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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 111
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La sculpture française en 1908
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0089

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Journal m* Marbrerie

et bc l'Art décoratif

\V(p Supplément au n° 111 du 5 juin 1908 de la Revue Générale de la Construction

lia sculpture française en 1908

Avant de présenter à vos lecteurs les
œuvres qui, cette année, ont cherché, nom-
breuses, un asile au Grand Palais ; avant de
faire passer sous leurs yeux les reproduc-
tions des tentatives artistiques des uns, des
productions fécondes ou colossales des
autres ou des beautés de quelques-uns, j'ai
pensé vous donner une impression d'ensemble
sur ce que m'a paru être le Salon de sculp-
ture au point de vue très général de l'art
actuel (1).

J'apporterai, du reste, dans ces lignes le
scepticisme le plus complet, pa,rce que je
suis convaincu que les études sur les exposi-
tions d'art n'ont jamais servi à personne.
Les véritables amateurs ne suivant que leur
goût, les connaisseurs ont bien raison de ne
pas s'inquiéter de ce que pense le voisin.
Comme, d'autre part, les artistes ne lisent
jamais ce qu'on écrit (à moins qu'on ne
parle d'eux) sur l'art, et que les autres, la
masse, le gros du public, n'éprouvent aucun
intérêt et'sont souvent incapables de com-
prendre les idées ou de traduire les senti-
ments qu'il suggère, il paraît bien résulter,
comme je vous le disais précédemment, que
tout ce qui se dit ou s'écrit en matière artis-
tique est de_la plus complète inutilité.

(1) Je dis l'art actuel et non pas l'art moderne, qui appar-
tient à un tout autre ordre d'idées.

Malgré cela, et tout en étant convaincu
que ce que je pourrais dire sera comme la
parole de saint Jean-Baptiste : Vox claman-
lis in deserto, j'éprouve comme un violent
désir d'exprimer la mélancolie que je ressens
en constatant combien, chaque année, va
grandissant la tendance des sculpteurs mo-
dernes à négliger ce qui fait la beauté de
leur art.

Un maître a dit un jour : « Regardez la
nature, faites comme elle, et vous serez
sculpteur. » Mais il aurait dû ajouter, parce
que ce devait être le fond de sa pensée, qu'il
fallait non seulement regarder la nature,
mais la comprendre, cette nature qu'il enga-
geait si justement à contempler ; et, l'ayant
comprise, on aurait pu voir les beautés
qu'elle renferme et qui sont justement la base
des chefs-d'œuvre de tous ceux qui ont su
les y trouver.

Les formes mêmes des choses de la nature
constituent un ensemble et une complexion
si parfaits, que si l'artiste néglige le plus
petit détail, s'il ne va pas fouiller jusqu'au
fond des lignes les plus cachées, il ne pro-
duira qu'une masse informe pouvant avoir
la prétention d'être un objet d'art, mais
n'étant en réalité qu'un amas de pierre ou de
métal que, s'il a vraiment l'amour inné de
son art, il ne laissera jamais sortir de son
atelier.
 
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