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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 101
DOI article:
L' art moderne, [1]: le salon des artistes décorateurs au Musée des Arts Décoratifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0010

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circonstances, mais nous demanderons à ceux
qui critiquaient aussi facilement si tous les
débuts n'ont pas eu à souffrir des tâtonne-
ments et des hésitations de leurs créateurs.

Il est facile de trouver que les styles
anciens sont parfaits, puisque des siècles ont
passé qui ont permis d'apporter toute la per-
fection des détails, qui ont donné aux maîtres
se succédant depuis des lustres, le temps de
développer leur talent personnel pour trou-
ver les points faibles de l'ornementation et y
remédier.

Et puis, une autre raison qui favorisait la
critique, c'est que l'art moderne était... l'art
moderne.

L'humanité est ainsi faite que tout ce qui
est conception nouvelle commence d'abord
par choquer, tout ce qui sort de l'éternel déjà
vu, tout ce qui n'est pas catalogué dans
l'esprit du public avec une estampille qui en
consacre officiellement la valeur, tout ce qui
sort de l'ordinaire imagination sur lequel la
netteté et la fixité de l'opinion sont aussi
ancrées en matière artistique que dans les
autres ordres d'idées, tout ce qui est différent
de ce que l'on voit tous les jours, tout cela
blesse les esprits superficiels à qui l'on a
appris que l'art devait être grec, romain ou
renaissance.

Emettre la prétention de donner à notre
époque un style qui lui soit particulier devait
forcément froisser les sentiments artistiques
des puissants « manitous » de nos écoles,
vouloir créer quelque chose qui sorte des
étroites limites que leur peu féconde imagina-
tion s'était tracée était une audace qui devait
forcément prêter à la dure critique des
« maîtres » et cette critique était d'autant
pius justifiée qu'à côté de choses vraiment
belles on vit surgir quelques horreurs qui
leur donnaient raison.

Aujourd'hui, l'art moderne est arrivé à for-
mer un style vraiment particulier et tout à
fait remarquable.

Semblable au torrent né dans les sources
lointaines et imprécises des glaciers et qui,
après s'être creusé par la force et la violence
un lit définitif, est devenu enfin la rivière"
calme et tranquille, qui féconde la vallée

créée par lui, de même l'art moderne, après
avoir quelque temps cherché sa voie,s'est peu
à peu limité dans des conceptions heureuses
et précises que des esprits Jvraiment artistes
ont su lui assigner.

Conduisant les efforts de chacun, cherchant
à former un ensemble des tentatives les plus
diverses, les plus variées, le style moderne
a trouvé la main à la fois délicate et sûre
qui devrait en faire l'art du xxe siècle, et,
peu à peu, les règles ont été posées, les
détails ont été trouvés, la beauté des lignes
et des ensembles s'affermit dans des harmo-
nies qui constituent un style bien moderne,
répondant aux besoins de la vie présente.

D'autres considérations ont été la cause de
la lenteur qu'a mis l'art moderne à se déve-
lopper, et s'il s'est vu parfois dénigrer par
les petits esprits, dont l'incapacité égalait la
fureur, il faut convenir, en outre, que les
artisans et les industriels qui pouvaient et qui
auraient dû aider à son développement ont
apporté dans leur collaboration de telles
réticences que son essor devait se trouver
arrêté par cette mauvaise volonté flagrante.

Parcourons un peu les souvenirs laissés
par l'Exposition des Artistes Décorateurs, et
nous serons surpris des qualités vraiment
artistiques des meubles et autres objets
exposés par Louis Bigaux, des objets de
quincaillerie et d'orfèvrerie d'EuGÈNE Bour-
guin, des tapis et porcelaines de Maurice
Dufrène, de l'ameublement de Gallerey,
des cuirs lamés de Mlle Germain, des jolis
meubles de Louis Majorelle, de Gaillard,
des tapisseries décoratives, d'un art si origi-
nal, de Mme Ory Robin, des bronzes et bijoux
de M. et Mme Selmersheim, lui architecte ré-
puté par son bon goût et son talent. Un autre
architecte, M. Théodore Lambert, dont les
patientes recherches méritent d'être signa-
lées, expose un ensemble d'une bibliothèque
d'une conception très originale et ingénieuse.

Mais où nous constatons un véritable
effort, qui mérite spécialement de retenir
l'attention, c'est dans le stand d'hector Gui-
mard, l'architecte bien connu et l'auteur du
Caskl Bèranger et des gares du Métropolitain.

Nous nous trouvons là en présence d'une
 
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