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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 104
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En Belgique, [2]: la lutte des pierres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0036

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Eu J3elgique—

Les polémiques recommencent plus âpres
que jamais en Belgique au sujet de l'emploi
des pierres françaises pour les grandes cons-
tructions actuellement en cours. Nous avons
exposé la question assez longuement l'an
dernier pour ne plus devoir reproduire nos
arguments. Nous avons donné notre opinion
et, comme nous ne désirons ni créer des dis-
ciples ni convaincre les foules, nous ne reve-
nons sur la question que pour tenir nos
lecteurs au courant des péripéties nouvelles
de la lutte, d'autant plus qu'elle pourrait
avoir pour conséquence prochaine l'élévation
des droits d'entrée en France dont on pré-
pare l'étude en ce moment.

Mais nous venons de lire dans la Chronique
des Travaux publics, de Bruxelles, qui est
l'organe du syndicat des pierres belges, un
article qui nous a beaucoup intéressés. Cet
article, après avoir reproduit les vieux argu-
ments et les vieilles menaces, cite un rapport
très intéressant du secrétaire de l'Association
des architectes français, à propos de la visite
que cette société fit en Belgique en 1807, à
l'occasion du Congrès international d'archi-
tecture, tenu cette année-là à Bruxelles.

Les arguments commerciaux du syndicat
des pierres bleues sont peu intéressants, ils
découlent d'intérêts égoïstes ; mais il en est
autrement des arguments tirés de l'effet artis-
tique comparatif des diverses pierres. Le
syndicat des pierres bleues et les bénéfices
personnels que ses membres auront pu réali-
ser, en faisant triompher leurs idées « patrio-
tiques », seront oubliés depuis longtemps, que
le Mont des Arts et les autres grands monu-
ments en cours seront encore debout, qu'ils
contribueront à orner le pays et à inspirer
peu ou prou les sentiments artistiques du
peuple.

Nous avons donné notre opinion person-
nelle à cet égard. Elle était d'accord avec
l'opinion de très grands architectes. Mais
l'impartialité nous engage à publier ici les
extraits que la Chronique des Travaux publics

Isa lutte des pierres

fait du rapport du secrétaire de la Société des
architectes français, et nous le faisons d'au-
tant plus volontiers que la question est posée
ainsi sur le terrain naturel d'où elle n'aurait
pas dû sortir; les membres du syndicat des
pierres bleues ont trop d'intérêts financiers
personnels dans la question pour que l'on
donne de la valeur à leurs arguments.

Nous serons heureux, par contre, d'enre-
gistrer toutes les observations qui nous seront
adressées au sujet de l'effet artistique des
pierres, et le meilleur gage de notre impar-
tialité est dans le fait que nous ouvrons
la discussion en publiant une opinion toute
différente de celle que nous avons exprimée
nous-mêmes l'an dernier.

« La nature de cette pierre et son aspect
comptent pour beaucoup dans la tournure
intéressante des constructions de Bruxelles.
Permettez-moi d'étendre ma pensée : Je suis
convaincu que la dureté sérieuse de la matière
essentielle dont sont faits les décors exté-
rieurs des monuments influe sur la qualité de
l'art pratiqué par leurs auteurs.

» C'est d'abord le profilage des moulures
qui tient de cette dureté un caractère parti-
culier d'une valeur appréciable. En Italie, la
pierre, que ce soit du Travertin à Rome, du
granit rose à Milan ou, à Florence, une sorte
de roche d'un gris très soutenu, ou que ce soit
à Gênes, à Venise, un peu partout, du marbre
blanc de Carrare, permet d'introduire dans
les moulurations des recherches de galbe
d'un sentiment très délié, partant, une perfec-
tion de formes susceptible de produire des
effets d'une véritable préciosité.

» Nous avons essayé, à diverses époques,
en France, de réaliser des splendeurs déco-
ratives dans la façon classique italienne.
Beaucoup de maîtres français, d'un talent
remarquable, l'on fait avec souvent plus d'in-
géniosité que les artistes du pays originaire
du style, tels par exemple Ducerceau, Flori-
bert Delorme et d'autres. Mais en employant
notre pierre tendre, ces architectes devaient
 
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