18
s'étaient-ils éteints sur la tombe des deux
maîtres, que voici la nécrologie obligée d'en-
registrer un nouveau décès en la personne
A peine les échos des derniers adieux
d'un homme qui à la profession d'architecte
joignait les qualités d'un homme de cœur et
d'un homme intègre.
Fernoux, Henri-Adolphe-Augustin, s'est
éteint le 29 décembre dernier, au moment où
il venait d'abandonner la présidence de la
Société Nationale des Architectes de France, dont
les membres, voulant s'assurer le concours
de son dévouement et de ses lumières, avaient
tenu à le conserver à leur tète en créant pour
lui le poste de président d'honneur.
Né en 1842, Henri Fernoux exerçait sa
profession depuis quarante-quatre ans, et s'il
n'a pas laissé de ces traces qui classent un
maître dans les rangs de l'immortalité, il a
laissé de ces souvenirs vivants qui sont
témoins de son talent et de ses profondes con-
naissances pratiques dans plus de trois cents
maisons qui ont été construites sur ses plans.
Transformant des quartiers entiers à Paris,
il a su réunir tout le confortable qu'exige
l'habitat moderne; même dans les bâtiments
ordinaires, il a su apporter à la distribution
des immeubles des conceptions qui pourront
longtemps servir de modèles à ses disciples.
En 1869, Henri Fernoux collabore avec
Lehmann dans la construction du théâtre de
Belleville; plus tard, il restaure le théâtre
de l'Ambigu et, enfin, plus récemment, il
édifie la grande salle des fêtes du Grand
Cercle du boulevard Montmartre.
Bien que n'ayant pas accompli de ces
grands travaux qui font époque dans les
annales de l'architecture, il a cependant
laissé une œuvre considérable, soit à Paris,
soit en province, et, notamment, sur la Côte
d'Azur, qu'il a su embellir de constructions
harmonieuses, gaies, claires et commodes.
Mais Henri Fernoux devait attacher son
nom à une œuvre plus grandiose encore : son
imagination et son grand désir d'être utile à
tous l'ont fait; suivre toujours — et diriger
souvent — des discussions ardues sur les
graves questions qui agitent parfois le monde
du bâtiment, et si, parfois, l'ardeur de ses con-
tradicteurs l'a empêché de solutionner quel-
ques-unes de ces questions, il en est d'autres
que sa ténacité, sa puissance de raisonne-
ment, la courtoisie sous laquelle il cachait la
force de ses convictions ont pu faire aboutir
pour le plus grand bien de la profession.
Parmi celles qui sont d'ordre général, nous
citerons la revision du Code civil où les
lumières d'un architecte compétent sont si
utiles, puisque c'est dans ce code que sont
réunis les lois et règlements qui régissent la
propriété. Nous signalerons aussi sa partici-
pation à la réforme des droits d'octroi et à ce
sujet pensons-nous pouvoir dire, avec raison,
que si Henri Fernoux avait vécu, il aurait
aidé à la disparition totale de ce régime inqui-
sitorial.
Pour la profession, nous devons louer ses
efforts en vue d'amener la fédération des
sociétés d'architectes, pensant peut-être
comme nous que s'il peut y avoir plusieurs
écoles, si l'on peut admettre qu'il y a diffé-
rentes façons de construire et d'orner une
maison, les intérêts généraux des architectes
sont les mêmes et qu'il peut paraître étrange
que les A. 1J. G. pensent d'une façon diffé-
rente des S. C, des S. N. ou des U. S.
Choisi comme expert près le tribunal civil
de la Seine, Henri Fernoux était chevalier de
la Légion d'honneur depuis 1905, et, à côté de
ce titre honorifique si justifié, il en avait réuni
s'étaient-ils éteints sur la tombe des deux
maîtres, que voici la nécrologie obligée d'en-
registrer un nouveau décès en la personne
A peine les échos des derniers adieux
d'un homme qui à la profession d'architecte
joignait les qualités d'un homme de cœur et
d'un homme intègre.
Fernoux, Henri-Adolphe-Augustin, s'est
éteint le 29 décembre dernier, au moment où
il venait d'abandonner la présidence de la
Société Nationale des Architectes de France, dont
les membres, voulant s'assurer le concours
de son dévouement et de ses lumières, avaient
tenu à le conserver à leur tète en créant pour
lui le poste de président d'honneur.
Né en 1842, Henri Fernoux exerçait sa
profession depuis quarante-quatre ans, et s'il
n'a pas laissé de ces traces qui classent un
maître dans les rangs de l'immortalité, il a
laissé de ces souvenirs vivants qui sont
témoins de son talent et de ses profondes con-
naissances pratiques dans plus de trois cents
maisons qui ont été construites sur ses plans.
Transformant des quartiers entiers à Paris,
il a su réunir tout le confortable qu'exige
l'habitat moderne; même dans les bâtiments
ordinaires, il a su apporter à la distribution
des immeubles des conceptions qui pourront
longtemps servir de modèles à ses disciples.
En 1869, Henri Fernoux collabore avec
Lehmann dans la construction du théâtre de
Belleville; plus tard, il restaure le théâtre
de l'Ambigu et, enfin, plus récemment, il
édifie la grande salle des fêtes du Grand
Cercle du boulevard Montmartre.
Bien que n'ayant pas accompli de ces
grands travaux qui font époque dans les
annales de l'architecture, il a cependant
laissé une œuvre considérable, soit à Paris,
soit en province, et, notamment, sur la Côte
d'Azur, qu'il a su embellir de constructions
harmonieuses, gaies, claires et commodes.
Mais Henri Fernoux devait attacher son
nom à une œuvre plus grandiose encore : son
imagination et son grand désir d'être utile à
tous l'ont fait; suivre toujours — et diriger
souvent — des discussions ardues sur les
graves questions qui agitent parfois le monde
du bâtiment, et si, parfois, l'ardeur de ses con-
tradicteurs l'a empêché de solutionner quel-
ques-unes de ces questions, il en est d'autres
que sa ténacité, sa puissance de raisonne-
ment, la courtoisie sous laquelle il cachait la
force de ses convictions ont pu faire aboutir
pour le plus grand bien de la profession.
Parmi celles qui sont d'ordre général, nous
citerons la revision du Code civil où les
lumières d'un architecte compétent sont si
utiles, puisque c'est dans ce code que sont
réunis les lois et règlements qui régissent la
propriété. Nous signalerons aussi sa partici-
pation à la réforme des droits d'octroi et à ce
sujet pensons-nous pouvoir dire, avec raison,
que si Henri Fernoux avait vécu, il aurait
aidé à la disparition totale de ce régime inqui-
sitorial.
Pour la profession, nous devons louer ses
efforts en vue d'amener la fédération des
sociétés d'architectes, pensant peut-être
comme nous que s'il peut y avoir plusieurs
écoles, si l'on peut admettre qu'il y a diffé-
rentes façons de construire et d'orner une
maison, les intérêts généraux des architectes
sont les mêmes et qu'il peut paraître étrange
que les A. 1J. G. pensent d'une façon diffé-
rente des S. C, des S. N. ou des U. S.
Choisi comme expert près le tribunal civil
de la Seine, Henri Fernoux était chevalier de
la Légion d'honneur depuis 1905, et, à côté de
ce titre honorifique si justifié, il en avait réuni