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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 103
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L' art moderne, [2]: le salon des artistes décorateurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0028

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20

moderne » signifie meubles nouveaux, sièges
particuliers, buffets ou étagères aux contours
imprévus.

C'est du reste cette tendance à chercher
les modifications à apporter au style anté-
rieur qui a fait dire à des hommes très
sérieux que le style nouveau n'avait rien
d'architectural, et ils ajoutaient même que si
l'on devait appliquer les théories des nova-
teurs au bâtiment proprement dit, la ville où
ce style se répandrait à profusion serait
bientôt construite de maisons tordues et
baroques qui enlèveraient toute harmonie et
toute espèce de caractère.

Les arguments que nous pourrons trouver
pour répondre à ces affirmations inexactes ne
manquent pas, mais comme ce n'est pas le
but poursuivi aujourd'hui par cette notice,
nous terminerons d'abord la tache que nous
nous sommes imposée et qui est tout simple-
ment de poursuivre notre compte rendu du
Salon des artistes décorateurs.

Nous disions dans notre précédent article
qu'une des causes principales de l'insuccès
était la force d'inertie qu'opposaient les
industriels à aider au développement de tout
ce qui sort du catalogue imprimé par eux
depuis plusieurs générations.

Si, en effet, nous prenons comme premier
exemple la fonte de bâtiment et que nous fas-
sions une longue promenade dans les quartiers
où les immeubles cherchent à développer des
tendances artistiques ; si, en flâneur savant,
nous passons en revue les balcons qui ornent
les façades, nous y trouvons une désespérante
répétition de lourdes rosaces sans aucun
caractère, de blocs de métal qui ont la pré-
tention de représenter des feuillages ou des
fleurs, d'éternels ronds inscrits dans des
carrés, à moins que, pour varier, on n'ait
inscrit les carrés dans les ronds.

Cette monotonie, qui choque l'esprit le
moins porté vers l'art, est une preuve incon-
testable du peu d'empressement que mettent
les fondeurs à sortir des antiques produc-
tions de leurs ancêtres, et comme cette raison
serait très mauvaise à donner dans un siècle
où tout a la prétention de se transformer, ils
en donnent une autre avec laquelle ils

arrêtent instantanément les récriminations
des modernistes.

Ils disent que pour créer dans leur indus-
trie un style moderne, il va leur falloir
établir des moules de fonderie qui coûtent
cher, et lorsqu'ils se seront imposé ces
lourds sacrifices, ils risquent de conserver
en magasin le stock de leurs nouveautés.

A cet argument, qui paraît décisif, nous
pouvons répondre par l'exemple de l'artiste
qui crée une figure et qui pendant des années
attend que le bon public ait su en apprécier
la valeur. Mettant en parallèle ces deux
créateurs, l'un d'une œuvre artistique, l'autre
d'un produit industriel, nous voyons que
l'avantage est tout en faveur de ce dernier,
parce qu'il a tous les moyens d'attendre le
succès en vendant des articles courants que
l'artiste n'a pas à sa disposition.

Des tentatives ont été faites pour donner à
la fonte un aspect plus léger et plus gracieux,
mais alors on est tombé dans l'imitation
plus ou moins approchée du fer forgé, et si
chaque pièce pouvait offrir un dessin artis-
tique, on sentait que l'ensemble de la compo-
sition était inconséquent, qu'elle ne s'appro-
priait pas au sujet décoratif cherché.

Pour créer clans la fonte de bâtiment des
modèles répondant bien aux exigences de
l'art moderne, il fallait nécessairement que
l'industriel fût lui-même convaincu de la
beauté des pièces qu'il allait établir ; il était
nécessaire qu'il apportât une profonde sincé-
rité dans l'élaboration artistique de ses
modèles.

Ayant acquis cette conviction que l'art
moderne répondait à un besoin de l'époque,
il fallait qu'il joignît ses connaissances tech-
niques aux connaissances artistiques du
créateur afin de faire une adaptation ration-
nelle de la matière et éviter des reproduc-
tions impossibles de certaines oeuvres dont le
dessin peut être irréprochable, mais la fabri-
cation difficile.

Si le modèle est conçu intelligemment, si
les deux parties intéressées, l'artiste et l'in-
dustriel, se sont mises d'accord pour chercher
à prévenir la dépouille de l'objet fabriqué, si
le fabricant a su se donner la peine d'étudier
 
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