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Or, s'il est vrai qu'il y ait tendance à élever
un peu plus tous les jours les hauteurs
d'appartement, ceux de 2»"50 ne sont pas
rares, sans être pour cela plus spécialement
destinés à des poupées ou aux hôtes de
Gulliver.
M. Lambert a donc, par ces conceptions
nouvelles, résolu un problème que les fabri-
cants de meubles ont mis des siècles à cher-
cher, sans jamais en trouver la solution :
établir des objets qui puissent tenir dans les
locaux qui doivent les recevoir.
Voici donc, au point de vue pratique, un
des avantages de l'art moderne ; il y en a
d'autres, que nous examinerons plus tard.
Au point de vue artistique, on reproche à
l'art moderne les horreurs que des indus-
triels, plus spécialisés dans la fabrication bon
marché, ont lancées sur le marché, en repro-
duisant à des centaines d'exemplaires les
copies malheureuses des œuvres de pla-
giaires sans vergogne.
Mais quand on est en face de certaines
créations originales, les reproches doivent
cesser de la même façon que si l'on compare
un buffet Louis XV pris sur la « trôle » avec
un meuble sortant de chez un maître de
l'ameublement.
On dit que les filets dorés, les têtes de
clous en cuivre, les incrustations en point de
nacre des meubles de M. Lambert ont un
aspect criard. Mais il nous semble que l'élé-
gance et la sobriété des formes, que l'artiste
a apportées dans son travail, peuvent sup-
porter la comparaison avec les lourdes
appliques du style Empire et peut-être que
ceux qui regarderont ces œuvres d'un œil
impartial voudront admettre que ces meu-
bles ont une distinction et une élégance que
n'avaient pas toujours ceux du début du
xixe siècle.
Nous suivrons dans un autre article les
efforts des autres exposants et nous verrons
si les anathèmes lancés contre l'art moderne
se justifient toujours.
Et vous, Madame, qui aimez à enrichir
votre maison de mille petits bibelots enfantés
par le génial cerveau de nos petits industriels,
quelle vitrine à la fois plus gracieuse et plus
commode que celle que nous vous donnons
ici pourra mieux faire ressortir la valeur des
objets qu'elle renferme? Vous devez éprouver
une joie infinie à remplir ces cases minus-
cules des petits « riens » qui forment par
leur ensemble le « tout » si adorable de votre
salon.
En créant cette partie d'un salon pour vous,
H. Guimard a voulu que vous ayez facilement
à votre disposition le roman que vous lisez,
la musique avec laquelle vous charmez vos
loisirs ; il a voulu que la statuette que vous
aimez, le vase où vous mettez vos fleurs
trouvent une place toute indiquée.
Si, avec des meubles semblables, vous for-
mez un ensemble savamment étudié, nous
n'avons plus besoin de ces dorures éclatantes,
de ces tentures criardes qui cherchent à rem-
placer les autres beautés absentes; avec eux
on n'est pas écrasé par ces intérieurs où l'habi-
tant semble avoir voulu écraser le visiteur et
où il a mis de l'or parce qu'il n'avait pas osé
y mettre des billets de banque.
Là, plus de faste inutile, le repos le plus
absolu, la douceur des teintes s'alliant au
modèle du dessin. On sent l'âme s'envoler
dans les sphères du bonheur et de la félicité
vraie sans être pour cela monté sur le char
étincelant de la fortune, laquelle, si on lui
enlevait tout d'un coup le bandeau qui lui
couvre les yeux, serait bien malheureuse de
voir l'usage qu'on fait trop souvent des tré-
sors qu'elle envoie.
Jusqu'ici, nous n'avons parlé que de ma-
tières relativement faciles à travailler.
La fonte de fer ou de cuivre demande
l'établissement de moules appropriés, dans
lesquels le métal adoptera, avec la docilité
de la matière inerte, toutes les formes que
l'on voudra bien lui faire épouser; le bois se
travaille avec une aisance relative. Dans un
ameublement, c'est sur lui qu'on réglera le
restant de la décoration en assortissant les
peintures, les teintures et les tapisseries à sa
teinte particulière.
Mais il y a d'autres matières, comme la
pierre et le marbre, qui exigent la main de
l'ouvrier pour se transformer en chefs-
Or, s'il est vrai qu'il y ait tendance à élever
un peu plus tous les jours les hauteurs
d'appartement, ceux de 2»"50 ne sont pas
rares, sans être pour cela plus spécialement
destinés à des poupées ou aux hôtes de
Gulliver.
M. Lambert a donc, par ces conceptions
nouvelles, résolu un problème que les fabri-
cants de meubles ont mis des siècles à cher-
cher, sans jamais en trouver la solution :
établir des objets qui puissent tenir dans les
locaux qui doivent les recevoir.
Voici donc, au point de vue pratique, un
des avantages de l'art moderne ; il y en a
d'autres, que nous examinerons plus tard.
Au point de vue artistique, on reproche à
l'art moderne les horreurs que des indus-
triels, plus spécialisés dans la fabrication bon
marché, ont lancées sur le marché, en repro-
duisant à des centaines d'exemplaires les
copies malheureuses des œuvres de pla-
giaires sans vergogne.
Mais quand on est en face de certaines
créations originales, les reproches doivent
cesser de la même façon que si l'on compare
un buffet Louis XV pris sur la « trôle » avec
un meuble sortant de chez un maître de
l'ameublement.
On dit que les filets dorés, les têtes de
clous en cuivre, les incrustations en point de
nacre des meubles de M. Lambert ont un
aspect criard. Mais il nous semble que l'élé-
gance et la sobriété des formes, que l'artiste
a apportées dans son travail, peuvent sup-
porter la comparaison avec les lourdes
appliques du style Empire et peut-être que
ceux qui regarderont ces œuvres d'un œil
impartial voudront admettre que ces meu-
bles ont une distinction et une élégance que
n'avaient pas toujours ceux du début du
xixe siècle.
Nous suivrons dans un autre article les
efforts des autres exposants et nous verrons
si les anathèmes lancés contre l'art moderne
se justifient toujours.
Et vous, Madame, qui aimez à enrichir
votre maison de mille petits bibelots enfantés
par le génial cerveau de nos petits industriels,
quelle vitrine à la fois plus gracieuse et plus
commode que celle que nous vous donnons
ici pourra mieux faire ressortir la valeur des
objets qu'elle renferme? Vous devez éprouver
une joie infinie à remplir ces cases minus-
cules des petits « riens » qui forment par
leur ensemble le « tout » si adorable de votre
salon.
En créant cette partie d'un salon pour vous,
H. Guimard a voulu que vous ayez facilement
à votre disposition le roman que vous lisez,
la musique avec laquelle vous charmez vos
loisirs ; il a voulu que la statuette que vous
aimez, le vase où vous mettez vos fleurs
trouvent une place toute indiquée.
Si, avec des meubles semblables, vous for-
mez un ensemble savamment étudié, nous
n'avons plus besoin de ces dorures éclatantes,
de ces tentures criardes qui cherchent à rem-
placer les autres beautés absentes; avec eux
on n'est pas écrasé par ces intérieurs où l'habi-
tant semble avoir voulu écraser le visiteur et
où il a mis de l'or parce qu'il n'avait pas osé
y mettre des billets de banque.
Là, plus de faste inutile, le repos le plus
absolu, la douceur des teintes s'alliant au
modèle du dessin. On sent l'âme s'envoler
dans les sphères du bonheur et de la félicité
vraie sans être pour cela monté sur le char
étincelant de la fortune, laquelle, si on lui
enlevait tout d'un coup le bandeau qui lui
couvre les yeux, serait bien malheureuse de
voir l'usage qu'on fait trop souvent des tré-
sors qu'elle envoie.
Jusqu'ici, nous n'avons parlé que de ma-
tières relativement faciles à travailler.
La fonte de fer ou de cuivre demande
l'établissement de moules appropriés, dans
lesquels le métal adoptera, avec la docilité
de la matière inerte, toutes les formes que
l'on voudra bien lui faire épouser; le bois se
travaille avec une aisance relative. Dans un
ameublement, c'est sur lui qu'on réglera le
restant de la décoration en assortissant les
peintures, les teintures et les tapisseries à sa
teinte particulière.
Mais il y a d'autres matières, comme la
pierre et le marbre, qui exigent la main de
l'ouvrier pour se transformer en chefs-