang étoit aboli,
et la punition des nouveaux crimes renvoyée à notre équité. Le rachat du
sang est un de ces fléaux, fils du préjugé et de la barbarie, qui élevoient des
barrières entre chaque pays, et en interceptoient la communication : si une
querelle particulière, un accident, avoit causé la mort de quelqu'un, le
défaut de justice, la vengeance, un honneur mal entendu, accumuloient
représailles sur représailles, et dès-lors une guerre éternelle. On ne marchoit
plus qu'en nombre et armés ; les visites d'affaires étoient des expéditions ;
les chemins cessoient d'être pratiqués ; on n'y rencontroit plus que les
piétons de la classe la plus abjecte, ce qui ne pouvoit qu'ajouter au peu
de sûreté des routes. L'oubli des erreurs passées fut donc la première in-
fluence heureuse de la justice de notre gouvernement. Un autre bonheur
pour les habitants aisés fut de pouvoir impunément se parer de leurs
richesses, venir chez nous tous les jours mieux vêtus, manger ensemble

sans
 
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